Autodesk (AutoCAD, 3ds Max, Maya, Alias, Smoke…) a annoncé à des analystes que la société pensait sérieusement ne plus proposer de « vente » de logiciels (les « licences perpétuelles »), mais uniquement des « locations » (système d’abonnement).
L’éditeur de logiciels compte imposer à ses clients le modèle économique de « location » de licences, initié par Adobe il y a quelques années et repris par Microsoft avec Office. Celui-ci permet un accès moins coûteux aux logiciels (en façade du moins), car le prix de l’abonnement mensuel de ces logiciels professionnels n’est pas très élevé, donc plus facilement envisageable pour un étudiant par exemple. Le système apporte aussi plus de flexibilité pour la gestion des abonnements par les entreprises clientes, car certains éditeurs permettent de s’abonner sans engagement. Pour les éditeurs, l’intérêt est de disposer de revenus plus réguliers et étendus dans le temps. Par contre, le système d’abonnement est généralement plus coûteux que l’achat d’un logiciel pour peu que l’utilisateur se serve du logiciel pendant plusieurs années.
Selon le PDG Carl Bass, la hausse du chiffre d’affaires au deuxième semestre 2014 qui s’est terminé fin juillet (+13 % de hausse avec un chiffre d'affaires de 480 millions $) s’explique par la fin du système classique de mise à jour l’année prochaine (achat d’une nouvelle licence perpétuelle, proposée avec une remise aux possesseurs des versions précédentes du logiciel). Celui-ci sera remplacé par un système de mises à jour par abonnement mensuel ou annuel (ou bien par l’achat d’une licence perpétuelle sans remise). Le résultat net (23,6 millions d’euros pour ce dernier trimestre) est en baisse par rapport aux résultats de l’année précédente pour la même période (46,5 millions d’euros). Les entreprises utilisant les outils d’Autodesk semblent avoir anticipé ce changement imposé par l’éditeur et les abonnements se sont multipliés, d’où un CA en augmentation. Depuis un an, l’éditeur annonce en effet qu’il cessera de proposer le système traditionnel de mises à jour dès 2015.
Si les clients ne veulent pas passer par les fourches caudines de l’abonnement aux logiciels d’Autodesk, il ne leur restera que la possibilité d’acheter une licence perpétuelle. Ils pourront s’en servir sans limitation de durée, mais le logiciel ne sera plus mis à jour. Il n’y aura plus de corrections de bugs, et plus de nouvelles fonctions contrairement à la version proposée aux clients ayant souscrit à un abonnement. Et au bout de quelques années, si les nouvelles fonctions de la version en « location » tentent trop l’utilisateur, ou si la version qu’il a achetée ne fonctionne plus sur le système d’exploitation de son ordinateur, il n’aura d’autre choix que de racheter une nouvelle licence perpétuelle de son logiciel, toujours sans mises à jour. Ou partir chez un éditeur concurrent…
A un analyste qui demandait si Autodesk comptait « mettre fin aux licences perpétuelles » (les « achats » classiques de logiciel), le PDG a répondu que l’éditeur l’avait envisagé, y réfléchissait sérieusement et aurait des nouvelles à annoncer début octobre, lors de la réunion des actionnaires de la société. Il a notamment précisé qu’il serait surpris si dans trois ans, on utilisait encore le système des licences perpétuelles. Autrement dit, il ne croit pas que les éditeurs continueront à vendre leurs logiciels, et ne les proposeront plus que sous la forme de « location» avec un système d’abonnement au mois ou à l’année.