250 milliards de dollars ! Le chiffre parait irréel tellement il est élevé, mais il s’agit bel et bien de l’argent à disposition d’Apple, sa trésorerie de guerre. C’est dix milliards de plus qu’au trimestre précédent.
Le jeu des comparaisons est flatteur pour la société californienne. Cela ne signifie pas grand-chose en réalité, mais ce chiffre correspond grosso modo au PIB d’Israël en 2013. Le pays se classait alors 54e au classement établi par le Fonds Monétaire International.
Que faire de ces réserves qui sont, rappelons-le, à 90 % hébergées hors des États-Unis ? La question revient fréquemment sur le tapis, car il s’agit d’une situation unique. Jennifer Blouin, professeur de comptabilité à l’université de Pennsylvanie, comparait récemment Apple à un coffre-fort.
Avec de telles réserves, Apple pourrait se lancer dans des opérations financières d’envergure. C’est en tout cas le rêve éveillé de certains analystes. Interrogé sur un tel scénario, Tim Cook ne l’a jamais démenti. S’il y a une opportunité, Apple n’hésitera pas à la saisir.
Mais dans les faits, Apple se contente d’acquérir chaque année une grosse dizaine de petites sociétés. La plupart du temps, il s’agit de startups et le montant de l’acquisition se chiffre en dizaines, ou en centaines de millions de dollars. À ce jour, Beats reste la plus grosse emplette d’Apple et cette acquisition ne lui a coûté « que » trois milliards de dollars. Elle lui a permis de lancer Apple Music et de renforcer sa présence sur le marché des casques premium.
Se lancer sérieusement dans la création de contenus ou dans l’industrie automobile ?
Mais si Apple devait vraiment faire des folies, quelles pourraient être ses proies ? Ces dernières années, il y a trois noms qui sont revenus de temps à autre : Walt Disney, Netflix et Tesla. Ces trois entreprises ont des capitalisations boursières respectivement de 176, 67 et 52 milliards de dollars.
Apple pourrait acheter les deux dernières sans avoir à s’endetter. Des trois, Netflix est peut-être celle qui semble la plus réaliste et la plus facile à mettre en oeuvre. Cette société est devenue en l’espace de quelques années un acteur incontournable de la SVOD, un domaine sans vraie concurrence comme l’explique le Digital Guide 1&1.
À quoi bon se lancer dans une telle opération, alors que l’entreprise de Cupertino est présente de longue date dans la location et la vente de vidéos sur Internet avec iTunes ? Après avoir lancé Apple Music, acheter Netflix permettrait à Apple de lancer son Apple Video. Ce serait une manière très habile de continuer à basculer nos habitudes et la façon dont nous consultons des contenus vidéo. De quoi définitivement faire de l’Apple TV plus qu’un hobby.
Mais le principal intérêt de Netflix, c’est que cette société qui compte environ cent millions d’abonnés est devenue un producteur de contenus. Historiquement, la production de contenus est un domaine qui a toujours intéressé Apple. On se souvient que peu de temps après avoir lancé l’iPod, Apple s’était posé la question d’acheter Vivendi. À l’époque, cela n’avait pas été très loin, mais depuis le lancement d’Apple Music, la création de contenus semble plus que jamais l’intéresser.
De là à franchir le pas… Et en achetant Disney, ce serait la même chose puissance mille, tant les actifs de la maison de Mickey sont nombreux et variés. Mais là où Netflix permettrait à Apple de renforcer sa présence dans un secteur qui lui est capital, avec Disney, la marque à la pomme aurait sans doute tendance à perdre son identité, tant l’activité de sa proie est diversifiée.
En ce qui concerne Tesla, l’équation est plus simple, enfin presque. Ces deux sociétés sont souvent comparées et elles ont, entre autres, comme point commun de ne pas laisser indifférent. Quoi qu’il en soit, on a prêté pendant des mois à Apple l’intention de lancer sa voiture autonome. D’après les dernières rumeurs, la firme de Cupertino aurait décidé de réduire la voilure et de se concentrer sur les technologies permettant de rendre les voitures autonomes.
Apple a-t-elle décidé de se lancer sur ce marché promis à un bel avenir trop tard pour couper l’herbe sous le pied à ses concurrents ? En 2016 déjà, Elon Musk n’était déjà pas loin de le penser (lire : Elon Musk se demande si la voiture Apple n’arrivera pas trop tard) . Alors une manière de gagner du temps pour Apple, ce serait de sortir le carnet de chèques et d’investir dans Tesla.
Dit comme cela, les choses ont l’air simple. Dans la réalité, elles sont beaucoup plus complexes. On sait que l’idée a traversé l’esprit de certains responsables Apple en 2014, mais encore faudrait-il que la réciproque soit vraie. Et de ce point de vue, rien n’est moins sûr…
En attendant, malgré tout l’appétit que suscitent ces réserves (après tout, c’est tellement facile de dépenser l’argent des autres), il est probable qu’Apple reste fidèle à sa politique de petites acquisitions. On l’a vu encore ces derniers jours avec l’acquisition de Beddit, cette société spécialisée dans le suivi du sommeil. Les technologies de Beddit devraient tôt ou tard apparaître dans watchOS car ce qui intéresse avant tout Apple lors d’une acquisition, ce sont les technologies, le savoir-faire ou encore la matière grise. Et beaucoup plus rarement un business installé !
Finalement, à court ou moyen terme, ce qui reste le plus probable concernant le trésor de guerre d’Apple, c’est qu’il soit enfin rapatrié aux États-Unis. Donald Trump semble toujours décidé à mettre en place une amnistie fiscale pour le rapatriement des dollars à l’étranger afin d’être en mesure de financer une partie de son programme.
Image une : TamerLan