À moins d'une énorme surprise judiciaire, Joe Biden prendra possession du bureau ovale de la Maison Blanche le 20 janvier prochain. Beaucoup espèrent une présidence plus apaisée qu'avec Donald Trump, mais il n'est pas dit que les grandes entreprises de la tech soient moins bousculées que ces quatre dernières années. Le futur 46e président américain a une dent contre Facebook en particulier, accusé durant la campagne de privilégier le camp d'en face.
Pour mettre au point sa politique technologique, Joe Biden s'est entouré de plusieurs huiles de l'industrie. Cynthia Hogan, ancienne vice-présidente d'Apple chargée des affaires gouvernementales, fait partie de l'équipe de transition, tout comme Jessica Hertz, ancienne associée aux affaires juridiques chez Facebook. Eric Schmidt, l'ancien CEO de Google, pourrait prendre la tête d'une « task force » sur l'industrie des nouvelles technologies.
La vice-présidente Kamala Harris, sénatrice de Californie, compte parmi ses supporteurs Marc Benioff, le patron de Salesforce, et Sheryl Sandberg, numéro 2 de Facebook. Son beau-frère est le directeur juridique d'Uber. Autrement dit, la future administration Biden compte beaucoup de relais au sein de la bulle des technologies. Cela ne signifie pas pour autant que les grandes entreprises du milieu pourront se la couler douce.
Le futur président devra notamment trancher sur la question de la concurrence et in fine, celle du démantèlement. Joe Biden avait expliqué qu'il fallait regarder de très très près ce dossier, sans toutefois se prononcer de manière définitive. La gauche du parti démocrate réclame des mesures fortes, et un rapport récent de la Chambre des représentants a confirmé qu'Apple, Amazon, Facebook et Google concentraient trop de pouvoirs.
Néanmoins, beaucoup seront soulagés de ne pas avoir à jouer les pompiers au moindre tweet incendiaire du président. Arvind Krishna, le CEO d'IBM, a publié une lettre ouverte au président désigné pour le féliciter et lui faire part des doléances de l'entreprise, notamment la modernisation des infrastructures aux États-Unis, la promotion de la diversité et de l'inclusion, la lutte contre la COVID-19 grâce aux technologies.
En ce qui concerne le dossier chinois, si on n'attend pas de Joe Biden qu'il mette le feu à la table des négociations comme son prédécesseur, sur le fond les positions sont assez proches. Le nouveau président veut néanmoins mettre en place une politique plus globale avec la Chine, en liant commerce, diplomatie, technologies et changement climatique. De ce point de vue, Huawei pourrait bénéficier d'une détente relative de la Maison Blanche.
Il est probable que l'administration Biden veuille serrer la vis aux réseaux sociaux sur la modération des contenus. C'est la fameuse section 230 que Donald Trump voulait réformer, un texte qui déresponsabilise les plateformes vis à vis des contenus publiés par leurs utilisateurs — et qui leur donne une grande liberté pour diffuser fausses nouvelles et théories du complot en tout genre. L'an dernier, Joe Biden avait expliqué que « la section 230 [devait] être révoquée » voire tout simplement supprimée, une position qui a été reprise par Trump. Dans ce cas, les réseaux sociaux seraient tenus responsables des propos de leurs utilisateurs, ouvrant la voie à des poursuites judiciaires.
Autre dossier brûlant, la neutralité du net. Mise à la poubelle par la précédente administration, ce principe qui garantit un même traitement à toutes les données qui transitent dans les tuyaux des opérateurs pourrait être restauré.