Il y a une semaine, Steve Mollenkopf , le patron de Qualcomm, interrogé par Bloomberg, entrevoyait une possibilité d'accord avec Apple alors que des échéances judiciaires sont prévues dans quelques mois.
Aujourd'hui, CNBC fait état d'une nouvelle plainte [PDF] déposée hier par le fournisseur des modems de l'iPhone et de l'iPad, pour violation d'un accord de confidentialité.
Axios en produit un extrait dans lequel Qualcomm n'y va pas par quatre chemins :
Bien que l'étude soit en cours, il est clair que le comportement d’Apple va bien au-delà de la simple violation du contrat initialement engagé. En effet, il est désormais évident qu'Apple s'est lancée dans une campagne de fausses promesses, de dissimulations et de subterfuges qui a duré des années et qui vise à voler les informations confidentielles et les secrets commerciaux de Qualcomm, dans le but d'améliorer les performances de chipsets modem de moindre qualité, avec comme objectif ultime d'éliminer Qualcomm de ses relations commerciales, au profit d'Intel.
Apple, affirme Qualcomm, a partagé depuis plusieurs années avec les ingénieurs d'Intel des informations techniques confidentielles pour les aider à se mettre au niveau.
Entre le premier iPhone et l'iPhone 3GS, Apple avait utilisé les modems d'Intel. Puis elle a basculé vers Qualcomm alors qu'elle lançait l'iPhone 4, premier compatible avec le réseau CDMA de l'opérateur Verizon, en plus du GSM (lire iPhone : la rumeur a Verizon). Avec l'iPhone 7, elle a remis Intel en selle aux côté de Qualcomm et ce dernier a fini par être évincé avec les XS et XS Max.
Un rude coup au vu de la popularité de l'iPhone et de ce qu'il peut représenter en termes de sources de revenus pour un fournisseur. Dans cette bataille, Apple cherche à obtenir un nouveau mode de calcul des royalties payées à Qualcomm, en les basant sur les seuls composants utilisés et non sur la valeur totale du téléphone.
Apple et Qualcomm ont signé un accord en 2010 où le second peut régulièrement vérifier que les informations qu'il communique au premier sont bien à l'abri. Apple a en effet obtenu, via un "Master Software Agreement", de pouvoir adapter le code de Qualcomm à ses besoins. Ce qui implique un accès très privilégié au logiciel de ces modems.
Les ingénieurs d'Apple qui ont accès à ce code source, les ordinateurs sur lesquels il est stocké et les lieux où cela se fait, tout cela doit être dûment consigné.
Dans sa plainte, Qualcomm déclare que des ingénieurs d'Apple ont à plusieurs reprises fourni du code source à leurs pairs chez Intel, et d'autres données confidentielles. Parfois c'était à leur initiative, parfois sur demande express des ingénieurs de Santa Clara. Ces développeurs chez Apple ont aussi prêté assistance à leurs collègues lorsqu'ils n'arrivaient pas à utiliser les fichiers logs générés par les composants Qualcomm. Apple utilisait alors les logiciels fournis par ce dernier, et couverts par le même contrat de confidentialité, pour aider Intel.
Qualcomm se plaint également de n'avoir pu conduire intégralement l'un de ses audits routiniers au printemps 2017. Apple y a fait obstruction de diverses manières et admis à cette occasion qu'elle n'avait pas tenu à jour sa liste des ingénieurs autorisés à voir ce code.
Qualcomm espère que cette plainte sera ajoutée à celle déposée en novembre, le rendez-vous devant les tribunaux est fixé au 26 avril prochain et devrait durer 20 jours.
Steve Mollenkopf se montrait il y a quelques jours tout à fait disposé à un accord avec Apple et à un retour à des relations commerciales normales : « Il n'y a pas de meilleure opportunité et de partenaire pour Qualcomm que de travailler avec Apple. Il y a une logique à ce que le leader technologique dans le mobile (Qualcomm, ndlr) soit partenaire du leader dans les produits ».
Peut-être Qualcomm s'estime-t-il suffisamment confiant dans ses chances, à l'aune de ces derniers développements, pour faire un appel du pied aussi marqué…