Il n'aura pas fallu attendre longtemps avant qu'Adobe passe de la parole aux actes. Deux mois seulement après avoir présenté son intelligence artificielle générative Firefly, l'éditeur l'intègre dans Photoshop, en version bêta pour commencer.
Les graphistes vont-ils pouvoir réduire deux jours de travail en seulement deux minutes grâce à cette nouvelle technologie ? Pas vraiment. Contrairement à Midjourney ou Stable Diffusion, l'IA générative de Photoshop n'est pas destinée à composer des images entières, du moins pour l'instant.
Après avoir sélectionné un élément, le nouvel outil Remplissage génératif permet de transformer le contenu en saisissant simplement une commande textuelle. Par exemple, après avoir sélectionné une partie d'une route, on peut faire tracer une ligne jaune rien qu'en tapant ce mot dans Photoshop. L'application se chargera de générer elle-même la ligne grâce à son modèle d'intelligence artificielle. Elle est aussi capable d'étendre une image : en agrandissant le cadre autour de l'image puis en sélectionnant la partie vide, une option permet de remplir ce vide par des éléments en accord avec le reste.
Adobe présente le Remplissage génératif comme un « copilote créatif » qui permet d'expérimenter à une vitesse jamais vue. Pas besoin en effet de dessiner soi-même l'idée qui nous passe par la tête ni même d'aller la chercher sur le web, Photoshop la créera en un rien de temps. La ressource graphique générée est censée tenir compte de la perspective, de l'éclairage et du style général de l'image — nous n'avons pas encore pu tester la fonction pour vérifier ces promesses. Les modifications effectuées à l'aide de Firefly sont non destructives, les contenus générés automatiquement appartenant à de nouveaux calques.
Adobe, qui a conscience que les IA génératives sont un sujet extrêmement sensible, souligne que Firefly a été entraîné sur des images pour lesquelles il disposait d'une autorisation d'exploitation (comme la banque Adobe Stock) et que les contenus générés automatiquement peuvent être utilisés pour un usage commercial.
De plus, le Remplissage génératif s'insère dans l'initiative Content Credentials qui doit permettre de vérifier l'authenticité des images. Autrement dit, n'importe qui devrait pouvoir savoir que la ligne jaune sur la route a été générée par Firefly dans Photoshop, et donc qu'elle n'est pas réelle. Toute la difficulté de ce projet, qui est porté non seulement par Adobe, mais aussi par d'autres acteurs importants du monde de la création (Canon, Microsoft, Getty Images, Nvidia… mais pas Apple), réside dans son adoption à très grande échelle.
Le Remplissage génératif est disponible pour l'instant dans la bêta de Photoshop sur les systèmes de bureau ainsi que sur le site de Firefly. La fonction sera déployée pour tout le monde au second semestre. En parallèle, la nouvelle version stable de Photoshop bénéficie de plusieurs améliorations : une trentaine de nouveaux préréglages permettent de modifier rapidement le style d'une image ; l'outil Corriger supprime les éléments indésirables tout en comblant le vide par du contenu adapté ; un menu contextuel recommande les prochaines tâches à effectuer dans plusieurs flux de travail ; et enfin de nouvelles commandes sont disponibles pour les dégradés.
« Cette image est-elle vraie ? » Adobe veut vous fournir la réponse