Yahoo! ne compte plus vendre sa participation dans le géant chinois du commerce électronique Alibaba. Contre l’avis de sa directrice générale Marissa Mayer, et sous la pression du fonds d’investissement Starboard Value, le conseil d’administration de la société a plutôt décidé de se débarrasser de tout sauf d’Alibaba.
Le groupe Alibaba reste méconnu en Europe, bien qu’il opère la plus grande plateforme de vente B2B dans le monde, contrôle l’« eBay chinois » Taobao, et intervienne dans la moitié des transactions financières chinoises en ligne par le biais d’Alipay. Un groupe qui a fait de son fondateur Jack Ma l’homme le plus riche de Chine, et dont Yahoo! détient 15 % du capital.
Marissa Mayer espérait financer le recentrage de Yahoo! en vendant cette participation pour 35 à 40 milliards de dollars. Un montage complexe aurait dû lui permettre de réaliser cette transaction en dehors des frontières américaines, et ainsi d’économiser plus de dix milliards de dollars d’imposition. C’était sans compter l’IRS, prêt à aller au procès pour calmer les ardeurs de Yahoo!.
L’opposition du fisc américain a eu raison de la patience des investisseurs, dont certains comme le fonds d’investissement Starboard Value arguaient en faveur d’une vente des autres propriétés de Yahoo!. Le conseil d’administration leur donne aujourd’hui raison : en lieu et place de scission, il propose une scission inversée.
Yahoo! transférerait tous ses actifs à une nouvelle société cotée, pour ne rien conserver d’autre que sa participation dans Alibaba. L’opération devrait prendre un an, le temps d’obtenir l’accord des partenaires de la société, des actionnaires, et des régulateurs. Mais elle devrait être moins coûteuse que ne l’aurait été une taxation en bonne et due forme des revenus de la vente d’Alibaba.
L’idée est même qu’elle puisse être rémunératrice, puisque Yahoo! pourrait en profiter pour se vendre à la découpe. Softbank pourrait par exemple reprendre le contrôle de Yahoo! Japan, le site le plus visité au Japon, les parts de Yahoo! étant estimées à plus de huit milliards de dollars. Le reste de la société, dont le portail est encore aujourd’hui le cinquième site le plus visité dans le monde, vaut quelques milliards.
Autant dire que Yahoo! telle qu’elle existe depuis 1995 vit ses derniers mois, sauf nouvelle volte-face de dernière minute. On ne peut pas dire que la stratégie de Marissa Mayer est un échec : l’acquisition de Tumblr et la production de contenus originaux adaptés pour le mobile ont porté leurs fruits. Mais elle n’est pas un succès non plus : la croissance des nouvelles divisions ne compense pas les pertes des anciennes.