Les cinéphiles ont toujours tendance à se méfier des suites. C’est qu’en général, les suites leur donnent des raisons de se méfier : après un bon film, là ou les suites n’ont souvent d’autres buts que d’augmenter encore les profits du long-métrage original. En étant le plus souvent bien plus médiocres. Il faut bien des exceptions pour confirmer ces règles, et la saga Toy Story fait incontestablement figure d’exception.
Sorti en 1995, Toy Story était le premier film de Pixar, mais c’était aussi le premier long-métrage d’animation réalisé uniquement avec des ordinateurs et des images de synthèse. La prouesse technologique était suffisante pour justifier que le film soit intéressant, mais Pixar a aussi signé un grand film. Avec uniquement des jouets de plastique, Toy Story racontait une histoire touchante et même émouvante, une prouesse.
Après un tel succès, autant critique que public, n’importe quelle suite aurait dû être un échec… et pourtant. Toy Story 2 en 2000 puis Toy Story 3 en 2010 ont été deux succès, non seulement sur le plan technique — l’animation a énormément progressé ces dernières années —, mais aussi et surtout sur le plan scénaristique. On peut même dire que ces suites ont fait mieux que l’original, ce qui est une belle prouesse.
Dans ces conditions, l’annonce d’un Toy Story 4 pour 2017 officialisée aujourd'hui ne devrait pas trop nous inquiéter… mais elle pose en même temps quelques problèmes. Lorsque le premier Toy Story est sorti, au milieu des années 1990, Steve Jobs n’était pas encore de retour chez Apple et il était très impliqué chez Pixar (il en était alors son PDG). C’est lui que l’on voyait, aux côtés de John Lasseter (directeur artistique de Pixar), pour défendre le film et Pixar dans des interviews après la sortie du film.
« Toute cette technologie est au service de l’histoire » : Steve Jobs était très clair dans cette interview de 1996. Pixar venait de passer une dizaine d’années à travailler sur la technique, sans jamais raconter d’histoire, mais en produisant des dizaines de petites vidéos. Quand ils ont été prêts, ils ont écrit une histoire et l’ont racontée avec un crayon très cher, comme les studios Disney le faisaient à l’époque avec des crayons et du papier.
Près de vingt ans après, Pixar aurait-il oublié cet esprit des origines ? Le studio multiplie les suites et même si Toy Story 3 prouve qu’il sait encore raconter de grandes histoires, d’autres suites ont été beaucoup moins réussies (Monstres Academy et surtout le très moyen Cars 2). Que les fans se rassurent toutefois, ce Toy Story 4 semble entre de bonnes mains : il sera dirigé non seulement par John Lasseter qui avait signé le premier volet, mais aussi par Lee Unkrinch qui avait signé le dernier, mais encore par Pete Docter à qui l’on doit l’excellent Là-Haut et Andrew Stanton qui avait réalisé Le Monde de Némo.
C’est le Pixar des origines qui se réunit autour de Toy Story 4 et on espère que la saga donnera à nouveau tort à tous les cinéphiles qui pensent que les suites au cinéma sont toujours mauvaises. Réponse en 2017… mais d’ici là, on pourra découvrir la prochaine production originale de Pixar. Vice-Versa est un film intriguant et très prometteur, à découvrir à l’été 2015 !