Absolument tout laisse à penser qu’Apple s’apprête à dévoiler mardi 23 octobre l’iPad mini, également appelé iPad Air par d’autres. À commencer par le carton d'invitation qui n'est pas tellement différent de celui utilisé pour la présentation de l'iPad original en 2010. Un iPad mini oui, mais pour quoi faire ?
Lancer un nouveau produit est toujours délicat, ça l’est d’autant plus quand son ancien patron déclarait que le format 7 pouces n’était pas adapté aux tablettes. Avec son franc-parler habituel, il avait ajouté : « cette taille est inutile, sauf si vous fournissez le papier de verre pour que les utilisateurs réduisent leurs doigts au quart de leur taille ».
Une rapide histoire de l'iPad
En février 2010, Steve Jobs présente enfin sa première tablette. Ce projet figurait depuis des années dans les cartons d'Apple. Lors d'une conférence organisée par le Wall Street Journal en juin 2010, il avait expliqué avoir eu cette idée d'un écran de verre multitouch sur lequel on pourrait taper (lire : Steve Jobs : Le PC est un camion). L'idée de l'iPad était née, mais pour des raisons hautement stratégiques, Apple préféra dans un premier temps s'atteler à l'iPhone afin de prendre pied sur le très prometteur marché des smartphones.
Dès lors que l'iPhone fut sur orbite, les équipes d'Apple concentrèrent leurs efforts sur l'iPad. Apple a testé plusieurs types de formats pendant des mois et des mois avant de n'en retenir que deux : le 9,7 pouces que tout le monde connaît et un format 7" qu'Apple a recalé quelques mois avant la présentation du premier iPad (lire : 10 choses à savoir sur la tablette Apple).
Toutefois, par la suite, Apple n'a jamais abandonné cette piste. En interne, le débat sur ce format s'est poursuivi. Dans un courriel révélé dans le cadre du procès Samsung, Eddy Cue, monsieur iTunes, faisait part début 2011 de ses impressions de la Galaxy Tab : « Je pense qu'il y a un marché pour les tablettes 7" et que nous devrions en faire une. Je l'ai dit à Steve plusieurs fois depuis Thanksgiving et il semblait plutôt ouvert à l'idée la dernière fois. Je trouve plutôt séduisant de répondre aux mails, de lire, d'aller sur Facebook ou de regarder des vidéos sur une tablette 7". La navigation sur internet est le seul point faible, mais c'est jouable ».
Une concurrence de plus en plus féroce
À l'époque, le marché des tablettes 7" était très peu concurrentiel. À vrai dire, il peinait à trouver sa place. Il faudra attendre la fin 2011 et le Kindle Fire pour voir (enfin) une tablette à ce format se vendre dans des quantités relativement importantes (lire notre test du Kindle Fire). Avec sa Nexus 7, Google et Asus ont semble-t-il trouvé une formule qui répond à une certaine demande. Si elles connaissent un certain succès, elles sont encore loin de concurrencer l'iPad, qui malgré son prix deux fois plus élevé, continue à s'octroyer en fonction des études entre 60 et 70 % de parts de marché.
Au fil des mois, la concurrence est devenue de plus en plus forte. Cet été, Amazon a présenté sa nouvelle génération de tablettes afin de reprendre la main face à un Google qui préparerait une tablette à 100 $ pour la fin d'année (lire : iPad mini : Google prépare sa contre-offensive).
Si la présentation de l'iPad mini ne suscite pas forcément beaucoup d'engouement auprès de la "communauté Apple", elle devrait sans doute être riche en enseignements concernant "l'état de forme" de la firme de Cupertino. Si la tablette d'Apple est une simple "réponse" aux modèles concurrents afin de se positionner sur un segment en devenir, il faudra sans doute se poser des questions sur le bien-fondé de la stratégie d'Apple à court et moyen terme. Si Apple apporte une réponse à la fois séduisante et originale, elle démontrera alors que c'est toujours elle qui a la main sur ce marché.
iPad mini : que disent les rumeurs ?
Contrairement à l'iPhone 5, les rumeurs concernant cet iPad mini sont finalement assez ténues. Cette tablette devrait embarquer un écran 7,8" au format 4/3. Cela n'a l'air de rien, mais par rapport aux modèles sur le marché, son format devrait être assez original. Les tablettes ont souvent des écrans 7" et un format 16/9. Est-ce que ce sont ces changements qui avaient réconcilié Steve Jobs avec ce format ? Nul ne le sait… Quoi qu'il en soit, la prise en main devrait être assez différente.
Sur les sites de rumeurs, il semble y avoir un consensus sur le fait que son écran ne serait pas Retina. Beaucoup pensent qu'il aurait la même définition que l'iPad 2 soit 1024 par 768 pixels. Il aurait alors une résolution de 163 ppp (lire : Les deux hypothèses pour un iPad mini 7,85").
Toujours concernant l'écran, cette tablette pourrait comporter la technologie IGZO qui aurait dû faire son apparition avec le nouvel iPad (lire : Le nouvel iPad n'était-il qu'un plan B pour Apple ?) ainsi que la technologie In-Cell qui a permis à Apple d'affiner l'iPhone 5.
Personne ne sera surpris d'apprendre que ce modèle devrait être très fin et il y a toujours ces rumeurs d'un emploi un jour ou l'autre de la fibre de carbone. Enfin, si l'on en croit les derniers bruits de couloirs, elle devrait être disponible dans le commerce le 2 novembre à partir de 249 €. Tout ceci est à prendre avec les habituelles pincettes.
Un iPad mini, mais pour quoi faire ?
Reste la question la plus importante, celle des usages. Pourquoi un iPad 7" ? Initialement, Amazon a présenté son Kindle Fire comme un appareil de consultation de contenus et de loisirs. Il est d'ailleurs très bien intégré aux différents services du géant du commerce en ligne.
Les propos d'Eddy Cue relatés un peu plus haut n'étaient guère différents, il trouvait ce format très intéressant notamment pour regarder des vidéos, lire, ou encore pour consulter son mur sur Facebook. Mais Apple, et c'est sans doute ce qui lui a permis de se distinguer jusqu'à présent, a toujours considéré ses tablettes comme des outils de création. On imagine mal la société changer de fusil d'épaule avec l'iPad mini.
En l'espace de quelques mois, l'iPad s'est ouvert de nombreux marchés, comme celui de l'éducation. L'iPad mini pourrait aider Apple à enfoncer le clou. Un appareil léger, solide et compact, qui permettrait de stocker des dizaines de livres et plusieurs applications éducatives. Le cartable de vos enfants ne demande que cela.
À condition qu'Apple améliore tout ce qui gravite autour de son offre concernant les livres… En début d'année, la firme de Cupertino a fait un pas important en proposant gratuitement iBooks Author, un outil permettant de créer des livres interactifs très simplement. On a d'ailleurs souvent comparé cette application à HyperCard (lire : iBooks Author, héritier d'HyperCard). Mais Apple doit sans doute aller encore plus loin en proposant toute une infrastructure permettant par exemple de gérer l'achat et le déploiement de livres sur ses tablettes. Toujours dans cette optique, on imagine qu'iBooks sera également revu pour tirer profit au mieux de l'iPad mini.
À ce propos, on rappellera la vision initiale de Steve Jobs qui consistait à fournir par défaut toute une série de manuels scolaires d'office avec l'iPad (lire : Special Event : lorsque Steve Jobs voulait transformer les manuels scolaires).
Il n'y a pas que dans l'éducation que l'iPad mini a un potentiel certain. Chez les professionnels, dans certains secteurs, il pourrait également avoir une belle carte à jouer, notamment dans les situations d'extrême mobilité. Un appareil moins confortable, mais plus léger, qui peut se tenir facilement d'une main, pourrait être intéressant dans les hôpitaux, par exemple, où la tablette d'Apple a déjà fait une entrée remarquée…
Que va mettre Apple en avant pour séduire le grand public ? C'est sans doute la plus grande inconnue. Son format plus compact et son prix moins élevé pourraient lui permettre d'empiéter sur le marché des liseuses numériques. L'équation reste la même : moins confortable qu'une liseuse pour lire un livre, elle devrait être autrement plus agréable pour consulter un magazine.
L'iPad mini pourrait être également la télécommande idéale pour piloter un écosystème Apple. Outre tout ce qu’il est déjà possible de faire avec AirPlay, cela pourrait être un compagnon de choix à l'Apple TV. Agir comme télécommande ultra-moderne, qui non seulement permettrait de la piloter, mais également d'afficher des informations relatives à ce que vous êtes en train de regarder.
Par rapport à la concurrence, l'iPad mini aura un certain nombre d'arguments à faire valoir à commencer par une solide logithèque. Il devrait avoir accès aux 250 000 apps optimisées pour iPad qui sont disponibles sur l'App Store.
Comme toujours, ce ne sont que des suppositions, on y verra plus clair mardi prochain en fin de journée. Vous pourrez bien entendu suivre cet événement en direct via notre page spéciale !