La réponse du berger à la bergère ne se sera pas faite attendre. Cette nuit, le Department of Justice (DoJ) a rétorqué point par point à la défense d’Apple dans l’affaire de San Bernardino (lire : Le FBI tente de décrédibiliser Apple au tribunal). Quelques heures plus tard, c’était au tour du constructeur de dire le fond de sa pensée concernant l’argumentation du FBI et des autorités américaines, et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’Apple a bien l’intention d’utiliser le même ton acrimonieux que le gouvernement.
Bruce Sewell, vice-président en charge des questions juridiques, a organisé une conférence de presse sur le pouce. Sur la forme, il pointe le ton employé par le DoJ et l’avocate du gouvernement, Eileen Decker, qui fait penser à un « acte d’accusation »… alors que les représentants du FBI et du DoJ ont eu par le passé l’occasion de saluer la coopération d’Apple et son aide. James Comey, le patron du FBI, a eu l’occasion de dire qu’il n’y avait « pas de démons ici » : « Difficile de conclure ainsi [à la lecture de la réponse du DoJ] ».
En 30 ans de carrière, Bruce Sewell n’a jamais vu de document juridique dont l’objectif est clairement de salir l’autre partie « avec de fausses accusations et insinuations ». Apple et le FBI ne passeront pas Noël ensemble. « Pour la première fois, nous avons ici une allégation selon laquelle Apple aurait délibérément fait des changements pour bloquer les demandes des forces de l’ordre d’accéder [à un iPhone] », s’étonne-t-il. « C’est très choquant ».
Concernant l’argument manié par le DoJ selon lequel Apple se montrerait plus souple avec la Chine, il n’a « aucune substance » : Apple n’a pas de « relation différente et sinistre » avec le pays. L’argutie des autorités montre leur « niveau de désespoir », pointe Sewell. « Imaginez qu’Apple demande à une cour de justice si on peut faire confiance au FBI "parce qu’il existe de réelles interrogations sur le fait que J. Edgar Hoover ait ordonné l’assassinat de Kennedy… Consultez ThéorieDeLaConspiration.com pour les éléments de preuve ».
Bruce Sewell explique qu’Apple met au point des fonctions de sécurité pour « protéger [ses] utilisateurs des hackers et des criminels ». Le FBI « devrait nous soutenir parce que tout le monde est en sécurité ». Le débat tel que le DoJ l’a introduit cette nuit est « humiliant » et il essaye de « masquer les vrais problèmes sérieux ». « Je ne peux qu’en conclure que le DoJ est désespéré au point d’envoyer la vaisselle contre le mur ».
Le « coup bas » des autorités a étonné Apple, qui a pourtant l’habitude de travailler « main dans la main » avec le DoJ et le FBI. « Nous aidons quand on nous le demande. Nous sommes honnêtes sur ce que nous pouvons faire et ne pas faire ». Apple demande le respect dans cette histoire ; et ce n’est pas parce que l’entreprise est en désaccord avec le DoJ qu’elle est « le diable et anti-américaine ». « Rien n’est plus éloigné de la vérité ».