Après avoir introduit la prise en charge du JPEG XL dans Chromium — la base open source de Chrome — en 2021, Google l'a retirée en décembre 2022. Et c'est un problème pour le JPEG XL, une norme qui devait en théorie remplacer le JPEG dans nos appareils.
Un énième format abandonné
Le cas du JPEG XL est intéressant : le X signifie qu'il s'agit d'une évolution du JPEG qui date des années 2000 (toutes les versions sorties après le JPEG 2000 ont un X dans le nom) et le L qu'il est prévu pour le « long terme ». Le JPEG XL est incompatible avec le JPEG classique (contrairement au JPEG XT) et est basé en partie sur les travaux de Google sur le format PIK. Le problème du JPEG XL, c'est que s'il a été standardisé dès 2020, sa prise en charge est assez faible. Les OS majeurs ne lisent pas nativement le JPEG XL1 et sans Chromium, son avenir est sombre. Si vous voulez « voir » les avantages du JPEG XL, cette page donne quelques exemples.
Selon un ingénieur de chez Google, les raisons du retrait sont multiples. Premièrement, les fonctions expérimentales ne doivent pas le rester indéfiniment, ce qui est un peu fallacieux comme raison pour une suppression. Deuxièmement, il n'y a pas assez d'intérêt pour le format, et les avantages par rapport aux autres solutions modernes sont trop faibles. Enfin, la maintenance du code est visiblement un problème.
Le JPEG ne veut pas mourir
En réalité, le problème principal vient du JPEG : apparu en 1992, il a quelques lacunes mais sa qualité est suffisante pour une bonne partie des usages. Et comme la prise en charge du JPEG est à peu près universelle, ses divers « remplaçants » n'arrivent pas vraiment à s'imposer, même s'ils sont parfois (un peu) plus efficaces. Apple tente depuis de longues années d'imposer le HEIF (basé sur le codec HEVC), tout comme Google a réussi à ce que le WebP devienne un standard (même Apple le supporte), mais l'AVIF, basé sur l'AV1, est en embuscade.
Comme prévu, Safari pourra afficher les images AVIF sous macOS Ventura et iOS 16
Sur le web, les différents remplaçants du JPEG restent en réalité assez rares au départ : la majorité des sites emploient le JPEG, le PNG ou même le GIF pour des raisons pratiques, notamment la compatibilité très large. Vous les trouverez pourtant sur beaucoup de sites, mais uniquement grâce à des intermédiaires : certains CDN (Content Delivery Network) (re)compressent les images à la volée en fonction du navigateur. Pour résumer, les CDN servent à accélérer les sites Internet en plaçant une copie sur un serveur proche de l'utilisateur avec — parfois — une optimisation du contenu. Dans le cas des images, vous pourrez donc recevoir du WebP si vous utilisez Chrome mais du JPEG 2000 avec Safari ou du JPEG XT avec Firefox. Cette recompression permet en général de gagner quelques kilooctets et donc d'accélérer (un peu) les transferts.
Le dernier problème, mis en avant par la FSF (Free Software Foundation), c'est que le fait que Google contrôle Chromium pose évidemment un problème pour un web ouvert, mais ce problème n'est vraiment pas nouveau.
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Sous macOS, GraphicConverter est capable de lire les fichiers. ↩︎