En dépit d'une politique du « quoi qu'il en coûte », Microsoft n'a jamais réussi à déloger Google comme moteur de recherche par défaut sur les appareils Apple. À l'occasion du procès antitrust de Google aux États-Unis, Satya Nadella a détaillé tous les compromis que son entreprise était prête à faire pour s'imposer chez Apple, ainsi que son point de vue sur cet échec.
Jonathan Tinter, vice-président Business Developpement chez Microsoft, avait raconté quelques jours auparavant qu'une dépense de plusieurs milliards de dollars avait été envisagée pour damer le pion à Google. Microsoft était en fait prêt à dépenser jusqu'à 15 milliards de dollars par an pour faire de Bing le moteur de recherche par défaut des iPhone, des iPad et des Mac, a précisé son CEO lors de son audition rapportée par The Verge.
Ce n'est pas tout. Satya Nadella a assuré qu'il était disposé à cacher la marque Bing et à respecter toutes les demandes de confidentialité d'Apple. Quel intérêt alors pour Microsoft de devenir le moteur de recherche par défaut des appareils Apple ? La masse d'utilisateurs.
« Nous devions être moins avides et plus compétitifs », a expliqué le dirigeant devant le tribunal. En devenant la solution par défaut de plus d'un milliard d'appareils à travers le monde, l'utilisation de Bing aurait mécaniquement explosé, charriant ainsi plus de données pour améliorer le service et attirer des annonceurs. Satya Nadella veut croire qu'en créant ce cercle vertueux Bing aurait pu rattraper la qualité de Google.
Pourquoi Apple n'a-t-elle pas délaissé Google au profit d'un Microsoft qui était prêt à tous les compromis ? Eddy Cue a répondu récemment qu'Apple avait fait ce choix parce que Google était simplement le meilleur moteur de recherche.
Eddy Cue a défendu l'accord entre Apple et Google devant le tribunal
Selon Satya Nadella, ce n'est qu'une partie de l'explication. Outre un accord financier extrêmement lucratif avec Google (la candidature de Bing lui ayant permis de faire monter les enchères), Apple a pu avoir peur d'éventuelles représailles de la part de Google si celui-ci perdait son statut de moteur de recherche par défaut. Google aurait pu utiliser Gmail, YouTube et ses autres services extrêmement populaires pour pousser les utilisateurs à télécharger Chrome aux dépens de Safari, estime le patron de Microsoft. Selon lui, c'est cette crainte qui maintient Apple et Google ensemble plus que tout.
En réalité, même en étant la solution intégrée aux appareils Apple, Google ne se prive pas d'exploiter ses produits les plus populaires pour en promouvoir d'autres. Il suffit d'ouvrir Gmail sur Safari pour voir apparaître un message invitant à télécharger Chrome, « recommandé » par Google. Satya Nadella le sait certainement — tout comme il sait que Microsoft utilise les mêmes stratagèmes pour populariser Edge —, mais dans ce procès qui vise à déterminer si Google a abusé de sa position dominante, il ne fait pas de cadeau à son concurrent.
De même, tandis qu'il avait assuré au printemps que l'intelligence artificielle allait bouleverser le marché de la recherche, le patron de Microsoft a minimisé ce propos. « Voyez ça comme de l'exubérance de la part de quelqu'un qui a 3 % du marché », a-t-il déclaré au tribunal.