Au début de l'année au CES de Las Vegas, l'américain Vizio, fabricant de téléviseurs et de lecteurs Blu-ray, dévoilait sa future première ligne de PC. Des monoblocs et portables dont les lignes étaient familières. Un peu d'iMac, un peu de MacBook Air, une touche de Magic Trackpad tous revêtu d'aluminium.
The Verge a consacré un portrait à cette entreprise californienne née il y a 10 ans, qui a aujourd'hui un peu plus de 400 employés et qui a réussi contre toute attente à se hisser à la première place des ventes de téléviseurs HD aux États-Unis. Elle allie une stratégie de prix bas, de service après-vente de qualité et dépense peu en communication. Comme une autre entreprise de la région, elle a aussi appris à suivre ses sous-traitant de près, mais au service de tarifs les plus modérés possibles.
Malgré ses états de service, la décision de Vizio de se diversifier dans le PC avait été accueillie avec un certain scepticisme. Elle avait déjà fait quelques écarts en lançant des barres d'enceinte pour le salon et une tablette Android, pour laquelle des successeurs sont d'ailleurs prévus ces prochains mois.
L'objectif pour ces PC était de proposer des prix accessibles (de 900 à 1300 $ pour des équivalents d'iMac 24" et 27") pour des machines dotées d'un Windows livré sans le fatras logiciel d'éditeurs tiers et d'un design qui les distingue de la concurrence.
Matt McRae, le directeur technique, dit voir un avenir moins sombre que d'autres pour les PC, même si les tablettes ont bousculé ce marché : « La tablette a sorti l'industrie du PC de son sommeil. Il ne se passait pas grand-chose. Mais les trois à cinq prochaines années vont être très intéressantes. Vous allez voir de nouveaux formats, vous allez voir progressivement l'intégration du tactile. Un grand nombre de frontières qui étaient clairement tracées entre les produits — la tablette, le PC, la télévision — sont en train de s'estomper ».
Le milieu du PC est prêt à être secoué, estime le responsable qui y retrouve des points communs avec celui de la télévision il y a huit ans, quand Vizio s'est mesurée aux équivalents de Dell ou d'HP dans ce milieu. « Il n'y a pas beaucoup d'innovation dans les PC, à moins de 599$ on a des tonnes de plastique noir. Ils se ressemblent tous. On voit clairement que quelqu'un a d'abord conçu une carte-mère et que tout le monde l'a entourée de plastique et s'est dépêché de livrer. Ce sont les mêmes acteurs qui lancent les mêmes produits tous les six mois. »
Vizio entend s'intercaler entre ces machines à 600$ et celles à 1200$ et plus (où Apple est reine). Une zone grise dans laquelle un responsable d'AMD jugeait il y a peu qu'il était difficile de faire du volume : à partir de 900$ les clients partent chez Apple.
Pour Matt McRae, il ne s'agit aucunement d'entrer en concurrence avec Apple, mais de s'adresser aux clients Windows qui veulent du matériel PC de qualité premium : Apple « mérite beaucoup de respect pour avoir ramené le design dans les critères d'achat des consommateurs. Mais notre objectif est d'apporter ce niveau de détail et de soin à un prix inférieur et qui trouve un écho auprès des consommateurs. » Cela veut dire réaliser un PC de 2000$ pour la moitié de ce prix, sans mégoter sur le produit et de parvenir à ce seuil grâce au concours des sous-traitants et d'une gestion rigoureuse.
10 personnes seulement en interne ont travaillé sur ce projet (et 1000 si l'on compte les sous-traitants), pilotées par un ancien directeur de développement produit chez BMW, Scott McManigal. Il explique avoir conduit une analyse poussée des produits existant sur le marché « Je ne peux pas dire que l'inspiration pour ce design est tombée du ciel. Cela a été une véritable analyse en profondeur de ce qui existait sur le marché et des opportunités qui s'ouvraient à nous. »
À des designs privilégiant des formes organiques pour simuler la finesse, Vizio a préféré des lignes tranchées, empreintes de plus de caractère et exprimant « l'authenticité du métal », de l'aluminium, de manière à proposer un design qui se démarque, mais qui ne fasse pas fouilli.
Au journaliste de The Verge, il confie aussi son aversion pour les autocollants de fabricants de processeurs et d'éditeurs apposés partout, ou encore ces LED qui clignotent partout et qui accueillent le client au déballage de la machine. Pour appuyer sa préférence, il dit avoir débattu des heures et s'être servi de messages dans certains forums et autres modes d'emploi de gens qui expliquent comment retirer ces autocollants sans endommager leur PC. Au final, seule une mention de Windows a été sérigraphiée, mais sous la machine.
Des ingénieurs de Microsoft ont été sollicités pour optimiser Windows au matériel de Vizio et obtenir le label "Signature". Il désigne des PC où seul Windows est installé, sans logiciels supplémentaires. Une initiative qui n'a reçu que peu d'échos chez les fabricants, au grand dam de Microsoft dont le système, et non ces crapwares, est accusé en cas de mauvaises performances.
30% environ des clients qui achètent un PC le réinitialisent, explique McRae, et les vendeurs proposent aux clients de le faire à leur place pour 50$ alors que ces distributeurs sont pour partie responsables de cet amoncellement de logiciels publicitaires et en démo.
Tout comme le refus de ces utilitaires signifie une perte d'argent, la mise à l'écart des éléments de communication d'Intel a peut-être coûté à Vizio le droit d'utiliser la marque Ultrabook. Mais peu importe, estime Matt McRae : « C'est comme pour notre tablette, on l'appelait simplement la tablette Vizio. Ne gaspillez pas votre argent en marketing, dites juste aux gens ce qu'est votre produit ».
S'il est un domaine, encore aujourd'hui, où les PC peuvent décevoir, c'est sur le confort de leurs claviers et trackpad. Les premiers essais de clavier de Vizio se sont avérés un échec sur les prototypes du CES : « C'est une chose d'avoir un échantillon fabriqué ou imprimé sur une feuille de papier après un prototypage rapide, mais c'en est une autre d'obtenir le la sensation du retour tactile, ce n'est qu'au moment où vous commencez à l'utiliser. »
Vizio modifia le design, espaça les touches en ajoutant des chanfreins de manière à ce que les touches soient visuellement plus détachées les unes des autres alors que l'idée originale était de les rapprocher au maximum. Cela impliqua de revoir le processus de fabrication en usine qui était déjà fin prêt.
L'autre défi fut de réaliser un trackpad externe de qualité, car ces PC sont livrés sans souris. Un choix assumé en prévision de Windows 8. La rareté sur PC de ce cousin du Magic Trackpad impliquait de ne pas se manquer. Six mois ont été consacrés à l'ajustement des pilotes de ces trackpad dont le capteur est livré par un fournisseur de premier ordre, mais dont Vizio tait le nom. Le format a été revu, d'abord imaginé de bonne taille il fut réduit puis agrandit à nouveau.
Une autre leçon que Vizio entend appliquer est celle de limiter sa gamme à quelques modèles. Le fabricant n'entend pas lancer une douzaine de modèles tous les trimestres et revoir à chaque fois ses designs : « Nous avons passé deux ans à les concevoir et à le faire correctement. Nous proposerons des configurations plus puissantes et on ajoutera des choses, mais vous ne verrez pas un nouveau design industriel tous les trois mois. Si vous obtenez quelque chose de bien, vous pouvez capitaliser dessus pendant un certain temps. » Apple ne dirait pas autre chose avec ses portables…
The Verge a consacré un portrait à cette entreprise californienne née il y a 10 ans, qui a aujourd'hui un peu plus de 400 employés et qui a réussi contre toute attente à se hisser à la première place des ventes de téléviseurs HD aux États-Unis. Elle allie une stratégie de prix bas, de service après-vente de qualité et dépense peu en communication. Comme une autre entreprise de la région, elle a aussi appris à suivre ses sous-traitant de près, mais au service de tarifs les plus modérés possibles.
Malgré ses états de service, la décision de Vizio de se diversifier dans le PC avait été accueillie avec un certain scepticisme. Elle avait déjà fait quelques écarts en lançant des barres d'enceinte pour le salon et une tablette Android, pour laquelle des successeurs sont d'ailleurs prévus ces prochains mois.
L'objectif pour ces PC était de proposer des prix accessibles (de 900 à 1300 $ pour des équivalents d'iMac 24" et 27") pour des machines dotées d'un Windows livré sans le fatras logiciel d'éditeurs tiers et d'un design qui les distingue de la concurrence.
Matt McRae, le directeur technique, dit voir un avenir moins sombre que d'autres pour les PC, même si les tablettes ont bousculé ce marché : « La tablette a sorti l'industrie du PC de son sommeil. Il ne se passait pas grand-chose. Mais les trois à cinq prochaines années vont être très intéressantes. Vous allez voir de nouveaux formats, vous allez voir progressivement l'intégration du tactile. Un grand nombre de frontières qui étaient clairement tracées entre les produits — la tablette, le PC, la télévision — sont en train de s'estomper ».
Le milieu du PC est prêt à être secoué, estime le responsable qui y retrouve des points communs avec celui de la télévision il y a huit ans, quand Vizio s'est mesurée aux équivalents de Dell ou d'HP dans ce milieu. « Il n'y a pas beaucoup d'innovation dans les PC, à moins de 599$ on a des tonnes de plastique noir. Ils se ressemblent tous. On voit clairement que quelqu'un a d'abord conçu une carte-mère et que tout le monde l'a entourée de plastique et s'est dépêché de livrer. Ce sont les mêmes acteurs qui lancent les mêmes produits tous les six mois. »
Vizio entend s'intercaler entre ces machines à 600$ et celles à 1200$ et plus (où Apple est reine). Une zone grise dans laquelle un responsable d'AMD jugeait il y a peu qu'il était difficile de faire du volume : à partir de 900$ les clients partent chez Apple.
Pour Matt McRae, il ne s'agit aucunement d'entrer en concurrence avec Apple, mais de s'adresser aux clients Windows qui veulent du matériel PC de qualité premium : Apple « mérite beaucoup de respect pour avoir ramené le design dans les critères d'achat des consommateurs. Mais notre objectif est d'apporter ce niveau de détail et de soin à un prix inférieur et qui trouve un écho auprès des consommateurs. » Cela veut dire réaliser un PC de 2000$ pour la moitié de ce prix, sans mégoter sur le produit et de parvenir à ce seuil grâce au concours des sous-traitants et d'une gestion rigoureuse.
10 personnes seulement en interne ont travaillé sur ce projet (et 1000 si l'on compte les sous-traitants), pilotées par un ancien directeur de développement produit chez BMW, Scott McManigal. Il explique avoir conduit une analyse poussée des produits existant sur le marché « Je ne peux pas dire que l'inspiration pour ce design est tombée du ciel. Cela a été une véritable analyse en profondeur de ce qui existait sur le marché et des opportunités qui s'ouvraient à nous. »
À des designs privilégiant des formes organiques pour simuler la finesse, Vizio a préféré des lignes tranchées, empreintes de plus de caractère et exprimant « l'authenticité du métal », de l'aluminium, de manière à proposer un design qui se démarque, mais qui ne fasse pas fouilli.
Au journaliste de The Verge, il confie aussi son aversion pour les autocollants de fabricants de processeurs et d'éditeurs apposés partout, ou encore ces LED qui clignotent partout et qui accueillent le client au déballage de la machine. Pour appuyer sa préférence, il dit avoir débattu des heures et s'être servi de messages dans certains forums et autres modes d'emploi de gens qui expliquent comment retirer ces autocollants sans endommager leur PC. Au final, seule une mention de Windows a été sérigraphiée, mais sous la machine.
Des ingénieurs de Microsoft ont été sollicités pour optimiser Windows au matériel de Vizio et obtenir le label "Signature". Il désigne des PC où seul Windows est installé, sans logiciels supplémentaires. Une initiative qui n'a reçu que peu d'échos chez les fabricants, au grand dam de Microsoft dont le système, et non ces crapwares, est accusé en cas de mauvaises performances.
30% environ des clients qui achètent un PC le réinitialisent, explique McRae, et les vendeurs proposent aux clients de le faire à leur place pour 50$ alors que ces distributeurs sont pour partie responsables de cet amoncellement de logiciels publicitaires et en démo.
Tout comme le refus de ces utilitaires signifie une perte d'argent, la mise à l'écart des éléments de communication d'Intel a peut-être coûté à Vizio le droit d'utiliser la marque Ultrabook. Mais peu importe, estime Matt McRae : « C'est comme pour notre tablette, on l'appelait simplement la tablette Vizio. Ne gaspillez pas votre argent en marketing, dites juste aux gens ce qu'est votre produit ».
S'il est un domaine, encore aujourd'hui, où les PC peuvent décevoir, c'est sur le confort de leurs claviers et trackpad. Les premiers essais de clavier de Vizio se sont avérés un échec sur les prototypes du CES : « C'est une chose d'avoir un échantillon fabriqué ou imprimé sur une feuille de papier après un prototypage rapide, mais c'en est une autre d'obtenir le la sensation du retour tactile, ce n'est qu'au moment où vous commencez à l'utiliser. »
Vizio modifia le design, espaça les touches en ajoutant des chanfreins de manière à ce que les touches soient visuellement plus détachées les unes des autres alors que l'idée originale était de les rapprocher au maximum. Cela impliqua de revoir le processus de fabrication en usine qui était déjà fin prêt.
L'autre défi fut de réaliser un trackpad externe de qualité, car ces PC sont livrés sans souris. Un choix assumé en prévision de Windows 8. La rareté sur PC de ce cousin du Magic Trackpad impliquait de ne pas se manquer. Six mois ont été consacrés à l'ajustement des pilotes de ces trackpad dont le capteur est livré par un fournisseur de premier ordre, mais dont Vizio tait le nom. Le format a été revu, d'abord imaginé de bonne taille il fut réduit puis agrandit à nouveau.
Une autre leçon que Vizio entend appliquer est celle de limiter sa gamme à quelques modèles. Le fabricant n'entend pas lancer une douzaine de modèles tous les trimestres et revoir à chaque fois ses designs : « Nous avons passé deux ans à les concevoir et à le faire correctement. Nous proposerons des configurations plus puissantes et on ajoutera des choses, mais vous ne verrez pas un nouveau design industriel tous les trois mois. Si vous obtenez quelque chose de bien, vous pouvez capitaliser dessus pendant un certain temps. » Apple ne dirait pas autre chose avec ses portables…