Forfait téléphonique, services de streaming, applications, et mêmes capsules de café, il est bien difficile d’échapper aux abonnements. Si Mill parvient à ses fins, vous pourriez même devoir payer un abonnement pour… votre poubelle ! Il fallait bien le cerveau brillant de Matt Rogers, le cofondateur de Nest, pour avoir une telle idée.
La poubelle de Mill est un produit électronique comme un autre, avec des diodes aussi blanches que les parois en acier et des courbes aussi esthétiques que le placage en bois, mais un produit électronique qui mesure 68 cm de hauteur et 37 cm de profondeur pour un poids atteignant 23 kg. Une pression sur la pédale ouvre le couvercle pour révéler un panier d’une capacité de 11 litres, qui peut accueillir tous les déchets alimentaires, mais pas les emballages ni les déchets végétaux.
Cela ressemble furieusement à un composteur, mais la poubelle de Mill est plutôt l’alliance d’un moulin et d’un déshydrateur. La nuit, les déchets sont transformés en « marc alimentaire » (Food Grounds), qui ne peut pas être directement utilisé comme compost. Contre 396 $ par an (env. 365 €), Mill fournit régulièrement des filtres à charbon pour éliminer les mauvaises odeurs et des cartons pour éliminer les déchets réduits en poudre.
L’entreprise déclare qu’il s’agit d’« un moyen simple d’éviter que les aliments se retrouvent dans les décharges », et que le « marc » peut « rester dans le système alimentaire » en étant transformé en nourriture animale. Mill promet qu’« un foyer peut éviter l’émission d’une demi-tonne de gaz à effet de serre par an », en fait 521,1 kg d’équivalent CO₂ à partir d’une conversion depuis les émissions de méthane des déchets en décharge.
Les estimations préliminaires fournies par l’entreprise tablent sur une consommation électrique de 0,5 à 0,75 kWh par jour, or la poubelle « consomme environ 1 kWh par jour sur une moyenne de plusieurs semaines d’usage ». Mill assure que « la poubelle sera de plus en plus efficace avec des mises à jour logicielles », mais en attendant, elle consomme plus qu’un réfrigérateur.
L’entreprise compte surtout sur le fait que le transport du « marc » génèrera dix fois moins d’émissions que la fabrication de la poubelle, et 25 fois moins que son usage pendant vingt ans1. Un pari sur l’avenir, lorsque l’on sait que les prévisions de consommation les plus optimistes de Mill correspondent au parcours de 7 500 km en voiture électrique.
Pour ne rien arranger, l’entreprise concède ne pas avoir finalisé le procédé de transformation du « marc » en nourriture animale. Cela ne l’empêche pas de prendre les réservations pour 33 $ et d’annoncer les premières livraisons au printemps. La poubelle est « offert » avec l’abonnement annuel, ou facturée 75 $ (env. 69 €) avec l’abonnement mensuel à 45 $ (env. 41,50 €). On lui souhaite le même succès que le Juicero.
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Sinon, de nombreuses villes organisent l’installation de composteurs partagés, voire proposent leur propre service public de compostage. Vous pouvez aussi installer un composteur sur votre balcon — le « jus » produit vous garantit de magnifiques fleurs pendant toute la saison. Cette innovation n’a visiblement pas franchi l’Atlantique. ↩︎