Google payait tellement cher les salariés les plus importants de l'équipe en charge des véhicules autonomes que plusieurs d'entre eux ont tout simplement décidé de repartir en quête de nouveaux défis, tranquillement assis sur la montagne de dollars généreusement donnée par le moteur de recherche. Bloomberg décrit le système de rémunération mis en place par l'entreprise pour retenir les ingénieurs les plus capés. On en comprend qu'ils étaient effectivement très très bien payés.
Ce système a été mis en œuvre en 2010, peu après la présentation du premier véhicule autonome de Google. Il s'agissait de lier les rémunérations à la progression du projet, chaque étape franchie permettant de débloquer de nouveaux bonus. Ces primes étaient placées sur des comptes spéciaux, pour lesquels Google appliquait un coefficient multiplicateur au bout de quelques années.
Le site ne sait pas dire les montants précis en question, mais ils étaient très élevés. Il donne l'exemple de ce salarié qui a bénéficié d'un multiplicateur de bonus de… 16. De la « fu*k you money », comme l'ont baptisé deux sources du site, de quoi passer quelques hivers au chaud en somme. Ou un matelas confortable pour créer des entreprises concurrentes au projet de Google.
Ces émoluments ont contribué aux progrès phénoménaux du secteur de l'automobile autonome, que ce soit pour Google évidemment, mais aussi pour la concurrence. Le revers de la médaille, c'est que ces millions de dollars, versés fin 2015 aux plus anciens cadres de la division, ont poussé plusieurs à se lancer en solo. Cela a été le cas de Bryan Salesky, dont Argo AI a été acquis par Ford pour un milliard de dollars ; de Chris Urmson l'ancien patron du projet qui a fondé sa propre start-up ; ou encore de cette petite équipe qui a créé Otto… Une jeune pousse avalée rapidement par Uber.
Ces rémunérations particulièrement confortables ont pesé sur les dépenses d'Alphabet, la maison-mère de Google. Au dernier trimestre 2015, les charges d'exploitation avaient augmenté de 14% pour atteindre 6,6 milliards de dollars, une hausse due notamment aux dépenses de recherche et développement du groupe dans ses « Other bets », c'est à dire les projets du labo X.
Pour Alphabet, la création en décembre dernier de Waymo répond à l'impératif de refroidir le carnet de chèques. Cette filiale en bonne et due forme a pour mission de développer un système de conduite autonome pour des constructeurs (lire : Waymo, la nouvelle entreprise d'Alphabet pour la conduite autonome). Le système de bonus précédent a été remplacé par une structure de rémunération plus uniforme qui traite tous les salariés sur un pied d'égalité. Au risque, peut-être, de voir les profils les plus intéressants débauchés par d'autres entreprises plus généreuses…