L'annonce était attendue, mais fait tout de même l'effet d'un petit tremblement de terre : Nokia adopte le Windows Phone 7 de Microsoft comme OS pour ses smartphones. Symbian et MeeGo continuent leur chemin, mais seront désormais des OS spécialisés. Nokia entame sa révolution : quelles conséquences ?
Un partenariat nécessaire et logique
Stephen Elop a été extrêmement clair à ce sujet : la branche logicielle de Nokia a lentement sombré. Il serait aujourd'hui trop long de la restructurer et d'en sortir un produit convaincant, il fallait donc aller ailleurs, et cet ailleurs, c'est Microsoft.
« Nokia fait face à de nombreux défis. Le jeu a changé. » a déclaré le Canadien, faisant écho au mémo brutal d'honnêteté qu'il avait envoyé à ses troupes il y a quelques jours (lire : Le PDG de Nokia tire violemment la sonnette d'alarme). « Nous sommes passés d'une bataille d'appareils à une guerre d'écosystèmes » : Nokia a décidé de s'unir avec Microsoft pour « catalyser » l'écosystème Windows Phone 7.
Stephen Elop justifie ce « partenariat stratégique » en expliquant que Nokia sait se différencier sur le matériel, alors que Windows Phone 7 est quant à lui un OS différent. Microsoft apporte donc à Nokia un système d'exploitation moderne, prometteur, et qui est sur le marché, contrairement à MeeGo, alors que Nokia va permettre à Microsoft de passer à la vitesse supérieure en matière de volume de ventes. Bref, ce partenariat serait non seulement nécessaire, mais en plus logique.
Windows Phone 7 : l'OS principal de Nokia
Pour autant, Nokia ne se sépare ni de Symbian, ni de MeeGo : en tout cas pour le premier, elle n'a d'autre choix — Symbian est toujours le système d'exploitation mobile le plus utilisé dans le monde avec 37 % de parts de marché. Windows Phone 7 est cependant appelé à être le système principal de Nokia et à remplacer Symbian.
Symbian est extrêmement populaire en Asie continentale, en Afrique et en Amérique latine, mais il équipe des téléphones rapportant de moins en moins à Nokia, et est difficilement adaptable aux contraintes modernes (tactile, applications, etc.). Nokia le qualifie désormais de « franchise », comme un bon vieux super-héros qui a fait son temps, mais peut encore servir pour deux ou trois blockbusters (150 millions d'unités dans les prochaines années dans ce cas), mais il est amené à disparaître au fil du temps, remplacé par Windows Phone 7. Nokia ne donne pas de fenêtre précise, mais a déjà indiqué que 2011 et 2012 seraient des années de transitions : d'ici 2012 donc, Symbian pourrait avoir tiré sa révérence.
Reste le cas de MeeGo, l'autre OS de Nokia, fruit de la fusion de deux projets basés sur Linux, le Maemo finlandais et le Moblin d'Intel. Destiné aux smartphones, tablettes et netbooks, MeeGo est pour le moment un vaporware n'équipant aucun appareil sur le marché. Dans le cadre de sa restructuration, Nokia a remercié de nombreux cadres travaillant sur MeeGo et créé une nouvelle division : « ordinateurs MeeGo ». Alors que Windows Phone 7 n'est pas adapté aux tablettes, imaginer une tablette Nokia utilisant MeeGo n'est qu'à un pas, pas que nous osons franchir alors que l'équipe MeeGo va « se concentrer sur de futures plateformes, de futurs appareils, de futures expériences » pour sortir « un produit » en 2011.
Le pari de la différenciation
« Nous avons beaucoup réfléchi à Android », confie Stephen Elop, mais Nokia a rejeté cette option par peur de ne plus être qu'un fabricant parmi tant d'autres : « il aurait été difficile de se différencier dans cet écosystème ». « Le risque d'être noyé dans la masse aurait été trop grand » explique le PDG de Nokia qui goûte assez peu de s'en remettre à Google et de devoir réduire encore les prix et les bénéfices.
On pourrait arguer que le cahier des charges strict de Microsoft ne permet pas beaucoup d'originalité, mais ce que Nokia et Microsoft ont annoncé n'est pas un accord, mais un partenariat stratégique avec des implications très sérieuses. Les ingénieurs de Nokia et de Microsoft vont travailler main dans la main, au point même que les calendriers du logiciel à Redmond et du matériel à Espoo vont être alignés. Nokia va même être le seul fabricant à pouvoir personnaliser chaque aspect de Windows Phone 7, même si Stephen Elop a indiqué que la société ne ferait qu'un usage mineur de cette possibilité.
Bref, ce partenariat stratégique qui reste encore à être finalisé permet à Nokia de concentrer ses efforts sur le matériel, à Microsoft de se concentrer sur le logiciel, et à l'un comme l'autre de garder leur identité propre. Un pari intéressant si les deux partenaires mettent la théorie en pratique assez vite : certaines sources parlent d'un premier téléphone Nokia sous Windows Phone 7 sur la base d'un châssis existant avant la fin de l'année.
Une histoire de gros sous
Ce partenariat fait aussi partie d'un vaste plan de restructuration de Nokia visant à réduire certains postes de dépenses. Quelques-uns des plus de 130.000 employés de la firme d'Espoo risquent bien de perdre leur emploi, tandis que d'autres vont devoir quitter la Finlande, Elop prévoyant d'augmenter sensiblement la capacité des locaux de Nokia dans la Silicon Valley.
En s'alliant avec Microsoft, Nokia va déverser sa boutique Ovi dans le Windows Marketplace, va faire fusionner Nokia Maps avec Bing Maps, va adopter le Ad Center de Microsoft, et n'aura plus à maintenir d'outils de développements, puisqu'il n'est pas possible de développer pour Windows Phone 7 avec Qt. Bref, le budget qui était alloué à Symbian va fondre en faisant sa transition vers Windows Phone, puisque Nokia n'aura plus qu'à payer les frais de licence de Windows Phone 7. Le budget Services sera lui aussi réduit.
La courbe sera inversée pour la division matérielle : en se recentrant sur son cœur de métier, Nokia va fortement augmenter les budgets dédiés à la création de smartphones. L'imposant budget recherche et développement de la société devrait être réduit, ou plutôt « rationalisé » : les projets parfois délirants tant logiciels que matériels de Nokia ne devraient plus être denrée courante.
Bref, Stephen Elop a opéré un virage à 180° en faisant tomber certains tabous de Nokia, en abandonnant la sacro-sainte priorité au marché européen au profit d'une attaque du marché américain, en restructurant en profondeur des pans entiers de l'entreprise. Seul le temps nous dira si son pari périlleux sera couronné de succès…
Un partenariat nécessaire et logique
Stephen Elop a été extrêmement clair à ce sujet : la branche logicielle de Nokia a lentement sombré. Il serait aujourd'hui trop long de la restructurer et d'en sortir un produit convaincant, il fallait donc aller ailleurs, et cet ailleurs, c'est Microsoft.
« Nokia fait face à de nombreux défis. Le jeu a changé. » a déclaré le Canadien, faisant écho au mémo brutal d'honnêteté qu'il avait envoyé à ses troupes il y a quelques jours (lire : Le PDG de Nokia tire violemment la sonnette d'alarme). « Nous sommes passés d'une bataille d'appareils à une guerre d'écosystèmes » : Nokia a décidé de s'unir avec Microsoft pour « catalyser » l'écosystème Windows Phone 7.
Stephen Elop justifie ce « partenariat stratégique » en expliquant que Nokia sait se différencier sur le matériel, alors que Windows Phone 7 est quant à lui un OS différent. Microsoft apporte donc à Nokia un système d'exploitation moderne, prometteur, et qui est sur le marché, contrairement à MeeGo, alors que Nokia va permettre à Microsoft de passer à la vitesse supérieure en matière de volume de ventes. Bref, ce partenariat serait non seulement nécessaire, mais en plus logique.
Windows Phone 7 : l'OS principal de Nokia
Pour autant, Nokia ne se sépare ni de Symbian, ni de MeeGo : en tout cas pour le premier, elle n'a d'autre choix — Symbian est toujours le système d'exploitation mobile le plus utilisé dans le monde avec 37 % de parts de marché. Windows Phone 7 est cependant appelé à être le système principal de Nokia et à remplacer Symbian.
Symbian est extrêmement populaire en Asie continentale, en Afrique et en Amérique latine, mais il équipe des téléphones rapportant de moins en moins à Nokia, et est difficilement adaptable aux contraintes modernes (tactile, applications, etc.). Nokia le qualifie désormais de « franchise », comme un bon vieux super-héros qui a fait son temps, mais peut encore servir pour deux ou trois blockbusters (150 millions d'unités dans les prochaines années dans ce cas), mais il est amené à disparaître au fil du temps, remplacé par Windows Phone 7. Nokia ne donne pas de fenêtre précise, mais a déjà indiqué que 2011 et 2012 seraient des années de transitions : d'ici 2012 donc, Symbian pourrait avoir tiré sa révérence.
Reste le cas de MeeGo, l'autre OS de Nokia, fruit de la fusion de deux projets basés sur Linux, le Maemo finlandais et le Moblin d'Intel. Destiné aux smartphones, tablettes et netbooks, MeeGo est pour le moment un vaporware n'équipant aucun appareil sur le marché. Dans le cadre de sa restructuration, Nokia a remercié de nombreux cadres travaillant sur MeeGo et créé une nouvelle division : « ordinateurs MeeGo ». Alors que Windows Phone 7 n'est pas adapté aux tablettes, imaginer une tablette Nokia utilisant MeeGo n'est qu'à un pas, pas que nous osons franchir alors que l'équipe MeeGo va « se concentrer sur de futures plateformes, de futurs appareils, de futures expériences » pour sortir « un produit » en 2011.
Le pari de la différenciation
« Nous avons beaucoup réfléchi à Android », confie Stephen Elop, mais Nokia a rejeté cette option par peur de ne plus être qu'un fabricant parmi tant d'autres : « il aurait été difficile de se différencier dans cet écosystème ». « Le risque d'être noyé dans la masse aurait été trop grand » explique le PDG de Nokia qui goûte assez peu de s'en remettre à Google et de devoir réduire encore les prix et les bénéfices.
On pourrait arguer que le cahier des charges strict de Microsoft ne permet pas beaucoup d'originalité, mais ce que Nokia et Microsoft ont annoncé n'est pas un accord, mais un partenariat stratégique avec des implications très sérieuses. Les ingénieurs de Nokia et de Microsoft vont travailler main dans la main, au point même que les calendriers du logiciel à Redmond et du matériel à Espoo vont être alignés. Nokia va même être le seul fabricant à pouvoir personnaliser chaque aspect de Windows Phone 7, même si Stephen Elop a indiqué que la société ne ferait qu'un usage mineur de cette possibilité.
Bref, ce partenariat stratégique qui reste encore à être finalisé permet à Nokia de concentrer ses efforts sur le matériel, à Microsoft de se concentrer sur le logiciel, et à l'un comme l'autre de garder leur identité propre. Un pari intéressant si les deux partenaires mettent la théorie en pratique assez vite : certaines sources parlent d'un premier téléphone Nokia sous Windows Phone 7 sur la base d'un châssis existant avant la fin de l'année.
Une histoire de gros sous
Ce partenariat fait aussi partie d'un vaste plan de restructuration de Nokia visant à réduire certains postes de dépenses. Quelques-uns des plus de 130.000 employés de la firme d'Espoo risquent bien de perdre leur emploi, tandis que d'autres vont devoir quitter la Finlande, Elop prévoyant d'augmenter sensiblement la capacité des locaux de Nokia dans la Silicon Valley.
En s'alliant avec Microsoft, Nokia va déverser sa boutique Ovi dans le Windows Marketplace, va faire fusionner Nokia Maps avec Bing Maps, va adopter le Ad Center de Microsoft, et n'aura plus à maintenir d'outils de développements, puisqu'il n'est pas possible de développer pour Windows Phone 7 avec Qt. Bref, le budget qui était alloué à Symbian va fondre en faisant sa transition vers Windows Phone, puisque Nokia n'aura plus qu'à payer les frais de licence de Windows Phone 7. Le budget Services sera lui aussi réduit.
La courbe sera inversée pour la division matérielle : en se recentrant sur son cœur de métier, Nokia va fortement augmenter les budgets dédiés à la création de smartphones. L'imposant budget recherche et développement de la société devrait être réduit, ou plutôt « rationalisé » : les projets parfois délirants tant logiciels que matériels de Nokia ne devraient plus être denrée courante.
Bref, Stephen Elop a opéré un virage à 180° en faisant tomber certains tabous de Nokia, en abandonnant la sacro-sainte priorité au marché européen au profit d'une attaque du marché américain, en restructurant en profondeur des pans entiers de l'entreprise. Seul le temps nous dira si son pari périlleux sera couronné de succès…