Ainsi donc, Apple a laissé tomber définitivement ZFS, le filesystem prometteur qu'elle projetait d'utiliser dans Mac OS X.
Celui-ci avait fait sa première apparition durant le beta-test de Leopard, pour finir par disparaître à la sortie du système d'exploitation. Mieux encore, Apple l'avait publiquement annoncé parmi les nouvelles fonctionnalités de Snow Leopard, mais à l'arrivée il n'est disponible qu'en lecture, et encore, sur la version serveur du félin. (voir notre article La saga ZFS n'en finit plus).
En forçant un peu son optimisme, on aurait pu penser qu'il ne s'agissait là que de l'effort open-source d'Apple sur le système de fichiers, tout en se perdant en conjectures quant aux motivations de cet abandon. La raison ne s'est pas faite attendre : la mailing liste consacrée à ZFS divulgue en effet que c'est pour des raisons de licence qu'Apple a abandonné son projet, ce qu'on envisageait déjà suite à la disparition de ZFS de la liste des fonctionnalités de Snow Leopard (voir notre article ZFS : théories autour d'une disparition). Apple aurait en effet souhaité obtenir une licence personnalisée de la part de Sun, fraichement rachetée par Oracle, en lieu et place de la licence CDDL sous laquelle ZFS est mis à disposition.
Apple utilise pourtant DTrace dans Mac OS X, qui est distribué avec cette même licence. On ignore les raisons précises qui ont poussé la firme de Cupertino à demander un traitement particulier, mais on peut toutefois envisager que le procès intenté par NetApp n'est pas étranger à de telles exigences : Apple aurait pu souhaiter une clause de garantie en cas de problème, ce que Sun ne lui aurait pas accordé (il est vrai qu'elle n'avait que peu d'intérêt à le faire). Il est également possible qu'Apple ait souhaité apporter des modifications à ZFS et qu'elle ait souhaité en conserver l'exclusivité.
Quoi qu'il en soit, ça n'est pas pour des raisons techniques qu'Apple change son fusil d'épaule, et en ce sens on ne peut donc que regretter cette impasse. Car ZFS avait bien des avantages à son actif : introduit pour la première fois en 2005 dans Solaris, le système d'exploitation de Sun, ce système de fichier moderne était taillé pour les situations les plus exigeantes : capable d'allouer un pool de stockage de manière dynamique sur plusieurs disques, un peu comme le système RAID le permet, il permet un système d'archivage incrémental, ce qui aurait été parfait pour Time Machine : au lieu de sauvegarder chaque fichier dans son intégralité à chaque modification, ZFS permet de conserver une "photographie" de base et ne sauvegarde par la suite que les modifications faites depuis celle-ci, ce qui est bien plus économe en stockage. Malgré cette disposition, ZFS est le système de fichier de tous les superlatifs : 128 bits, ses limites théoriques dépassent tout ce qu'il est concevable de stocker, et il est dit que pour arriver à bout de ses capacités il faudrait dépasser les limites quantiques du stockage de données, et que l'opération nécessiterait plus d'énergie que celle requise pour faire bouillir tous les océans…
En ce sens, ZFS s'est fait connaître comme "le dernier mot des systèmes de fichiers", du moins c'est en ces termes quelque peu présomptueux qu'il a été présenté par ses concepteurs . En effet, considérer ZFS comme l'alpha et l'omega des systèmes de fichiers, comme un point final à leur courte histoire dans l'informatique, serait oublier que les besoins d'échelle peuvent varier grandement en fonction des applications, comme le rappelle Louis Gerbag sur son blog. Si l'aspect "illimité" de ZFS est appréciable, certaines choses ont bien changé depuis les premiers pas du projet de Sun. Ainsi, on a vu depuis poindre l'arrivée des disque durs à base de mémoire flash, dont les caractéristiques et les besoins sont très différents des disques à plateaux. Si ces derniers persisteront encore longtemps, notamment dans les serveurs, on ne peut nier que les disques à base de mémoire flash ont beaucoup d'avenir devant eux. Un système de fichiers qui tiendrait compte des caractéristiques particulières de ces nouveaux disques serait grandement appréciable, d'autant que nombre des fonctionnalités des file systems ont été bâties en prenant en compte la rotation des disques à plateaux.
ZFS avant tout a été conçu pour les serveurs, et s'il est possible de l'utiliser sur des configurations plus restreintes, il finit malgré tout par se sentir à l'étroit sur du matériel plus modeste. NEC a effectué le portage d'OpenSolaris pour processeurs ARM, pour finir par se rendre compte que ZFS exigeait 8 Mo de RAM pour fonctionner. Une paille sur un ordinateur, mais beaucoup trop pour un appareil tel que l'iPhone par exemple. Il aura fallu introduire une modification de ZFS pour qu'il se satisfasse de 2 Mo.
On le voit, ZFS n'est pas la réponse absolue à toutes les situations, il est donc envisageable de faire mieux encore. On peut ainsi se consoler en se disant qu'Apple n'aura rien de moins pour objectif, soit en poursuivant les évolutions de HFS Plus, soit en repartant d'une page blanche. Le système de fichier actuel du Macintosh est sorti en 1998, mais a connu nombre d'évolutions qui le rendent toujours compétitif, et il n'a guère à rougir de la comparaison avec la plupart de ses pairs. Et Apple n'en est pas à son premier système de fichiers (MFS, HFS, HFS+, sans oublier ses implémentations de FAT32, NTFS, UFS, NFS ou encore, dans une autre mesure, WebDAV). Nous laissons le soin aux spécialistes de déterminer ce qu'il est plus souhaitable de faire, toujours est-il qu'Apple semble déterminée à régler la question d'elle-même, comme l'indique cette offre d'emploi. Cependant, si Apple décide de reprendre le chantier à zéro, il faudra s'armer de quelque patience : un système de fichier fait partie des fonctions qui sont au plus bas niveau du système, et dont la modification peut être lourde de conséquences. C'est un processus long et fastidieux, et il ne faudra probablement pas attendre une telle refonte pour la prochaine version majeure du système d'exploitation d'Apple. Cependant, la modernisation du filesystem sera peut-être l'un des enjeux de Mac OS X 10.7.
Celui-ci avait fait sa première apparition durant le beta-test de Leopard, pour finir par disparaître à la sortie du système d'exploitation. Mieux encore, Apple l'avait publiquement annoncé parmi les nouvelles fonctionnalités de Snow Leopard, mais à l'arrivée il n'est disponible qu'en lecture, et encore, sur la version serveur du félin. (voir notre article La saga ZFS n'en finit plus).
En forçant un peu son optimisme, on aurait pu penser qu'il ne s'agissait là que de l'effort open-source d'Apple sur le système de fichiers, tout en se perdant en conjectures quant aux motivations de cet abandon. La raison ne s'est pas faite attendre : la mailing liste consacrée à ZFS divulgue en effet que c'est pour des raisons de licence qu'Apple a abandonné son projet, ce qu'on envisageait déjà suite à la disparition de ZFS de la liste des fonctionnalités de Snow Leopard (voir notre article ZFS : théories autour d'une disparition). Apple aurait en effet souhaité obtenir une licence personnalisée de la part de Sun, fraichement rachetée par Oracle, en lieu et place de la licence CDDL sous laquelle ZFS est mis à disposition.
Apple utilise pourtant DTrace dans Mac OS X, qui est distribué avec cette même licence. On ignore les raisons précises qui ont poussé la firme de Cupertino à demander un traitement particulier, mais on peut toutefois envisager que le procès intenté par NetApp n'est pas étranger à de telles exigences : Apple aurait pu souhaiter une clause de garantie en cas de problème, ce que Sun ne lui aurait pas accordé (il est vrai qu'elle n'avait que peu d'intérêt à le faire). Il est également possible qu'Apple ait souhaité apporter des modifications à ZFS et qu'elle ait souhaité en conserver l'exclusivité.
Quoi qu'il en soit, ça n'est pas pour des raisons techniques qu'Apple change son fusil d'épaule, et en ce sens on ne peut donc que regretter cette impasse. Car ZFS avait bien des avantages à son actif : introduit pour la première fois en 2005 dans Solaris, le système d'exploitation de Sun, ce système de fichier moderne était taillé pour les situations les plus exigeantes : capable d'allouer un pool de stockage de manière dynamique sur plusieurs disques, un peu comme le système RAID le permet, il permet un système d'archivage incrémental, ce qui aurait été parfait pour Time Machine : au lieu de sauvegarder chaque fichier dans son intégralité à chaque modification, ZFS permet de conserver une "photographie" de base et ne sauvegarde par la suite que les modifications faites depuis celle-ci, ce qui est bien plus économe en stockage. Malgré cette disposition, ZFS est le système de fichier de tous les superlatifs : 128 bits, ses limites théoriques dépassent tout ce qu'il est concevable de stocker, et il est dit que pour arriver à bout de ses capacités il faudrait dépasser les limites quantiques du stockage de données, et que l'opération nécessiterait plus d'énergie que celle requise pour faire bouillir tous les océans…
En ce sens, ZFS s'est fait connaître comme "le dernier mot des systèmes de fichiers", du moins c'est en ces termes quelque peu présomptueux qu'il a été présenté par ses concepteurs . En effet, considérer ZFS comme l'alpha et l'omega des systèmes de fichiers, comme un point final à leur courte histoire dans l'informatique, serait oublier que les besoins d'échelle peuvent varier grandement en fonction des applications, comme le rappelle Louis Gerbag sur son blog. Si l'aspect "illimité" de ZFS est appréciable, certaines choses ont bien changé depuis les premiers pas du projet de Sun. Ainsi, on a vu depuis poindre l'arrivée des disque durs à base de mémoire flash, dont les caractéristiques et les besoins sont très différents des disques à plateaux. Si ces derniers persisteront encore longtemps, notamment dans les serveurs, on ne peut nier que les disques à base de mémoire flash ont beaucoup d'avenir devant eux. Un système de fichiers qui tiendrait compte des caractéristiques particulières de ces nouveaux disques serait grandement appréciable, d'autant que nombre des fonctionnalités des file systems ont été bâties en prenant en compte la rotation des disques à plateaux.
ZFS avant tout a été conçu pour les serveurs, et s'il est possible de l'utiliser sur des configurations plus restreintes, il finit malgré tout par se sentir à l'étroit sur du matériel plus modeste. NEC a effectué le portage d'OpenSolaris pour processeurs ARM, pour finir par se rendre compte que ZFS exigeait 8 Mo de RAM pour fonctionner. Une paille sur un ordinateur, mais beaucoup trop pour un appareil tel que l'iPhone par exemple. Il aura fallu introduire une modification de ZFS pour qu'il se satisfasse de 2 Mo.
On le voit, ZFS n'est pas la réponse absolue à toutes les situations, il est donc envisageable de faire mieux encore. On peut ainsi se consoler en se disant qu'Apple n'aura rien de moins pour objectif, soit en poursuivant les évolutions de HFS Plus, soit en repartant d'une page blanche. Le système de fichier actuel du Macintosh est sorti en 1998, mais a connu nombre d'évolutions qui le rendent toujours compétitif, et il n'a guère à rougir de la comparaison avec la plupart de ses pairs. Et Apple n'en est pas à son premier système de fichiers (MFS, HFS, HFS+, sans oublier ses implémentations de FAT32, NTFS, UFS, NFS ou encore, dans une autre mesure, WebDAV). Nous laissons le soin aux spécialistes de déterminer ce qu'il est plus souhaitable de faire, toujours est-il qu'Apple semble déterminée à régler la question d'elle-même, comme l'indique cette offre d'emploi. Cependant, si Apple décide de reprendre le chantier à zéro, il faudra s'armer de quelque patience : un système de fichier fait partie des fonctions qui sont au plus bas niveau du système, et dont la modification peut être lourde de conséquences. C'est un processus long et fastidieux, et il ne faudra probablement pas attendre une telle refonte pour la prochaine version majeure du système d'exploitation d'Apple. Cependant, la modernisation du filesystem sera peut-être l'un des enjeux de Mac OS X 10.7.