Apple a insufflé une telle culture du secret chez Corning qu'en interne, on n'évoque le constructeur que par un nom de code. En octobre dernier, durant la présentation des résultats trimestriels de l'entreprise (elle fournit le verre des iPhone), son CEO Wendell Weeks a expliqué qu'il n'était pas très à l'aise de décrire ses relations avec la Pomme, même s'il s'agit d'un partenaire particulièrement important. Le constructeur a même puisé 250 millions de dollars dans son Advanced Manufacturing Fund pour financer le développement de Corning.
« Je dois vous dire qu'il n'est pas courant d'utiliser le nom "Apple" à voix haute » au sein de l'entreprise, a-t-il indiqué. « Je pense même ne l'avoir jamais dit [en interne]. Nous avons un nom de code pour Apple, nous ne disons jamais "Apple" à l'intérieur de l'entreprise (…) J'ai une crise d'angoisse rien qu'en disant leur nom à voix haute » ! Hélas, le dirigeant n'a pas voulu révéler quel était ce fameux nom de code…
Dans ces conditions, on comprend mieux le rétro-pédalage dans la semoule de Hyundai qui a eu l'outrecuidance de confirmer publiquement être en discussion avec Apple pour le développement de sa voiture électrique… avant de se reprendre en catastrophe (lire : Hyundai ne confirme plus qu’Apple a discuté avec plusieurs constructeurs automobiles). Cette boulette pourrait coûter cher à Hyundai alors que la rumeur évoquait une production en commun dès 2024.
CNBC rapporte qu'Apple demande à ses partenaires ne pas la mentionner en public ou aux médias. Une source du site précise aussi que ces exigences de confidentialité sont compliquées à respecter. Dans au moins un cas, Apple a menacé un fournisseur d'une pénalité de 50 millions de dollars (!) pour chacune des fuites qui sortiraient de chez lui : c'était chez GT Advanced, qui devait produire du saphir synthétique pour protéger les écrans des iPhone avant que cette histoire se termine en catastrophe industrielle (lire : La relation maître-esclave entre Apple et GT Advanced).
Dans le cahier des charges Business Conduct que s'engagent à suivre les employés et les partenaires d'Apple, l'entreprise demande d'être « très sélectif » au moment de révéler à des tiers des informations liées à Apple. « Lorsqu'une entreprise a besoin de partager des informations confidentielles avec un fournisseur, un vendeur ou un autre tiers, ne vous portez pas volontaire [et n'en dites pas] plus que nécessaire », explique le document.