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Rétro MacG : l’eMate 300

Anthony Nelzin-Santos

lundi 01 avril 2013 à 17:45 • 27

Matériel

7 mars 1997 : Apple présente l’eMate 300. 27 février 1998 : Apple arrête la commercialisation de l’eMate 300. Retour sur l’histoire de cet appareil méconnu.





L’intérêt d’Apple pour le marché de l’éducation est connu et reconnu. Elle a testé dès 1982 le déploiement d’Apple II dans des écoles californiennes par le biais de sa fondation Éducation. Tout au long des années 1980 et 1990, l’Advanced Technology Group va être un laboratoire d’expérimentation des thèses constructivistes : il accueille le concepteur du Dynabook, Alan Kay, et les recherches sur des environnements de programmation simples, mais puissants (HyperCard, AppleScript, Cocoa). L’eMate 300 est à la fois héritier et concrétisation de cette histoire : c’est le premier appareil Apple spécifiquement conçu pour le marché de l’éducation.



Sa coque en plastique dur semi-transparent — vert sur la version finale ; blanc, rose, violet ou même orange sur les prototypes — est censée résister à tous les affronts. Chaque élève glisse une carte comportant son nom et son adresse dans une petite pochette sous l’appareil, la poignée facilitant le transport. Le professeur peut monter son eMate sur un trépied, ou le placer dans une station d’accueil spécifique.






Subtil : le contraste entre les matériaux à l'arrière forme une pomme croquée. La trappe supérieure se démonte et permet d'accéder à la RAM et la ROM, seules pièces interchangeables — comme sur les Mac récents. Au milieu, une vis trépied, en haut à droite, les contacts pour la station d'accueil.




Parmi les applications incluses, on trouve un bloc-notes, une calculatrice, un petit grapheur et une liseuse électronique, mais aussi Works, un logiciel de traitement de texte combiné avec un tableur. L’enseignant dispose quant à lui d’une panoplie d’outils pour gérer sa classe, notamment pour synchroniser plusieurs eMate avec sa station d’accueil et récupérer les fichiers de ses élèves.



Mais surtout, alors que le moindre PowerBook 1400 vaut 2 500 $, l’eMate 300 vaut « seulement » 800 $. Pour atteindre ce prix, Apple n’a pas conçu l’eMate comme un petit Mac, mais plutôt comme un petit MessagePad. Il utilise ainsi un processeur ARM 710a à 25 MHz, alors que le MessagePad 2000 possède un processeur StrongARM SA-110 à 162 MHz. Même au niveau connectique, le MessagePad 2000 — un PDA, rappelons-le — est mieux doté : il dispose de plus de ports et d’un emplacement PCMCIA supplémentaire.






Apple avait prévu une utilisation ambidextre. Il manque de nombreux caractères au clavier français, dont les accents.




L’eMate 300 est toutefois adapté à sa cible : le délai de deux à trois secondes pour afficher un menu est insupportable même pour l’époque, mais passable pour des enfants. Le manque de ports n’est pas rédhibitoire, le port série et l’infrarouge suffisant dans le contexte scolaire. L’écran 480 x 320 à 16 niveaux de gris avec rétroéclairage rappelle le Macintosh Portable de 1989, mais il est très lisible, même en plein soleil. Et cet écran est tactile, une caractéristique reprise des MessagePad et unique dans ce format « ordinateur » dans l’histoire d’Apple.



On l’utilise avec un stylet, qui permet de cliquer et de défiler, mais aussi de dessiner et d’écrire. L’eMate 300 dispose du module de reconnaissance d’écriture de Newton OS — grandement amélioré dans Newton OS 2.1 au point d’être très efficace avec une écriture « bâton ». Apple avait même prévu que l’on puisse rabattre l’écran à plat, poser l’eMate sur son bras en le tenant par la poignée, faire tourner l’affichage et simplement écrire avec le stylet, le système convertissant en texte.






L'écran peut se rabattre complètement : l'eMate peut alors être utilisé debout.




Ce système de reconnaissance d’écriture a été porté vers Mac OS X sous la forme d’Inkwell. Ce n’est qu’une des avancées du Newton OS qui ont survécu :




  • il a fallu attendre Mac OS 8 pour entendre des sons lors du clic ;

  • certaines de ses animations (« poof » de la corbeille, tiroirs) étaient très avancées et n’ont pas été reprises avant Mac OS X ;

  • la navigation par onglets existe aujourd’hui dans les navigateurs, mais pas dans les explorateurs de fichiers ;

  • etc.





Un tour des sons, des animations et de la reconnaissance d'écriture de l'eMate 300. Remarquez que la cursive n'est pas reconnue, alors que l'écriture « bâton » est reconnue parfaitement (ici seulement en majuscules, mais en minuscules aussi).




L’eMate 300 est aussi un galop d’essai pour le nouveau design d’Apple. Travaillant pour Apple depuis 1992 et ayant notamment conçu le MessagePad 110, Jon Ive joue à l’époque avec la couleur et la transparence, s’inspirant des appareils électro-ménagers. L’eMate est un des premiers produits de cette réflexion : on voit tous ses composants par transparence. L’Apple Studio Display 15" (mars 1998) prolongera ce nouveau langage visuel, qui gagnera ses lettres de noblesse avec l’iMac (mai 1998) et l’iBook P1 (juillet 1999).






Le crochet de fermeture est robuste — mais pas les charnières, dont les ressorts peuvent sauter et déchirer au passage la nappe de l'écran. Un grave défaut de conception qui est la principale cause de « mortalité » de l'eMate 300, par ailleurs très difficile à réparer.




Par bien des aspects, l’eMate préfigure de nombreux produits lui ayant succédé. L’arrêt de mort de la gamme Newton est suivi de la promesse d’un successeur de l’eMate sous Mac OS, à paraître en 1999 : ce sera l’iBook P1. Contrairement à une opinion répandue, la forme en palourde de l’iBook n’est pas directement issue de l’eMate, qui en héritait lui-même du PowerBook 1400. Mais la poignée de transport de l’iBook, elle, est bien un hommage à l’eMate, et les deux machines partagent nombre de similitudes visuelles.



Alors que les PowerBook sont à l’époque des modèles de modularité et d’ouverture avec leurs baies d’extension et leurs trappes, l’eMate possède très peu de ports et est particulièrement difficile à ouvrir et réparer. La logique d’une très forte intégration des composants pour améliorer l’intégrité structurelle a été reprise par le MacBook Air et est désormais à la base de tous les appareils Apple.





Resté moins d’un an au catalogue d’Apple, l’eMate 300 est donc une machine à connaître : atypique et attachant, il est à la fois le dernier produit de l’Apple sans Steve Jobs et une avant-première de l’Apple du retour de Steve Jobs.

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