Le Xerox Parc a perdu son fondateur, avec la disparition mardi dernier de Jacob E. Goldman (90 ans). Le New York Times raconte que le Dr Goldman, débauché de Ford, mis sur les rails le Palo Alto Research Center de Xerox. A l'époque les ordinateurs personnels n'existaient pas, mais quelques-uns chez le géant du photocopieur sentaient qu'il se passait quelque chose et que de nouveaux marchés pouvaient s'ouvrir. Il s'agissait d'aller explorer ce que le directeur général de l'époque (fin des années 1960) appelait «l'architecture de l'information» et de réfléchir au «bureau du futur» qui pouvait être autant une opportunité qu'un danger pour l'activité de Xerox.
Le Dr Goldman milita pour une installation de ce centre de recherche en Californie, quand bien même Xerox n'y avait aucune implantation. Il prit également soin de faire comprendre à la direction du groupe que les travaux menés là-bas n'auraient sûrement pas de traduction commerciale avant 5 voire même 10 ans. Mais il insistait sur le fait qu'une révolution approchait et qu'elle pourrait transformer l'activité de Xerox.
Le Xerox Parc fut le berceau de l'interface graphique (mais pas de la première souris), du protocole Ethernet, de la programmation-objet avec Smalltalk, de l'impression laser, des rudiments du PostScript, de concept de Dynabook (ci-dessous), de l'Alto (ci-dessus), etc. Toutes inventions que l'on utilise encore aujourd'hui et dont s'inspirèrent, en les améliorant et surtout en les commercialisant, Apple ou Microsoft pour ne citer qu'eux. Apple au travers d'accords de licence avec Xerox en échange d'actions, tandis que certains ingénieurs de Xerox s'en allèrent aussi à Cupertino.
En 1988, à la question de savoir pourquoi Xerox n'avait pas su capitaliser sur son trésor d'inventions, le Dr Goldman mit cela sur un manque flagrant de clairvoyance «Une grosse entreprise ne fera pas les investissements nécessaires à la sortie d'un nouveau produit à moins qu'elle ne soit sûre qu'il apporte une vraie différence. Regardez l'industrie informatique personnelle aujourd'hui. Elle pèse plusieurs milliards de dollars. Et nous, Xerox, nous aurions pu la posséder».