« Il est temps que le reste du monde, y compris mon propre pays, suive votre exemple [en matière de protection des données] », déclarait Tim Cook en octobre dernier face au Parlement européen, en faisant référence au RGPD. Des paroles en l’air ? Des élus américains reprochent à Apple de ne pas s’engager résolument en faveur de la confidentialité sur le plan législatif, rapporte le Washington Post dans un long article.
L’entreprise a pourtant participé à plus d’une centaine de réunions aux États-Unis où elle a débattu de ce sujet avec les législateurs. Tim Cook lui-même a invité au printemps six élus démocrates à l’Apple Park pour en discuter. Mais quand vient le moment de soutenir officiellement un projet de loi local, Apple se défile. Pire, elle s’y oppose parfois par l’entremise de lobbies, comme TechNet, dont elle fait partie avec Google, Facebook et d’autres, que Tim Cook pourfend publiquement.
Le groupe de recherche d’intérêt public de l’Illinois raconte qu’Apple a bien voulu s’impliquer dans un projet de loi qui criminaliserait la collecte non autorisée de captations sonores avec des appareils comme le HomePod ou un Amazon Echo. Mais cette participation visait à faire en sorte que le texte ne tienne pas Apple pour responsable en cas d’applications tierces qui violeraient la loi. Ce groupe de recherche considère qu’Apple a été un « obstacle » dans l’élaboration de ce projet de loi local qui a été finalement édulcoré.
L’entreprise a déclaré qu’elle comprenait la « frustration » au niveau local, et qu’elle était elle-même frustrée, mais « que le sujet est si important qu’il doit être traité pour l’ensemble des États-Unis. […] Nous avons déjà proposé notre aide pour rédiger le projet de loi et nous réitérons cette offre. » Pour Apple, ce serait donc tout ou rien. Des experts estiment pourtant que l’adoption d’une loi favorisant la protection des données par certains États pourrait favoriser l’institution d’un texte s'appliquant à l’ensemble des États-Unis.