Apple et Sun eurent par le passé un début de querelle autour de questions de brevets raconte aujourd'hui Jonathan Schwartz sur son blog. Il fut le patron de Sun depuis 2006, poste qu'il a quitté le mois dernier suite au rachat par Oracle. L'objet du différent fut le projet Looking Glass, une interface graphique à base de vues en 3D qui avait fait sensation lors de sa démonstration en 2003. Avec des fenêtres 3D présentant un recto et un verso, un Dock présentant un plateau transparent comme celui de Leopard, un principe de piles pour accéder aux fichiers, etc (YouTube).
Steve Jobs appela Jonathan Schwartz et lui signifia que les effets graphiques de Looking Glass "piétinaient quantité de propriétés intellectuelles d'Apple", si Sun s'aventurait à les utiliser, Jobs leur "ferait un procès". Loin de se démonter, Schwartz répliqua "Steve, je viens juste de voir votre dernière conférence, et Keynote a l'air identique à Concurrence, est-ce que vous en détenez la propriété intellectuelle ?".
Concurrence était un logiciel de présentation au sein d'une suite bureautique conçue pour NeXTSTEP, autrefois le système d'exploitation de Steve Jobs. À cette époque Concurrence avait été développé par Lighthouse, co-fondé par Schwartz, et qui fut rachetée par Sun. Puis Schwartz d'enfoncer le clou "ll m'a semblé également que Mac OS X était maintenant basé sur Unix. Je crois que Sun a aussi quelques brevets." Réponses qui laissèrent Steve Jobs silencieux. L'affaire Looking Glass ne revint plus sur la table et Sun l'abandonna de toute façon, ses clients n'étant pas prêts pour un tout nouveau type de bureau.
Microsoft tenta aussi sa chance avec Sun estimant qu'OpenOffice.org violait quelques brevets d'Office. Gates et Ballmer proposèrent à Sun de le compenser par le versement de royalties pour chaque version de la suite téléchargée. Sun, qui avait vu le coup venir, tourna à nouveau la discussion à son avantage, en suggérant que .NET le nouveau langage de programmation de Microsoft violait de très nombreux brevets sur Java. Puis de proposer que Microsoft verse des royalties sur chaque version vendue de Windows. Une idée qui ne fut pas du goût de Gates qui expliqua que le modèle économique du logiciel était de générer des revenus variables en fonction de coûts de développements qui eux restent fixes. Les royalties n'entraient donc pas dans ce schéma. Ce fut la fin de cette (courte) réunion (*).
Sun ne fut pas toujours chanceux avec les accusations de violations de brevet, devant parfois s'acquitter de lourdes condamnations. Jonathan Schwartz estime toutefois que l'avantage que peut donner la possession d'un portefeuille de brevets doit être envisagé - dans le meilleur des cas - sous un angle défensif plutôt qu'offensif. En gros, ne venez pas nous chercher, vous risqueriez de vous en mordre les doigts "Pour une société technologique, attaquer en s'appuyant sur des brevets logiciels ressemble à un acte de désespoir, on s'appuie sur un tribunal plutôt que sur le marché." Ironique il rappelle que les héritiers de feu la tablette Go pourraient trouver à redire de l'iPad, cependant ces propriétaires étant aujourd'hui l'opérateur AT&T (distributeur exclusif de l'iPhone aux États-Unis) les chances d'une riposte sont limitées…
"Ayant vu ce film plusieurs fois, faire un procès à un concurrent rend généralement ce dernier plus crédible, et pas moins. Les développeurs que je connais ne se sont pas désintéressés de la plateforme Android, elle les intéresse davantage, la décision d'Apple renforce leur intérêt" conclut Schwartz.
(*) Il y a un fait qui n'est pas abordé dans le billet de Schwartz et qui donne un autre éclairage à son anecdote sur Microsoft : en avril 2004 les deux entreprises signèrent un large accord de coopération technologique sur Java, .NET, les serveurs, etc. En outre, Microsoft versa 900 millions de dollars à Sun pour mettre un terme à un litige sur des violations de brevets et 700 autres pour des questions d'infraction aux lois anti-trust. En plus d'un accord de versements réciproques de royalties.
Looking Glass
Steve Jobs appela Jonathan Schwartz et lui signifia que les effets graphiques de Looking Glass "piétinaient quantité de propriétés intellectuelles d'Apple", si Sun s'aventurait à les utiliser, Jobs leur "ferait un procès". Loin de se démonter, Schwartz répliqua "Steve, je viens juste de voir votre dernière conférence, et Keynote a l'air identique à Concurrence, est-ce que vous en détenez la propriété intellectuelle ?".
Concurrence était un logiciel de présentation au sein d'une suite bureautique conçue pour NeXTSTEP, autrefois le système d'exploitation de Steve Jobs. À cette époque Concurrence avait été développé par Lighthouse, co-fondé par Schwartz, et qui fut rachetée par Sun. Puis Schwartz d'enfoncer le clou "ll m'a semblé également que Mac OS X était maintenant basé sur Unix. Je crois que Sun a aussi quelques brevets." Réponses qui laissèrent Steve Jobs silencieux. L'affaire Looking Glass ne revint plus sur la table et Sun l'abandonna de toute façon, ses clients n'étant pas prêts pour un tout nouveau type de bureau.
Microsoft tenta aussi sa chance avec Sun estimant qu'OpenOffice.org violait quelques brevets d'Office. Gates et Ballmer proposèrent à Sun de le compenser par le versement de royalties pour chaque version de la suite téléchargée. Sun, qui avait vu le coup venir, tourna à nouveau la discussion à son avantage, en suggérant que .NET le nouveau langage de programmation de Microsoft violait de très nombreux brevets sur Java. Puis de proposer que Microsoft verse des royalties sur chaque version vendue de Windows. Une idée qui ne fut pas du goût de Gates qui expliqua que le modèle économique du logiciel était de générer des revenus variables en fonction de coûts de développements qui eux restent fixes. Les royalties n'entraient donc pas dans ce schéma. Ce fut la fin de cette (courte) réunion (*).
Sun ne fut pas toujours chanceux avec les accusations de violations de brevet, devant parfois s'acquitter de lourdes condamnations. Jonathan Schwartz estime toutefois que l'avantage que peut donner la possession d'un portefeuille de brevets doit être envisagé - dans le meilleur des cas - sous un angle défensif plutôt qu'offensif. En gros, ne venez pas nous chercher, vous risqueriez de vous en mordre les doigts "Pour une société technologique, attaquer en s'appuyant sur des brevets logiciels ressemble à un acte de désespoir, on s'appuie sur un tribunal plutôt que sur le marché." Ironique il rappelle que les héritiers de feu la tablette Go pourraient trouver à redire de l'iPad, cependant ces propriétaires étant aujourd'hui l'opérateur AT&T (distributeur exclusif de l'iPhone aux États-Unis) les chances d'une riposte sont limitées…
"Ayant vu ce film plusieurs fois, faire un procès à un concurrent rend généralement ce dernier plus crédible, et pas moins. Les développeurs que je connais ne se sont pas désintéressés de la plateforme Android, elle les intéresse davantage, la décision d'Apple renforce leur intérêt" conclut Schwartz.
(*) Il y a un fait qui n'est pas abordé dans le billet de Schwartz et qui donne un autre éclairage à son anecdote sur Microsoft : en avril 2004 les deux entreprises signèrent un large accord de coopération technologique sur Java, .NET, les serveurs, etc. En outre, Microsoft versa 900 millions de dollars à Sun pour mettre un terme à un litige sur des violations de brevets et 700 autres pour des questions d'infraction aux lois anti-trust. En plus d'un accord de versements réciproques de royalties.