Il y a quelques semaines, Intel a lancé sa nouvelle gamme Lunar Lake dans les PC portables. Hier, le géant a annoncé la nouvelle gamme Arrow Lake, qui succède aux Core de 14e génération (Raptor Lake) dans les PC de bureau. Et cette nouvelle gamme reprend une partie des nouveautés de Lunar Lake, pour tenter de faire oublier les déboires des Core de 13e et 14e génération.
Il faut d'abord oublier le petit « i » présent depuis de nombreuses années : il faut maintenant parler de Core Ultra 5, Core Ultra 7 et Core Ultra 9. Les premières puces, comme souvent, sont celles qui visent les joueurs et ceux qui veulent le meilleur : il s'agit des modèles qui peuvent s'overclocker (avec un K ou un KF dans la référence) et qui prennent le haut de chaque segment. Il y a donc deux Core Ultra 5 (245K et 245KF), deux Core Ultra 7 (265K et 265KF) et un Core Ultra 9 (285K).
Intel reprend certains choix d'Apple pour sa nouvelle gamme, Lunar Lake
De nouveaux cœurs pour le CPU
Les Core de 12e, 13e et 14e génération partageaient essentiellement la même architecture, et c'est un point qui évolue avec les Core Ultra 200S. Intel a choisi d'intégrer des cœurs Lion Cove pour la partie performante et des cœurs Skymont pour la partie basse consommation. Ce sont les mêmes que dans Lunar Lake et s'ils offrent des performances plus élevées que leurs prédécesseurs, ils abandonnent aussi l'Hyper-Threading, qui permet d'exécuter deux threads par cœur. La nouvelle gamme est donc moins efficace dans certains cas : le Core Ultra 5 exécute 14 threads (6 cœurs P, 8 cœurs E) contre 20 dans la génération précédente, le Core Ultra 7 en exécute 20 (8 cœurs P, 12 cœurs E) contre 28 et le Core Ultra 9 est à 24 (8 cœurs P, 16 cœurs E) contre 32 auparavant.
Dans les nouveautés, il faut noter une gravure en 3 nm (N3B) par TSMC pour les cœurs CPU, ce qui est un aveu d'échec : les puces n'emploient pas une gravure Intel, une première dans cette gamme. La mémoire cache, comme souvent, a été améliorée : on passe à 3 Mo de cache de niveau 2 pour les cœurs P (par cœur) et 4 Mo par groupe pour les cœurs E (un groupe contient 4 cœurs). Autre nouveauté, les cœurs E peuvent accéder au cache de niveau 3, qui atteint 36 Mo. Le point important, c'est qu'Intel annonce une consommation moyenne plus faible, avec notamment la possibilité de descendre à une fréquence plus basse en idle, c'est-à-dire quand le PC n'exécute pas de tâches particulières. Un point qui n'est pas forcément visible dans les TDP annoncés, c'est-à-dire les valeurs maximales pour la consommation.
Les puces précédentes avaient une consommation de base de 125 W dans tous les cas, avec une valeur maximale fixée à 253 W pour les Core i7 et i9 et à 181 W pour les Core i5 les plus rapides. Dans la pratique, les valeurs en question sont fréquemment atteintes en charge sur des tâches lourdes (comme les jeux). Avec les Core Ultra 200S, on reste à 125 W de base mais les Core Ultra 7 et Ulktra 9 « descendent » à 250 W, quand le Core Ultra 5 passe de 181 à 159 W. Si Intel promet une consommation plus faible, il faudra donc attendre les premiers tests pour vérifier si c'est bien le cas.
Un GPU et un NPU un peu datés
Si la partie CPU évolue bien, ce n'est pas nécessairement le cas du reste. Le GPU se contente de 4 cœurs Xe-LP, alors que les puces mobiles modernes ont 8 cœurs Xe 2, plus modernes. C'est pourtant un choix logique et assumé de la part d'Intel, courant depuis de nombreuses années. Les personnes qui achètent un Core Ultra, une puce haut de gamme, ne vont probablement pas utiliser le GPU intégré et ajouteront un GPU dédié. C'est par ailleurs la raison d'être des puces dont la référence contient KF, qui n'ont pas de GPU1.
L'autre nouveauté est l'intégration d'un NPU, une première dans les puces de bureau, mais dans une version peu performante. Il s'agit de la version de 3e génération d'Intel, qui se limite à 13 TOPS, quand la 4e (dans les Lunar Lake) monte à 48 TOPS. De la même façon, Intel considère qu'un NPU plus puissant a peu d'intérêt étant donné que les cartes graphiques modernes ont des capacités bien supérieures. Mais le NPU a de l'intérêt pour des usages précis, comme des filtres pour la vidéo ou l'audio.
Les nouvelles puces s'approchent d'un système sur puce, mais comme souvent dans les puces destinées aux PC de bureau, certains contrôleurs (USB, SATA, etc.) se retrouvent dans une puce externe, le chipset Z890. Il sera probablement suivi de déclinaisons moins onéreuses pour les cartes d'entrée de gamme, mais c'est le seul disponible pour le moment. En parlant de cartes mères, Intel passe (encore) à un nouveau connecteur, le LGA 1851. Il reprend le même format que le LGA 1700 des Core de 12e, 13e et 14e génération, ce qui rend les systèmes de refroidissement compatibles sans grosses modifications. Certains constructeurs proposeront probablement des adaptateurs pour améliorer un peu le refroidissement étant donné que le point chaud (c'est-à-dire la source principale de chaleur) a un peu bougé, mais les accessoires que vous possédez peut-être restent parfaitement utilisables.
Une nouvelle génération qui doit faire ses preuves
Sur le papier, les Core Ultra 200S offrent des nouveautés intéressantes, comme un NPU, et une partie CPU performante. Toute la question va être de voir si les promesses d'Intel sur la consommation se concrétisent et comment les nouvelles puces se placent face aux derniers processeurs d'AMD. En effet, le cœur des joueurs penche beaucoup vers les Ryzen 3D depuis quelques années, qui proposent un bon rapport performances/prix pour les jeux vidéo. Terminons par les prix : 294 $ et 309 $ pour les Core Ultra 5 (sans et avec le GPU), 379 et 394 $ pour les Core Ultra 7 et 589 $ pour le Core Ultra 9. Il s'agit comme toujours des prix hors taxes pour de grosses commandes, donc la conversion en euros peut être faussée.
Intel, de tempêtes en naufrage
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Ou plus exactement qui ont un GPU désactivé. ↩︎