La duplicité et le dilettantisme ne coûtent finalement pas si cher quand on s'appelle Facebook. Le réseau social a accepté l'accord proposé par la la FTC (Federal Trade Commission), le gendarme américain du commerce : contre 5 milliards de dollars, le réseau social solde à bon compte ses mauvaises manières en matière de confidentialité des données.
Cette amende est la plus élevée jamais infligée par la FTC ; elle représente 9% du chiffre d'affaires de Facebook (55,8 milliards de dollars en 2018). Cela paraît beaucoup sur le papier, mais pour le réseau social, ce n'est finalement pas une si mauvaise affaire. Facebook a multiplié les infractions à la vie privée de ses utilisateurs, le summum ayant été atteint avec le scandale Cambridge Analytica.
Les données de 87 millions d'utilisateurs avaient alors été exploitées indûment, notamment au profit de la campagne électorale de Donald Trump. Depuis, malgré les contritions publiques de Mark Zuckerberg et d'innombrables promesses de mieux faire, les failles de sécurité et exploitation frauduleuse de données se sont poursuivies.
L'accord avec le FTC contient aussi une batterie de mesures « sans précédent » visant à serrer la vis de Facebook. Mais là encore, l'entreprise se paie surtout de mots pour le moment : il est question de « restructuration » de son approche de la confidentialité et de mise en place de « mécanismes » pour s'assurer que les dirigeants soient tenus responsables de leurs décisions (on croit rêver) en la matière.
Un des deux membres du FTC qui a voté contre cet accord, Rohit Chopra, a détaillé les raisons de son refus. Selon lui, cette entente n'empêche pas les pratiques de surveillance du réseau social, il ne pose aucune restriction en matière de collecte des données. Il estime aussi que les dirigeants de Facebook, à commencer par Mark Zuckerberg et son bras droit Sheryl Sandberg n'ont pas été inquiétés malgré leur rôle dans ces infractions.
Pour Chopra, les infractions « flagrantes » de Facebook sont la conséquence directe du modèle économique de l'entreprise qui s'appuie sur la « surveillance de masse et la manipulation ». L'accord de la FTC ne règle pas le problème. Cette amende intervient dans un contexte de plus en plus compliqué pour les grandes plateformes : pas plus tard qu'hier, le ministère américain de la Justice a lancé une vaste enquête sur les pratiques des géants du numérique. Dont Facebook…