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Numergy et Cloudwatt : le nuage financé par l'État fait grincer des dents

Anthony Nelzin-Santos

mardi 11 septembre 2012 à 12:45 • 32

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Le « cloud à la française » est né, emmené par SFR et Orange avec le partenariat de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Un financement par des fonds publics qui fait grincer les dents des acteurs du secteur.



Data-center



Ce « cloud à la française » est l'avatar final du projet Andromède rassemblant Orange, Thalès et Dassault Systèmes et qui aurait dû être financé à hauteur de 135 millions d'euros par la CDC. Dassault Système s'est retiré fin 2011 pour mettre sur pied un projet concurrent avec SFR… avant de se retirer une deuxième fois. SFR s'associe alors avec Bull, et l'État décide d'augmenter sa participation à 150 millions d'euros pour la partager entre les deux projets. Les deux coentreprises nées de ce financement ont été présentées ces derniers jours.



Dotée d'un capital de 225 millions d'euros, Numergy est le projet de SFR (47 %) et Bull (20 %, les 33 % restants à la CDC), dirigé par Philippe Tavernier, ancien président de Sogeti France (Capgemini). Cloudwatt dispose du même capital, partagé entre Orange (44,4 %) et Thalès (22,2 %, les 33,3 % restants à la CDC). Elle est dirigée par Patrick Starck, passé notamment par HP et Compaq. Ces deux sociétés ont pour ambition de fournir aux entreprises françaises des services « dans le nuage » eux aussi français : Numergy possède un data-center en région parisienne et un autre en Rhône-Alpes, Cloudwatt héberge ses données en Normandie.



Ces « projets d'avenir » doivent en effet assurer l'indépendance des entreprises françaises, notamment les PME et les start-ups, des géants américains du domaine — Google, Amazon et Microsoft sont visés. Si l'on parle de « souveraineté nationale », il s'agit aussi de favoriser l'innovation dans le tissu économique français en rassurant les entrepreneurs par le biais de solutions sécurisées par le cadre légal. Les données hébergées aux États-Unis sont en effet soumises au droit américain, comme le rappellent les récentes affaires de saisies de serveurs par le FBI.





Reste que ces projets sont fortement critiqués par les acteurs établis du domaine. Cheops Technology doute de la capacité de ces deux sociétés à rivaliser efficacement avec les géants américains, autrement mieux dotés financièrement et techniquement : « l’investissement de 225 millions d’euros dans chacune des deux plateformes paraît dérisoire aux milliards de dollars investis chaque année par les Amazon, IBM ou HP. L’Etat aurait mieux fait concentrer l’investissement sur un seul projet au lieu de le répartir sur deux. » OVH ironise avec son site Vaporcloud, déplorant que la force publique n'ait pas privilégié de plus petites structures, plus flexibles, plus innovantes… et moins chères.



Les sites de Numergy et de Cloudwatt sont en place, mais leurs offres restent à définir. Ce n'est qu'à l'aune des services et des tarifs proposés que l'on pourra juger de la pertinence de l'investissement de la CDC.

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