Avec ses grands espaces et ses nouvelles icônes, beaucoup ont cru que macOS Big Sur était un signe que le Mac allait finalement intégrer un écran tactile. Peine perdue ! Une fois de plus, Craig Federighi tue la rumeur dans l'œuf dans une interview à The Independent : « Quand nous avons dévoilé Big Sur, j'ai vu tous ces articles qui disaient "Oh mon dieu, Apple prépare [le Mac] au tactile". J'ai alors pensé : "Whoa, mais pourquoi ?" ».
La nouvelle interface de macOS Big Sur a été imaginée pour être « confortable et naturelle », mais sans penser au tactile, assure-t-il. « Nous vivons avec des iPad, des téléphones, et notre sens de l'esthétique — l'ouverture, la légèreté de l'interface — [repose sur] le fait que nos appareils aient de si grands écrans Retina maintenant », décrit le vice-président du logiciel. De fil en aiguille, tout cela a infusé dans macOS et son design.
Apple a voulu donner à ses systèmes d'exploitation, iOS 14, iPadOS 14 et macOS Big Sur, un petit air de famille. De telle sorte qu'on ne soit pas dépaysé en passant d'un iPhone à un Mac, à un iPad et inversement. Mais « ce que vous voyez [dans Big Sur], ce n'est pas le signe d'un changement à venir dans la méthode de saisie ». La convergence est plutôt à aller chercher sous le capot. Les smartphones, tablettes et Mac partagent désormais un moteur très proche : A14 d'un côté, M1 de l'autre. Et ces deux puces ont énormément de points en commun.
« La puce M1 a beaucoup de sens pour le Mac », explique Greg Joswiak, le vice-président du marketing, interviewé lui aussi par The Independent, et qui avait manifestement mangé un clown : « Nous avons commencé à développer des puces "Ax" pour l'iPhone, et depuis nous avons essayé d'utiliser des lettres qui ont du sens : les puces pour nos écouteurs utilisent "Hx" [pour « Headphones », NDR], vous sentez comme une tendance ici. Nous sommes vraiment de brillants spécialistes en marketing ».
À l'instar des puces pour l'iPhone, un tel nom ouvre la porte à toutes les spéculations : M2, M3, et pourquoi pas M1X et M1Z comme les A12X et A12Z de l'iPad Pro. Craig Federighi confirme que la principale différence entre les trois premiers Mac M1, c'est la capacité thermique, le système de refroidissement. Le MacBook Air embarque un refroidissement passif, les MacBook Pro et Mac mini ont leur propre ventilateur. Ces deux machines pourront tenir une grosse charge de travail plus longtemps.
Le développement de la puce M1 a exigé des années de travail pour Apple, et ces nouveaux Mac sont très attendus, y compris en interne : les employés du constructeur se sont précipités sur l'Apple Store pour réserver leur machine, selon Federighi !
Mais cela ne signifie pas pour autant que les Mac Intel sont mis de côté. Apple a annoncé une transition de deux ans. Et la Pomme conserve à son catalogue des MacBook Pro et des Mac mini équipés de puces Intel. « Ce sont des Mac, ils fonctionnent sous macOS. Big Sur est une super version pour tous les Mac », rassure le vice-président logiciel. Et le support de ces machines ne va pas s'arrêter là : elles continueront à représenter une part importante des développements d'Apple, « pour de nombreuses années ».
Apple n'est pas effrayée par la transition. « Nous l'avons déjà fait », explique Federighi en rappelant le précédent de 2005, lorsque le constructeur a basculé des PowerPC vers Intel. « Nous avons vu comment d'autres dans l'industrie ont fait [leur transition], mais avec moins de succès. Nous avons je crois vraiment perfectionné ce genre de transition, nous savons exactement comment gérer les outils qui facilitent la vie des développeurs ».
La feuille de route de 2020 est d'ailleurs calquée sur celle de 2005, entre Rosetta 2 (une couche de virtualisation qui permet d'utiliser les apps x86 avec des performances honorables) et le choix des premières machines à embarquer les nouvelles puces : des ordinateurs grand public dans tous les cas (le premier Mac Intel sorti en 2006 était l'iMac).
Avec une telle préparation, certains pourraient finalement craindre que la transition vers les puces Apple soit un peu ennuyeuse. Greg Joswiak préfère parler de transition « transparente ». Une impression renforcée par les trois nouveaux Mac qui ressemblent comme autant de gouttes d'eau à leurs prédécesseurs.
Le constructeur veut tout d'abord s'assurer que lorsque l'utilisateur ouvrira son MacBook Air ou lancera son Mac mini flambant neuf, tout fonctionne comme avant… mais plus rapidement. Voilà pour le logiciel, pour ce qui concerne le matériel John Ternus le chef de l'ingénierie explique que ces nouveaux systèmes sont un moyen pour Apple de déclarer à la face du monde : « Regardez ce qu'il est possible de faire avec la puce M1 et toutes nos technologies ». Ils représentent « une base formidable » dans cette transition.
Vous savez, généralement nous ne voulons pas changer le design pour changer le design. Nous avons une excellente plateforme ici, nous avons un super processeur, nous pouvons combiner les deux pour réaliser quelque chose de vraiment spectaculaire.