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L'illusion du top des ventes sur le Mac App Store

Florian Innocente

vendredi 08 mai 2015 à 14:30 • 59

Logiciels

Apparaître dans le top 10 des meilleures ventes sur le Mac App Store ne se traduit pas nécessairement par un joli chèque et de gros volumes. Sam Soffes, un développeur, a publié le résultat de ses ventes après avoir mis en ligne Redacted (4,99 €), un petit utilitaire tout simple pour flouter ou masquer certaines parties d'une image ou d'un document.

Mercredi, voyant Redacted filer directement à la 8ème place des meilleures ventes d'apps payantes (et à la première dans la partie outils graphiques) il avait demandé à ses followers sur Twitter d'estimer le chiffre d'affaires pour ce premier jour. La moyenne, à partir de ces appréciations au doigt mouillé, s'était établie à 12 400 $ (11 000 €).

Le lendemain, Sam Soffes a obtenu son rapport des ventes sur ces 24h et la somme récoltée une fois ôtés les 30% d'Apple : 302 $ (268 €).

Cette envieuse 8ème place — du moins en apparence — s'était traduite par seulement 94 ventes de son logiciel, dont 7 unités offertes à quelques-uns des participants à son sondage sur Twitter. Et au bout du compte une somme tout ce qu'il y a de plus modeste. Même pas de quoi acheter une Apple Watch.

Redacted 1.0 Demo from Sam Soffes on Vimeo.

Le développeur ne dépend heureusement pas de cette seule activité. Cet utilitaire est un projet personnel, il vient de commencer à travailler chez un éditeur iOS et Android.

À la suite de ce constat, Dan Counsel, le fondateur de Realmac, a partagé quelques chiffres de ventes du 6 mai pour ses propres titres (Clear, Ember, RapidWeaver, Typed), sur l'App Store et le Mac App Store.

Une journée de vente comme d'autres, sans événement particulier (pas de révision ou de lancement d'une grosse mise à jour). Il a aussi mis en parallèle ce qu'ont rapporté les ventes depuis sa propre boutique en ligne. Cet éditeur joue en effet sur les deux tableaux pour RapidWeaver et Ember.

Son éditeur de sites web a par exemple dégagé 855 $ via Apple et 699 $ en vente directe. Le gestionnaire de médias a fait respectivement 66 $ et 50 $ en étant placé en 101eme position des apps graphiques chez Apple. Clear sur Mac a fait 454 $ en étant 3eme dans la catégorie des logiciels de productivité et 15eme dans les meilleures ventes, etc.

Realmac étant composé d'un peu moins de 10 personnes à plein temps, la stratégie des ventes ne peut être laissée au seul hasard. C'est sur ce point qu'insiste Dan Counsel. L'âge d'or pour les développeurs indépendants sur les boutiques d'Apple — autour de 2013 selon lui — est derrière eux. Il faut éviter de ne dépendre que des échoppes de la Pomme. Ne pas mettre tous ses oeufs dans ce même panier.

Ember

Sur les 4 titres Mac de cet éditeur anglais, 3 sont aussi vendus en direct et 1 l'est uniquement par ce biais. Dans certains cas il ne peut en aller autrement. Les règles de présence sur le Mac App Store obligent à écarter des fonctions et par là même tout ce que l'on appelle les "utilitaires système".

Realmac Software a d'autres sources de revenus qui participent au fonctionnement de la société. Cela inclut la publicité, les abonnements, le financement participatif (pour Typed.com, ndlr) et l'affiliation.

Adobe a récemment illustré ce principe de ne pas dépendre uniquement du Mac App Store. Peut-être même à l'excès. Les dernières versions de ses deux logiciels de retouche d'image et de montage vidéo pour le grand public sont sorties en septembre dernier sur son site. Pourtant, ce n'est que cette semaine que Photoshop et Première Eléments 13 sont apparus sur la boutique d'Apple.

Une présence pour la forme — probablement pour grappiller quelques sous supplémentaires — maintenant que le lancement de ces produits est loin. Il est en effet très peu avantageux d'en passer par la boutique d'Apple pour les acheter, même si les prix sont identiques (lire Photoshop et Première Eléments 13 font grise mine sur le Mac App Store).

Plutôt que de figurer en bonne place du top des apps payantes mieux vaut être bien situé dans celle des apps "Rentables" (Top Grossing), une mesure plus juste pour voir quelles apps rapportent vraiment de l'argent à leurs auteurs. Elle dépend moins des coups d'accélérateurs temporaires dont profitent les logiciels à leur sortie. C'est une table où les logiciels d'Apple ou bien les Pixelmator et 1Password ont leur rond de serviette.

L'application de Sam Soffes a au moins profité de cette exposition médiatique. Après être descendue en dessous de cette 8eme place des apps payantes, elle est remontée à la seconde place et figure maintenant en 11eme position des plus rentables, devant Motion.

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