Apple ferait quelques infidélités à Amazon en déménageant chez Google une partie des services d’iCloud qui ne sont toujours pas hébergés dans ses propres installations. Amir Efrati, journaliste chez The Information, a évoqué cette opération au fil d’un tweet, des propos étayés par le site spécialisé CRN. Celui-ci parle d'un contrat signé à la fin de l'année dernière.
Que l’infrastructure d’Apple soit partiellement hébergée par l’un de ses concurrents n’a rien de surprenant. Google (Cloud Platform), Amazon (Web Services) et Microsoft (Azure) sont les principaux géants de l’hébergement de services de toutes sortes, gérés par des tiers qui trouvent là des plateformes prêtes à l’emploi pour stocker leurs données, celles de leurs clients et leurs applications web. Dans un document paru en septembre 2015 sur la sécurité d’iOS [pdf], Apple citait nommément AWS et Azure comme endroits où étaient stockés des données des utilisateurs d’iCloud.
Spotify, autre exemple, a annoncé il y a quelques jours qu’il arrivait chez Google (il était aussi chez Amazon). SnapChat et Rovio (Angry Birds) sont eux aussi chez Google. Un long article dans Wired publié cette semaine racontait l’énorme chantier entrepris par Dropbox depuis quelques années pour faire des économies en quittant Amazon Web Services afin de prendre ses quartiers dans ses propres data centers, sur des serveurs conçus par ses soins avec un système d’exploitation sur mesure.
AppleInsider, pour sa part, fait observer qu’une communication avec Message passée par le filtre de LittleSnitch, peut afficher les références d’un serveur de Google en Asie.
Amir Efrati ne donne pas beaucoup plus de détails, mais CRN parle de dépenses d’Apple de l’ordre de 400 à 600 millions de dollars pour Google Cloud Platform. Par contre, le site n’a pas pu savoir ce que recouvraient exactement ces montants (une dépense annuelle ?). Un rapport de Morgan Stanley en février évaluait à 1 milliard la somme qu’Apple consacrait annuellement à son utilisation d’Amazon Web Services.
L’activité de Jeff Bezos, qui domine ses concurrents de la tête et des épaules, ne devrait pas souffrir outre mesure de ce départ partiel d’Apple, estime CRN. Amazon dispose d’une part de marché de 31 % dans ce domaine contre seulement 4 % pour Google qui s’est lancé dans une politique de débauchage de clients. Et de citer une autre étude de Gartner qui donnait à AWS une capacité fonctionnelle supérieure à celles de ses 14 concurrents les plus proches réunis…
La raison de ce déménagement d’Apple répond peut-être à de banales considérations économiques, en attendant qu’elle puisse rapatrier ses données à domicile. On sait qu’Apple a au moins trois chantiers en cours pour de futurs data centers : un aux Etats-Unis en Arizona et deux en Europe (Irlande et Danemark). Ces deux derniers doivent être allumés en 2017, sauf retard.
[MaJ le 17/03] : Recode, qui a obtenu les mêmes informations, ajoute que le projet d'Apple de migrer à terme ses données sur ses propres sites porte le nom de code "McQueen", en référence à l'acteur et peut-être aussi en clin d'œil à l'un de ses films : La grande évasion…