Petit coup de règle sur les doigts pour Meituan : selon Bloomberg, le géant chinois de la livraison de repas à domicile a été condamné par le régulateur des marchés à payer une amende de 3,44 milliards de yuans, soit environ 461,5 millions d'euros. Cette sanction n'est que la dernière d'une longue série de mesures ciblant l'industrie tech chinoise : cet été, le gouvernement éjectait par exemple Didi des boutiques d'apps, reprochait à WeChat sa gestion des données personnelles et limitait le temps de jeu en ligne pour les mineurs.
Cette amende salée — la conclusion d'une enquête qui visait Meituan depuis quelques mois — vient sanctionner la société pour son manque de respect des lois antitrust. Le régulateur chinois des marchés reproche entre autres à Meituan (le principal concurrent d'Ele.me, le service d'Alibaba de livraison de repas) d'imposer des partenariats exclusifs avec les restaurateurs, et a donc également exigé que la société rembourse toutes les cautions récoltées dans le cadre de ces partenariats.
Meituan était une cible de choix pour le gouvernement de Xi Jinping, qui cherche à rappeler que même le secteur florissant des technologies doit se mettre au pas : l'application de livraison « Meituan Waimai » (« Meituan à emporter ») est une partie quasi indispensable du quotidien de la population chinoise car elle met en relation des clients affamés avec un nombre étourdissant de restaurateurs et propose la livraison à domicile pour une poignée de yuans (en général un ou deux euros tout au plus).
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Ce n'est pas la première fois que Meituan s'attire les foudres des autorités pour ses pratiques anticoncurrentielles ou le traitement de ses employés. Les livreurs Meituan doivent en effet respecter un emploi du temps très serré (afin de toucher un salaire très modeste), ce qui les incite à négliger leur propre sécurité et le code de la route : en Chine, il n'est pas rare de les voir zigzaguer à toute allure sur leur scooter électrique en quête de leur prochaine livraison, ce qui provoque occasionnellement des accidents mortels.
Malgré le montant impressionnant de l'amende, le patron de Meituan Wang Xing devrait cependant avoir le sommeil tranquille : ces milliards de yuans ne représentent que 3 % du chiffre d'affaires de sa société en 2020. Face aux régulations de plus en plus agressives du gouvernement chinois, il est cependant avisé de montrer patte blanche. En juin dernier, Wang Xing cédait 10 % de ses actions (57,32 millions d'actions, presque deux milliards d'euros) à sa propre organisation philanthropique et, plus récemment, Meituan s'engageait à faire davantage attention au bien-être de ses livreurs.