Apple aime tant l’environnement qu’elle recycle jusqu’aux salariés de ses concurrentes. En analysant les profils LinkedIn des personnes passées par quatorze entreprises de la Silicon Valley1, Switch On Business montre qu’au moins 5,70 % des employés de la firme de Cupertino sont passés par l’une de ses rivales. Apple attire tout particulièrement les salariés (sans rancune) d’Intel et de Microsoft.
La portée de l’étude de Switch On Business, une entreprise new-yorkaise spécialisée dans la comptabilité, est nécessairement limitée, mais il n’empêche qu’elle montre que le temps des « pactes de non-agression » est définitivement révolu. Dix ans après la fin des accords qui ont empêché au moins 60 000 salariés de changer librement d’employeur, au point que l’on pouvait qualifier Steve Jobs de directeur des ressources humaines de Google, la Silicon Valley est devenue une grande lessiveuse.
Plus d’un quart des salariés de Meta ont travaillé pour un autre géant de la tech (15 527 personnes), contre seulement 2,28 % chez IBM (6 343 personnes), qui possède de robustes circuits de formation et de promotion internes. Google emploie plus de 38 000 personnes venues d’ailleurs, Microsoft plus de 27 000 employés, Amazon près de 19 000 et Apple près de 17 000. Amazon, Google et Meta puisent principalement dans le vivier de Microsoft, qui attire quant à elle les anciens salariés d’IBM et d’Oracle.
Ces mouvements sont peut-être moins surprenants que l’identité de l’ancien employeur de 4 773 salariés d’Apple, Intel, jusqu’à ce que l’on se souvienne qu’elle a acheté la division modems de la firme de Santa Clara, qui comptait plus de 2 000 employés. Il n’est pas tout à fait étonnant qu’une entreprise qui conçoit ses propres puces recrute parmi les rangs d’un fondeur. La présence de Microsoft (2 811 salariés) et d’Amazon (2 245) dans le top 3 prouve la perméabilité des entreprises de la Silicon Valley, tandis que celle de Google (2 126) montre l’importance des filières de la cartographie et de la recherche.
Comme Google et Meta, Apple a recruté plus de salariés chez ses concurrents que ses concurrents n’en ont recruté chez elle. Amazon et Microsoft, dont plus de 20 000 salariés ont rejoint Google, suivent le mouvement inverse. Les deux entreprises ont toutefois un profil diamétralement opposé : une bonne partie du million et demi de salariés d’Amazon travaille dans ses entrepôts, alors que Microsoft emploie une petite armée de développeurs d’un âge plus avancé que la moyenne dans la Silicon Valley.
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Alphabet, Amazon, Apple, Meta, Microsoft, IBM, Tesla, Oracle, Netflix, Nvidia, Salesforce, Adobe, Intel et Uber. ↩︎