Apple entend faire de l'iPad le manuel des temps modernes et propose pour cela une solution complète de création et de publication de manuels dédiés à la tablette. Côté création, iBooks Author [1.0.1 – Français – Gratuit – OS X 10.7 – 137 Mo – iTunes S.a.r.l.] est l'application proposée par Apple pour transformer un livre traditionnel en livre interactif.
Au début du mois, nous vous avons demandé votre avis sur iBooks Author. Avez-vous déjà utilisé l'application d'Apple ? Qu'en avez-vous pensé ? À quoi iBooks Author peut vous servir ? Quelles sont aussi ses limites éventuelles ?
Vous avez été une quarantaine à répondre à notre appel. À la clé, des utilisations très variées d'iBooks Author, mais des avis finalement assez proches et plutôt enthousiastes, malgré quelques critiques récurrentes. Vous pouvez retrouver l'ensemble des réponses sur nos forums : Appel à témoins : Allez-vous utiliser iBooks Author ?.
Les avis sont plutôt unanimes : iBooks Author est un outil unique en son genre. La facilité d'utilisation de cet outil rend son appropriation simple et rapide : comme nous l'indiquions dans notre aperçu du logiciel, il suffit de connaître Pages (15,99 €) ou Keynote (15,99 €) pour connaître les bases d'iBooks Author.
Simple d'accès, même si les fonctions les plus avancées nécessitent bien sûr un peu de travail pour être correctement utilisées, iBooks Author est aussi souple. Vos témoignages évoquent énormément d'usages différents : les manuels, scolaires ou non, ont été évidemment évoqués, mais on trouve aussi des catalogues de produits, des rapports, des maquettes interactives pour des applications en cours de développement ou même… des présentoirs dans un musée.
iBooks Author est conçu pour les manuels scolaires, et des professeurs ont déjà commencé à l'utiliser pour adapter leurs manuels. Dr Fatalis est professeur de SVT et il publie depuis plusieurs années déjà des manuels de SVT pour les collégiens et lycéens. Jusque-là, ces livres étaient composés dans Pages et publiés au format PDF : iBooks Author ouvre de nouvelles perspectives pour ce professeur :
Dr Fatalis prévoit ainsi de créer plusieurs ouvrages avec iBooks Author et c'est justement l'outil qui lui manquait pour les mener à bien. "Sans iBooks Author, ces projets n'auraient pu être réalisés sous la forme que je désire leur donner."
Les manuels ne sont pas la seule utilisation envisagée pour iBooks Author, c'est même leur faible présence dans les réponses qui peut surprendre. Dans la plupart des cas, le logiciel d'Apple va servir à d'autres usages : on évoque des rapports pour le monde de l'entreprise, des magazines, un guide pédagogique ou des brochures d'informations, des livres de photos, des catalogues de produits ou même des maquettes interactives pour applications iOS.
Kanti99 a déjà pris en main le logiciel pour publier sa thèse sur l'iBookstore. Après un "processus de validation […] très rapide (une journée)", l'ouvrage est disponible gratuitement dans la boutique d'Apple. De son côté, l'employeur de gibet_b propose également un magazine créé pour l'occasion : Incipit #1 rassemble ainsi des écrits de plusieurs auteurs qui publient chez l'éditeur Numeriklivres. La première expérience a été concluante : "on envisage de sortir un numéro 2, avec cette fois-ci plus de contenu inédit. Et l'idée est bien sûr de poursuivre par un numéro 3, puis un numéro 4".
D'autres usages sont plus surprenants encore. Thity travaille dans un musée et il va utiliser iBooks Author pour transformer des iPad en présentoirs. Les livres contiendront des informations sous la forme de texte, mais aussi des vidéos et des animations réalisées avec Keynote :
Une utilisation audacieuse de la solution Apple, mais qui n'en est encore qu'à un stade préliminaire. En attendant, Edward battistini utilise lui aussi iBooks Author en détournant l'outil de la fonction originale :
Edward a réalisé à notre demande une petite démonstration avec une application fictive. Deux cas de figure sont utilisés dans le livre : soit un simple diaporama qui s'active d'un tap sur l'écran d'un iPhone et qui permet de passer facilement d'un écran à l'autre par des glissements. Plus évolué, un diaporama est réalisé dans Keynote en reprenant les dimensions de l'application et l'utilisateur peut choisir interagir en choisissant différents écrans dans une barre qui rappelle iOS (ci-dessous).
On l'a vu, les usages d'iBooks Author sont variés et ils dépassent largement le cadre défini à l'origine par Apple. Les réponses à cet appel à témoins ont été souvent enthousiastes, mais cela n'empêche pas les critiques.
La critique la plus fréquente concerne l'iPad. L'application et les livres qu'elle permet de réaliser sont conçus exclusivement pour la tablette d'Apple, et c'est quelque chose qui vous gêne. Fred55600 résume le sentiment général à ce sujet :
Vous êtes plusieurs à trouver qu'il manque une version iPhone et surtout Mac, ou à défaut que l'export au format standard ePub ne soit pas possible. Dom25 explique ainsi : "Le format de fichier iBooks est un format propriétaire et dès qu'on le transforme en ePub avec des outils externes la mise en page est détruite". De la même manière, blorem aurait aimé utiliser iBooks Author, mais la limitation à l'iPad l'en empêche : "le problème de l'iPad se pose toujours, à moins de vivre avec des amis qui côtoient tous l'univers Apple. Dommage que les réalisations ne soient pas au moins disponibles via Mac ou le web."
La visualisation du résultat directement sur l'iPad est un plus pour certains : "c'est tellement facile. On branche son iPad, on clique sur Aperçu et hop, on peut voir le résultat.", écrit ainsi sirromano1er. Pour d'autre, cette fonction est au contraire une faiblesse qu'Apple gagnerait à combler : "vous devez avoir iBook ouvert sur votre iPad et être branché en USB. C'est pas bien logique tout ça. Pourquoi ne peut-on pas envoyer simplement son aperçu par WiFi et lorsque l'iPad est en veille tout comme une synchronisation iTunes avec iOS 5 ?", demande senghor.
iBooks Author permet certes un export au format PDF, plus standard, mais comme le note fred55600, Apple ajoute alors son logo sur toutes les pages : "l'export au format PDF […] nous gratifie d'un logo Apple et la mention produit avec iBooks Author sur chaque page… Sympa comme pub !"
La critique qui revient également très souvent est la difficulté à modifier les thèmes proposés de base par Apple. iBooks Author est livré avec six thèmes (ou templates) assez différents, mais il est encore très difficile de les changer pour créer son propre thème. À la clé, le risque est évidemment de retrouver toujours les mêmes livres, comme l'explique très bien senior :
Ce manque de modèles est effectivement criant aujourd'hui. Notons toutefois que certains éditeurs ont commencé à pallier ce manque en proposant leurs propres thèmes : on peut ainsi acheter sur le Mac App Store Book Palette (2,39 €) ou Themes for iBooks Author (10,49 €) plus cher, mais plus fourni. À chaque fois, les thèmes ressemblent quand même à l'un de ceux proposés par Apple : il faudra patienter pour des thèmes vraiment différents.
iBooks Author n'en est qu'à sa première version et vous avez été nombreux à repérer des bugs ou des fonctions mal pensées. En tête des griefs, le mode portrait très mal géré : Apple a manifestement pensé ses manuels pour le mode paysage et si le portrait est pris en charge, il est loin d'être aussi abouti.
Kosua explique ainsi : "les iBooks sont vraiment faits pour être découverts en mode paysage, le mode portrait est un peu pauvre, et semble généré "par défaut" même s'il permet aussi de mieux saisir la structure de l'ouvrage" tandis que senghor regrette le manque d'options pour la mise en page en portrait : "quand vous visualisez le résultat en mode paysage, vous pouvez modifier la taille du texte, mais en format portait, non".
Autre point qui bloque, les langues. Si vous rédigez un livre en français sur un Mac en anglais, les chapitres et autres sections seront obligatoirement indiqués en anglais dans le livre, par exemple. Pour changer le texte, il faut passer le système en Français et ils se mettront à jour automatiquement, comme l'explique sirromano1er : "la gestion des langues n'est pas implémentée, exemple : le terme "Chapitre" est tiré de la langue de l'OS. Il n'est donc pas possible de faire apparaître le mot "Chapter" à moins de changer la langue de l'OS et de recréer un document."
D'autres défauts sont pointés du doigt par les lecteurs qui ont répondu à l'appel, comme l'utilisation obligatoire de Dashcode pour insérer du code HTML, des bugs avec certaines fonctions (import de fichiers Word, vidéos dans les présentations) ou encore quelques manques dans les mises en page complexes, comme l'évoque Kosua :
Ces erreurs de jeunesse seront sans nul doute améliorées avec le temps, lors de futures mises à jour d'iBooks Author. L'application d'Apple inquiète certains d'entre vous sur le long terme. Dr Fatalis résume cette inquiétude :
Apple est coutumière du fait et l'entreprise n'a jamais hésité à abandonner un projet qu'elle ne jugeait plus utile dans sa gamme. iWeb est un bon exemple de cette politique : cet outil de création simplifiée de sites Internet faisait partie de la suite iLife installée avec tous les nouveaux Mac. Apple a cessé de le mettre à jour et si l'application fonctionne toujours, elle n'est plus maintenue, iWeb n'est plus distribuée avec les nouveaux Mac et on ne peut même pas l'acheter sur le Mac App Store.
Un abandon d'iBooks Author n'est pas à exclure, mais on peut toutefois noter une différence fondamentale avec iWeb : Apple mise beaucoup sur les manuels pour vendre sa tablette et le seul moyen, pour l'heure, d'en concevoir est de passer par iBooks Author.
Au-delà, vous êtes nombreux à exprimer des inquiétudes sur la politique d'Apple concernant la distribution des manuels développés avec iBooks Author. "Apple essaye de réinventer le système économique propriétaire et fermé de bout en bout du Minitel…" s'inquiète ainsi magicPDF. Au lancement, la licence d'utilisation d'iBooks Author interdisait la vente de livres écrits avec l'application hors de l'iBookstore. Depuis, Apple a modifié la licence : c'est la vente du fichier
On peut également très facilement distribuer un livre par Internet, ce qui ouvre des possibilités intéressantes. Edward battistini donne ainsi à ses clients un simple lien qu'ils peuvent ouvrir depuis leur tablette : "on peut ouvrir le fichier iBooks a partir d'une adresse web donc encore plus simple pour le déployer", tandis qu'iPadOne enverra ses fichiers par un lien dans un mail. Sur le terminal, iBooks s'ouvre automatiquement, c'est très simple et efficace.
Plusieurs lecteurs hésitent à s'investir plus sérieusement, ou à investir leurs entreprises, dans iBooks Author. Outre les problèmes de licences déjà évoqués, ils regrettent la limitation à l'iPad. Comme l'explique gibet_b, on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve et tout miser sur une seule plateforme est dangereux :
Travailler avec iBooks Author, c'est se limiter de fait à l'iPad. Cela ne pose pas toujours de problème, mais si vous voulez vendre ou simplement partager un livre avec le plus grand nombre, c'est une limite indéniable. Exploiter vraiment ce format nécessite du temps, plus que pour un livre au format ePub standard et il n'est pas toujours évident que le temps supplémentaire sera toujours rentable.
Dans vos réponses, vous soulevez un dernier problème : publier sur l'iBookstore n'est pas toujours aussi facile qu'Apple veut bien le laisser entendre. Depuis iBooks Author, un bouton permet de publier un manuel : vous obtenez ainsi un fichier prêt à être envoyé à Apple pour validation. C'est alors que les choses se corsent, au point de décourager Dom25 : "j'ai voulu le publier sur le store, mais les démarches sont beaucoup trop compliquées. Il faut un numéro des impôts américains, un numéro ISBN… Je vais donc passer par un éditeur."
Publier un livre n'est pas simple. Il faut commencer par créer un compte dédié, comme le rappelle senghor : "Même si vous avez un compte Apple Développeur ou un compte pour l'achat dans l'App Store, vous devez créer un nouveau compte." Il faut ensuite donner de nombreuses informations, à commencer par un numéro ISBN indispensable à toute publication en France, mais aussi un numéro obtenu auprès des impôts américains. Apple est une entreprise américaine, ce qui complique fortement les procédures pour vendre, même s'il s'agit de vendre en France.
Ajoutons toutefois, comme l'explique clairement nagra03, qu'Apple a prévu une procédure spécifique pour distribuer gratuitement son livre. Si vous ne souhaitez pas vendre votre travail, mais simplement le distribuer sur l'iBookstore, la procédure d'enregistrement est beaucoup plus simple. Il faudra toujours passer par l'étape de la validation, ce qui prend plus ou moins de temps selon les cas.
Si l'outil n'est pas encore parfait, si des inquiétudes demeurent quant à sa pérennité et sa rentabilité, force est de constater qu'Apple a frappé fort avec iBooks Author et propose un outil déjà très efficace et qui est appelé à s'améliorer.
Au début du mois, nous vous avons demandé votre avis sur iBooks Author. Avez-vous déjà utilisé l'application d'Apple ? Qu'en avez-vous pensé ? À quoi iBooks Author peut vous servir ? Quelles sont aussi ses limites éventuelles ?
Vous avez été une quarantaine à répondre à notre appel. À la clé, des utilisations très variées d'iBooks Author, mais des avis finalement assez proches et plutôt enthousiastes, malgré quelques critiques récurrentes. Vous pouvez retrouver l'ensemble des réponses sur nos forums : Appel à témoins : Allez-vous utiliser iBooks Author ?.
Un outil unique en son genre
Quelles que soient les réticences que l’on peut avoir pour iBooks Author et ses limitations, […] au moment où l’on prévisualise son travail sur un iPad, on ne peut qu’être ravi d’obtenir un tel résultat à si peu de frais. (thil)
Les avis sont plutôt unanimes : iBooks Author est un outil unique en son genre. La facilité d'utilisation de cet outil rend son appropriation simple et rapide : comme nous l'indiquions dans notre aperçu du logiciel, il suffit de connaître Pages (15,99 €) ou Keynote (15,99 €) pour connaître les bases d'iBooks Author.
Simple d'accès, même si les fonctions les plus avancées nécessitent bien sûr un peu de travail pour être correctement utilisées, iBooks Author est aussi souple. Vos témoignages évoquent énormément d'usages différents : les manuels, scolaires ou non, ont été évidemment évoqués, mais on trouve aussi des catalogues de produits, des rapports, des maquettes interactives pour des applications en cours de développement ou même… des présentoirs dans un musée.
iBooks Author est conçu pour les manuels scolaires, et des professeurs ont déjà commencé à l'utiliser pour adapter leurs manuels. Dr Fatalis est professeur de SVT et il publie depuis plusieurs années déjà des manuels de SVT pour les collégiens et lycéens. Jusque-là, ces livres étaient composés dans Pages et publiés au format PDF : iBooks Author ouvre de nouvelles perspectives pour ce professeur :
J'ai déjà écrit des manuels scolaires libres et gratuits, mais en PDF, avec Pages. Toutefois, j'attendais un outil comme iBooks Author pour "passer" à l'iPad.
Dr Fatalis prévoit ainsi de créer plusieurs ouvrages avec iBooks Author et c'est justement l'outil qui lui manquait pour les mener à bien. "Sans iBooks Author, ces projets n'auraient pu être réalisés sous la forme que je désire leur donner."
Les manuels ne sont pas la seule utilisation envisagée pour iBooks Author, c'est même leur faible présence dans les réponses qui peut surprendre. Dans la plupart des cas, le logiciel d'Apple va servir à d'autres usages : on évoque des rapports pour le monde de l'entreprise, des magazines, un guide pédagogique ou des brochures d'informations, des livres de photos, des catalogues de produits ou même des maquettes interactives pour applications iOS.
Kanti99 a déjà pris en main le logiciel pour publier sa thèse sur l'iBookstore. Après un "processus de validation […] très rapide (une journée)", l'ouvrage est disponible gratuitement dans la boutique d'Apple. De son côté, l'employeur de gibet_b propose également un magazine créé pour l'occasion : Incipit #1 rassemble ainsi des écrits de plusieurs auteurs qui publient chez l'éditeur Numeriklivres. La première expérience a été concluante : "on envisage de sortir un numéro 2, avec cette fois-ci plus de contenu inédit. Et l'idée est bien sûr de poursuivre par un numéro 3, puis un numéro 4".
D'autres usages sont plus surprenants encore. Thity travaille dans un musée et il va utiliser iBooks Author pour transformer des iPad en présentoirs. Les livres contiendront des informations sous la forme de texte, mais aussi des vidéos et des animations réalisées avec Keynote :
L'idée est de créer des vidéos et animations (avec Blender notamment), de les injecter dans Keynote afin d'ajouter des transitions et qu'un clic permette au visiteur de passer à la suite de l'animation.
Chaque "montage" Keynote est placé sur une page dans ibooks au milieu d'autres pages explicatives. Les visiteurs pourront tourner les pages sur l'iPad et choisir l'animation qu'ils désirent voir.
Pour éviter que les visiteurs puissent sortir d'iBooks le bouton principal est hors d'atteinte. Les pages contenant du texte sont en PDF ce qui permet d'éviter les copier-coller. Enfin, la partie haute de l'écran est cachée dans le mobilier ce qui évite aux visiteurs d'avoir accès aux menus qui risquent d'apparaitre.
Une utilisation audacieuse de la solution Apple, mais qui n'en est encore qu'à un stade préliminaire. En attendant, Edward battistini utilise lui aussi iBooks Author en détournant l'outil de la fonction originale :
Je suis designer et je fais des apps iPhone, et c'est toujours difficile de montrer des maquettes réalistes de futures apps non codées. […] J'ai fait tout une présentation sur iBooks Author avec des slideshows de screenshots et d'autre petits points interactifs, et le résultat est top !
Edward a réalisé à notre demande une petite démonstration avec une application fictive. Deux cas de figure sont utilisés dans le livre : soit un simple diaporama qui s'active d'un tap sur l'écran d'un iPhone et qui permet de passer facilement d'un écran à l'autre par des glissements. Plus évolué, un diaporama est réalisé dans Keynote en reprenant les dimensions de l'application et l'utilisateur peut choisir interagir en choisissant différents écrans dans une barre qui rappelle iOS (ci-dessous).
Quelques défauts de jeunesse
On l'a vu, les usages d'iBooks Author sont variés et ils dépassent largement le cadre défini à l'origine par Apple. Les réponses à cet appel à témoins ont été souvent enthousiastes, mais cela n'empêche pas les critiques.
La critique la plus fréquente concerne l'iPad. L'application et les livres qu'elle permet de réaliser sont conçus exclusivement pour la tablette d'Apple, et c'est quelque chose qui vous gêne. Fred55600 résume le sentiment général à ce sujet :
Ce que je regrette c'est de devoir impérativement visualiser sur l'iPad ! Il est regrettable que l'on ne dispose pas d'un mode "aperçu avant publication" : Si l'on ne s'en tient qu'à des fonctions de mise en page le produit est WYSIWYG, mais l'ajout de widgets nécessite réellement l'iPad. Ce qui serait aussi appréciable serait de disposer d'un équivalent de iBook 2 sur Mac.
Vous êtes plusieurs à trouver qu'il manque une version iPhone et surtout Mac, ou à défaut que l'export au format standard ePub ne soit pas possible. Dom25 explique ainsi : "Le format de fichier iBooks est un format propriétaire et dès qu'on le transforme en ePub avec des outils externes la mise en page est détruite". De la même manière, blorem aurait aimé utiliser iBooks Author, mais la limitation à l'iPad l'en empêche : "le problème de l'iPad se pose toujours, à moins de vivre avec des amis qui côtoient tous l'univers Apple. Dommage que les réalisations ne soient pas au moins disponibles via Mac ou le web."
La visualisation du résultat directement sur l'iPad est un plus pour certains : "c'est tellement facile. On branche son iPad, on clique sur Aperçu et hop, on peut voir le résultat.", écrit ainsi sirromano1er. Pour d'autre, cette fonction est au contraire une faiblesse qu'Apple gagnerait à combler : "vous devez avoir iBook ouvert sur votre iPad et être branché en USB. C'est pas bien logique tout ça. Pourquoi ne peut-on pas envoyer simplement son aperçu par WiFi et lorsque l'iPad est en veille tout comme une synchronisation iTunes avec iOS 5 ?", demande senghor.
iBooks Author permet certes un export au format PDF, plus standard, mais comme le note fred55600, Apple ajoute alors son logo sur toutes les pages : "l'export au format PDF […] nous gratifie d'un logo Apple et la mention produit avec iBooks Author sur chaque page… Sympa comme pub !"
Un livre iBooks Author exporté au format PDF
La critique qui revient également très souvent est la difficulté à modifier les thèmes proposés de base par Apple. iBooks Author est livré avec six thèmes (ou templates) assez différents, mais il est encore très difficile de les changer pour créer son propre thème. À la clé, le risque est évidemment de retrouver toujours les mêmes livres, comme l'explique très bien senior :
La création d'un template est assez compliquée […] même si l'on part d'un existant. Il serait bien d'avoir un système comparable à PowerPoint. Un master pour créer ses templates et les appliquer à son livre.
Les modèles de base sont sympas mais on a vite fait le tour et je me vois mal publier un livre sur l'iBookstore en utilisant un modèle préexistant. On ne verrait pas visuellement la différence avec d'autres livres s'ils faisaient de même.
Ce manque de modèles est effectivement criant aujourd'hui. Notons toutefois que certains éditeurs ont commencé à pallier ce manque en proposant leurs propres thèmes : on peut ainsi acheter sur le Mac App Store Book Palette (2,39 €) ou Themes for iBooks Author (10,49 €) plus cher, mais plus fourni. À chaque fois, les thèmes ressemblent quand même à l'un de ceux proposés par Apple : il faudra patienter pour des thèmes vraiment différents.
iBooks Author n'en est qu'à sa première version et vous avez été nombreux à repérer des bugs ou des fonctions mal pensées. En tête des griefs, le mode portrait très mal géré : Apple a manifestement pensé ses manuels pour le mode paysage et si le portrait est pris en charge, il est loin d'être aussi abouti.
Kosua explique ainsi : "les iBooks sont vraiment faits pour être découverts en mode paysage, le mode portrait est un peu pauvre, et semble généré "par défaut" même s'il permet aussi de mieux saisir la structure de l'ouvrage" tandis que senghor regrette le manque d'options pour la mise en page en portrait : "quand vous visualisez le résultat en mode paysage, vous pouvez modifier la taille du texte, mais en format portait, non".
Autre point qui bloque, les langues. Si vous rédigez un livre en français sur un Mac en anglais, les chapitres et autres sections seront obligatoirement indiqués en anglais dans le livre, par exemple. Pour changer le texte, il faut passer le système en Français et ils se mettront à jour automatiquement, comme l'explique sirromano1er : "la gestion des langues n'est pas implémentée, exemple : le terme "Chapitre" est tiré de la langue de l'OS. Il n'est donc pas possible de faire apparaître le mot "Chapter" à moins de changer la langue de l'OS et de recréer un document."
D'autres défauts sont pointés du doigt par les lecteurs qui ont répondu à l'appel, comme l'utilisation obligatoire de Dashcode pour insérer du code HTML, des bugs avec certaines fonctions (import de fichiers Word, vidéos dans les présentations) ou encore quelques manques dans les mises en page complexes, comme l'évoque Kosua :
Seuls manquent une meilleure gestion des colonnes de textes et des images placées sur deux pages (on est obligé de dupliquer l'image sur chaque page...), quelques artefacts dans le redimensionnement des grandes images, une instabilité dans les "images interactives" dès qu'on a plus d'une vingtaine de vignettes et quelques lenteurs dans iBooks 2, notamment lors de la transition entre deux chapitres (avec un flou pixellisé du plus mauvais effet)
Incertitudes
Ces erreurs de jeunesse seront sans nul doute améliorées avec le temps, lors de futures mises à jour d'iBooks Author. L'application d'Apple inquiète certains d'entre vous sur le long terme. Dr Fatalis résume cette inquiétude :
C'est là un frein à l'utilisation d'IBA: s'embarquer dans un projet de plusieurs années […] sans savoir si Apple va maintenir iBooks Author où "l'iwebiser" un bon matin…
Apple est coutumière du fait et l'entreprise n'a jamais hésité à abandonner un projet qu'elle ne jugeait plus utile dans sa gamme. iWeb est un bon exemple de cette politique : cet outil de création simplifiée de sites Internet faisait partie de la suite iLife installée avec tous les nouveaux Mac. Apple a cessé de le mettre à jour et si l'application fonctionne toujours, elle n'est plus maintenue, iWeb n'est plus distribuée avec les nouveaux Mac et on ne peut même pas l'acheter sur le Mac App Store.
Un abandon d'iBooks Author n'est pas à exclure, mais on peut toutefois noter une différence fondamentale avec iWeb : Apple mise beaucoup sur les manuels pour vendre sa tablette et le seul moyen, pour l'heure, d'en concevoir est de passer par iBooks Author.
Au-delà, vous êtes nombreux à exprimer des inquiétudes sur la politique d'Apple concernant la distribution des manuels développés avec iBooks Author. "Apple essaye de réinventer le système économique propriétaire et fermé de bout en bout du Minitel…" s'inquiète ainsi magicPDF. Au lancement, la licence d'utilisation d'iBooks Author interdisait la vente de livres écrits avec l'application hors de l'iBookstore. Depuis, Apple a modifié la licence : c'est la vente du fichier
.iBooks
qui est interdite, la vente du livre sous une autre forme (PDF, ePub) est autorisée (lire : Apple corrige la licence d'iBooks Author). On peut également très facilement distribuer un livre par Internet, ce qui ouvre des possibilités intéressantes. Edward battistini donne ainsi à ses clients un simple lien qu'ils peuvent ouvrir depuis leur tablette : "on peut ouvrir le fichier iBooks a partir d'une adresse web donc encore plus simple pour le déployer", tandis qu'iPadOne enverra ses fichiers par un lien dans un mail. Sur le terminal, iBooks s'ouvre automatiquement, c'est très simple et efficace.
Plusieurs lecteurs hésitent à s'investir plus sérieusement, ou à investir leurs entreprises, dans iBooks Author. Outre les problèmes de licences déjà évoqués, ils regrettent la limitation à l'iPad. Comme l'explique gibet_b, on ne sait pas ce que l'avenir nous réserve et tout miser sur une seule plateforme est dangereux :
A l'heure actuelle, nous n'envisageons pas d'autre utilisation de iBooks Author que pour la réalisation de cette revue, mais nous restons ouverts. Le livre numérique est en plein boom et, même pour nous qui suivons l'actualité de près, il est difficile de savoir de quoi demain sera fait. Il me semble hasardeux d'utiliser iBooks Author pour un livre numérique d'envergure, étant donné sa compatibilité limitée aux appareils iOS. Il faut dire aussi que nous pratiquons une politique de prix bas, et privilégions l'absence de DRM.
Travailler avec iBooks Author, c'est se limiter de fait à l'iPad. Cela ne pose pas toujours de problème, mais si vous voulez vendre ou simplement partager un livre avec le plus grand nombre, c'est une limite indéniable. Exploiter vraiment ce format nécessite du temps, plus que pour un livre au format ePub standard et il n'est pas toujours évident que le temps supplémentaire sera toujours rentable.
Dans vos réponses, vous soulevez un dernier problème : publier sur l'iBookstore n'est pas toujours aussi facile qu'Apple veut bien le laisser entendre. Depuis iBooks Author, un bouton permet de publier un manuel : vous obtenez ainsi un fichier prêt à être envoyé à Apple pour validation. C'est alors que les choses se corsent, au point de décourager Dom25 : "j'ai voulu le publier sur le store, mais les démarches sont beaucoup trop compliquées. Il faut un numéro des impôts américains, un numéro ISBN… Je vais donc passer par un éditeur."
Publier un livre n'est pas simple. Il faut commencer par créer un compte dédié, comme le rappelle senghor : "Même si vous avez un compte Apple Développeur ou un compte pour l'achat dans l'App Store, vous devez créer un nouveau compte." Il faut ensuite donner de nombreuses informations, à commencer par un numéro ISBN indispensable à toute publication en France, mais aussi un numéro obtenu auprès des impôts américains. Apple est une entreprise américaine, ce qui complique fortement les procédures pour vendre, même s'il s'agit de vendre en France.
Ajoutons toutefois, comme l'explique clairement nagra03, qu'Apple a prévu une procédure spécifique pour distribuer gratuitement son livre. Si vous ne souhaitez pas vendre votre travail, mais simplement le distribuer sur l'iBookstore, la procédure d'enregistrement est beaucoup plus simple. Il faudra toujours passer par l'étape de la validation, ce qui prend plus ou moins de temps selon les cas.
Pour conclure…
Bref, c'est un excellent outil (sirromano1er)
Si l'outil n'est pas encore parfait, si des inquiétudes demeurent quant à sa pérennité et sa rentabilité, force est de constater qu'Apple a frappé fort avec iBooks Author et propose un outil déjà très efficace et qui est appelé à s'améliorer.
Si l'on se concentre que sur IBA et ses possibilités, je trouve que c'est tout de même un bon outil, bien réalisé pour une première version et gratuite, ne l'oublions pas. (Senghor)
Il est hors de question pour moi de faire des présentations clients avec Keynote a présent ! Distribuer 3 ou 4 iPad chargés [du livre iBooks Author] est bien mieux ! Le client est libre de lire à sont rythme contrairement à un keynote projeté. (Edward battistini)
En conclusion, pas mal pour une version 1 et gratuite mais il y a des bugs à corriger, l'auto-publication est très complexe. Encore un petit effort et ce sera parfait… (Dom25)
iBooks Author m'a permis de réaliser mon premier catalogue pour mon entreprise ! Depuis quelque temps je chercher comment créer un livre ou catalogue pour le mettre sur iPad. (creaimmo)
Au final, iBooks Author est très prometteur, même s'il demande un peu de temps pour bien préparer un ouvrage, et rend réellement la découverte de sujets "visuels" beaucoup plus captivante. (Kosua)