En utilisant davantage de matériaux recyclés et en extrayant de ses produits en fin de vie beaucoup plus de matériaux réexploitables, Apple s'est donnée depuis 2017 l'objectif de ne plus compter que sur ce type de matériaux dans l'ensemble de ses produits.
En prélude à la célébration de la journée de la Terre le 22 avril, Apple fait un point d'étape sur ses initiatives visant à atteindre cet objectif de produits fabriqués exclusivement à partir de matériaux recyclés. Avec comme absolu de créer un cercle vertueux où les produits retirés du service servent à fabriquer les prochains.
Avant même de parler de démontage, il y a la filière des produits reconditionnés. En fonction des pays le choix et la variété des gammes proposées dans cette section de l'Apple Store sont plus ou moins fournis. En 2021 cela a réprésenté 12,2 millions de produits vendus à de nouveaux propriétaires qui les auront préférés à du neuf. C'est bienvenu mais ça reste une goutte d'eau.
Sur le plan des matériaux, on sait Apple gourmande depuis longtemps en aluminium. En 2021, plus de la moitié (59 %) employée pour la fabrication de ses produits était issue de procédés de recyclage. Certains produits utilisent cette variété à 100 %, notamment pour leur châssis. Dans son rapport environnemental précédemment publié, étaient classés dans cette seconde catégorie les Mac mini, MacBook Air, tous les iPad et les derniers MacBook Pro 14 et 16" ainsi que les Apple Watch SE et Series 7.
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Le plastique est également dans le viseur. Les films de protection des boites d'iPhone 13 ont disparu. Pour autant, même sur un produit nouvellement arrivé, ce n'est pas encore en règle. C'est le cas de l'iPhone SE 2022 dont l'écran, lorsqu'on ouvre sa boite, demeure couvert d'un film plastique alors qu'une peliculle de papier recouvre ceux des iPhone 12 et 13. D'ici 2025, Apple promet de supprimer tout plastique de ses emballages. En 2021 cette présence s'élevait à 4 %. Un long chemin a été parcouru puisque depuis 2015, la Pomme dit avoir réduit cette part de 75 % dans ses packaging.
D'autres matériaux recyclés ont vu leur proportion augmenter l'année dernière dans la fabrication des produits. Les terres rares recyclées par exemple ont pesé pour 45 %, par opposition aux 55 % issus directement de l'exploitation minière. L'iPhone 12 a été une exception à sa sortie avec 98 % des terres rares qu'il contient, provenant du recyclage. On trouve ces minerais dans les haut-parleurs, dans le Taptic Engine, les modules caméra ou dans les micros. De l'or provenant de filières du recyclage a fait son entrée en 2021 dans les produits d'Apple au moyen des iPhone 13 et 13 Pro. Il est employé pour le placage des carte-mères de ces téléphones et le câblage des caméras avant et arrière.
À l'autre bout de la chaîne, lorsque le client s'est séparé de son produit, il convient d'en récupérer autant de composants et matériaux recyclables que possible. Pour une tonne de composants d'iPhone désassemblés, Apple assure pouvoir récupérer un volume d'or et de cuivre équivalent à ce qu'aurait généré l'extraction de 2 000 tonnes de terre et minerais.
Le robot Daisy avait été conçu pour automatiser le désassemblage d'iPhone avant le tri de ses composants. Les 15 modèles du téléphones pris en charge par la machine sont passés à 23. Daisy sait traiter les gammes allant des iPhone 5 jusqu'aux 13.
Ce robot ne gère cependant qu'une fraction des iPhone retirés du marché. Dans son communiqué, Apple parle d'un maximum actuellement de 1,2 million de téléphones par an. Et dans son précédent rapport, elle expliquait à nouveau que Daisy fonctionnait essentiellement au Pays-Bas, avec des iPhone récupérés auprès d'opérateurs téléphoniques ou de vendeurs qui reprennent d'anciens modèles contre l'achat d'un nouveau (un autre Daisy tourne aux États-Unis).
Daisy, le nouveau robot d'Apple qui recycle l'iPhone
Apple ne semble pas partie pour construire des armées de Daisy, en tout cas elle n'en a pas manifesté l'intention. En revanche elle propose des licences gratuites des inventions de ce robot aux sociétés ou chercheurs qui voudraient mettre au point leur propre chaine de démontage. Daisy n'est pas la seule à dépiauter des iPhone, son compagnon Dave l'épaule pour trier certains matériaux réutilisables comme le tungstène des Taptic Engine.
Un troisième larron s'est ajouté à ce dispositif : Taz le broyeur. Il est conçu pour récupérer plus de terres rares et mieux séparer les aimants des modules audio que ne le feraient des broyeurs plus classiques pour les appareils électroniques. Taz est en test, après une collaboration d'Apple avec une société texanne spécialisée dans la récupération de matériaux.
Apple parlait aussi dans son rapport de machines semi-automatisées ou d'outils conçus sur mesure pour aider par exemple au démontage des boitiers d'AirPods. Ces derniers demeurent dans l'ombre des progrès accomplis par Apple pour démonter et récupérer des pièces internes ou des matériaux. Dans son rapport 2021, Apple parlait ainsi de recherches en cours pour récupérer des éléments de ses Pencil, autre accessoire délicat à démonter mais qui ne se vend pas dans les mêmes proportions que les AirPods.
C'est tout le paradoxe de la situation, Apple doit trouver des moyens ingénieux et efficaces pour désassembler des appareils dont elle a dirigé la conception de A à Z et en extraire les éléments les plus précieux.
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