Don Melton continue son feuilleton sur la naissance de Safari, dont il a piloté le développement. Après avoir évoqué le secret entourant les tests du navigateur et levé (un peu) le voile sur le choix de son nom, il revient sur la période où il chercha des coéquipiers et sur le jour de l'annonce, il y a exactement 10 ans (lire aussi Safari : des bureaux à nos poches).
Le recrutement des ingénieurs ne devait pas éveiller l'attention sur ce projet, dirigé au sommet par Scott Forstall. Don Melton explique qu'en ce qui le concerne, il n'était pas particulièrement connu dans la Silicon Valley, mais il en allait autrement pour certaines de ses recrues. Incidemment, il apprit plus tard que l'un de ses anciens collègues chez Eazel (et ex-figure de la création du premier Mac) Andy Hertzfeld, avait tout deviné du projet d'Apple de créer un navigateur, mais qu'il sut garder pour lui ce que lui avait dicté son instinct.
Il cite le cas de Darin Adler, ancien d'Eazel et d'Apple où il dirigea la partie technique du développement du Système 7. Mais ce dernier n'ayant jamais collaboré à la création d'un navigateur, il n'éveilla pas les soupçons. Il risquait d'en aller autrement pour Dave Hyatt, embauché en juillet 2002, puisqu'il contribua activement à la naissance de Mozilla, Chimera/Camino, des langages XBL/XUL et plus tard du futur Firefox.
Melton avance ensuite sur le jour des répétitions du keynote de Macworld Expo 2003 avec Steve Jobs. Une conférence répétée au moins quatre fois par le grand patron.
Il explique qu'à l'époque, sa principale inquiétude tournait autour de la fiabilité de Safari lors de ses connexions réseau. Il fit venir avec lui Ken Kocienda, ancien collègue d'Eazel aussi (un projet de gestionnaire de fichiers pour l'environnement graphique GNOME sur Unix) et embauché en même temps que lui par Forstall.
Pendant l'une des démos, Safari se trouva dans l'incapacité d'afficher le moindre contenu. Finalement la faute en incomba à une panne réseau générale et non au navigateur. Puis le vrai keynote arriva, auquel furent conviés quelques membres seulement de l'équipe Safari « Les pass pour les employés sont toujours en nombre réduit pour des raisons évidentes. »
Il n'y eut aucun problème et tout se déroula comme prévu. Puis Steve Jobs revint à ses slides et expliqua qu'Apple avait basé Safari sur un moteur de rendu HTML open source. Ravivant certainement dans le public quelques souvenirs sur ces rumeurs autour du débauchage de David Hyatt de Mozilla.
Apple avait jeté son dévolu sur KHTML et le moteur JavaScript KJD utilisé dans Konqueror, un navigateur web sur Linux. Sitôt le keynote achevé et le Wi-Fi rétabli, Don Melton envoya ce fameux mail à l'équipe KDE qui apprit la nouvelle en même temps que le reste du monde. Il y explique le choix de KHTML par son respect des standards, la compacité de son code (140 000 lignes à l'époque), sa qualité et sa clarté.
De retour à la description de l'ambiance qui prévalait juste avant que Steve Jobs ne mette un nom sur le moteur open source choisi, il se plaît à penser que tout le monde s'attendait à entendre "Gecko". Puis Jobs afficha un nouveau slide avec un seul mot écrit en énorme : "KHTML". Et là, aucun applaudissement. Peut-être parce que pour les gens présents, ce moteur était complètement inconnu et tout le monde fut pris à revers (la présentation est à 54 min 50s dans la vidéo).
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- iLife, Safari et Keynote ont 10 ans
Le recrutement des ingénieurs ne devait pas éveiller l'attention sur ce projet, dirigé au sommet par Scott Forstall. Don Melton explique qu'en ce qui le concerne, il n'était pas particulièrement connu dans la Silicon Valley, mais il en allait autrement pour certaines de ses recrues. Incidemment, il apprit plus tard que l'un de ses anciens collègues chez Eazel (et ex-figure de la création du premier Mac) Andy Hertzfeld, avait tout deviné du projet d'Apple de créer un navigateur, mais qu'il sut garder pour lui ce que lui avait dicté son instinct.
Il cite le cas de Darin Adler, ancien d'Eazel et d'Apple où il dirigea la partie technique du développement du Système 7. Mais ce dernier n'ayant jamais collaboré à la création d'un navigateur, il n'éveilla pas les soupçons. Il risquait d'en aller autrement pour Dave Hyatt, embauché en juillet 2002, puisqu'il contribua activement à la naissance de Mozilla, Chimera/Camino, des langages XBL/XUL et plus tard du futur Firefox.
« Dans le courant de l'été 2002, plusieurs blogueurs et sites d'actualité informatique spéculèrent sur l'idée que Dave devait certainement venir chez Apple pour porter Chimera sur Mac. Sauf que Chimera était déjà une application Mac et qu’elle n'avait pas besoin d'être adaptée. Dès lors, que diable Dave venait-il faire chez Apple ? Mettre au point un autre navigateur Mac basé sur Gecko ? [le moteur de rendu HTML de Mozilla/Firefox, ndlr] ? Personne n'en avait aucune idée. Et tout cela ne semblait pas très logique. Personne ne savait vraiment quoi en penser. C'est peut-être pour ça que les rumeurs se sont vite éteintes »
Melton avance ensuite sur le jour des répétitions du keynote de Macworld Expo 2003 avec Steve Jobs. Une conférence répétée au moins quatre fois par le grand patron.
« Il n'y a rien qui puisse tremper vos sous-vêtements plus vite que de voir votre produit planter pendant une démo de Steve Jobs. »
Il explique qu'à l'époque, sa principale inquiétude tournait autour de la fiabilité de Safari lors de ses connexions réseau. Il fit venir avec lui Ken Kocienda, ancien collègue d'Eazel aussi (un projet de gestionnaire de fichiers pour l'environnement graphique GNOME sur Unix) et embauché en même temps que lui par Forstall.
« Durant l'essentiel de ces répétitions, Ken et moi sommes restés assis dans une salle vide à regarder le “Master Presenter" à l'oeuvre - ciseler son keynote. Quel privilège ce fut d'être le spectateur de ce processus. Chez Apple, nous étions en fait tous des apprentis, pas simplement des spectateurs. Lorsque je vois la maladresse avec laquelle les autres entreprises annoncent leurs produits, je réalise à nouveau ce que l'on a perdu avec la disparition de Steve Jobs. »
Pendant l'une des démos, Safari se trouva dans l'incapacité d'afficher le moindre contenu. Finalement la faute en incomba à une panne réseau générale et non au navigateur. Puis le vrai keynote arriva, auquel furent conviés quelques membres seulement de l'équipe Safari « Les pass pour les employés sont toujours en nombre réduit pour des raisons évidentes. »
« Steve Jobs commença cette partie par un "Attachez votre ceinture" et c'est ce que j'aurai voulu faire à ce moment-là. M'attacher au siège. Puis il définit l'un des objectifs de notre produit de cette manière "La vitesse, la vitesse", là je me suis tendu, je savais ce qui allait suivre :
Démo.
Et pendant l'intégralité des 6 minutes et 32 secondes durant lesquelles Steve a utilisé Safari sur scène, je ne me souviens pas avoir pris une seule fois ma respiration. Je repensais à cette coupure réseau de la veille et je hurlais en moi-même "reste connecté, reste connecté !". Nous ne disposions que d'une seule chance pour faire impression. »
Il n'y eut aucun problème et tout se déroula comme prévu. Puis Steve Jobs revint à ses slides et expliqua qu'Apple avait basé Safari sur un moteur de rendu HTML open source. Ravivant certainement dans le public quelques souvenirs sur ces rumeurs autour du débauchage de David Hyatt de Mozilla.
« Mais j'avais choisi le moteur utilisé - avec évidemment le concours de mon équipe et de mes responsables - un an avant que Dave ne nous rejoigne. Dave pensa lui aussi que c'était une excellente décision une fois qu'il fut avec nous et mis dans la confidence. Mais ce moteur n'était pas Gecko, ce code qu'utilisait Chimera. »
Apple avait jeté son dévolu sur KHTML et le moteur JavaScript KJD utilisé dans Konqueror, un navigateur web sur Linux. Sitôt le keynote achevé et le Wi-Fi rétabli, Don Melton envoya ce fameux mail à l'équipe KDE qui apprit la nouvelle en même temps que le reste du monde. Il y explique le choix de KHTML par son respect des standards, la compacité de son code (140 000 lignes à l'époque), sa qualité et sa clarté.
« Vous pouvez discuter de la pertinence du choix de KHTML - faites-le, au bout de 10 ans ça ne me décourage plus. Je l'expliquerai dans un prochain billet. Je préviens tout de suite : je n'ai rien contre Gecko. »
De retour à la description de l'ambiance qui prévalait juste avant que Steve Jobs ne mette un nom sur le moteur open source choisi, il se plaît à penser que tout le monde s'attendait à entendre "Gecko". Puis Jobs afficha un nouveau slide avec un seul mot écrit en énorme : "KHTML". Et là, aucun applaudissement. Peut-être parce que pour les gens présents, ce moteur était complètement inconnu et tout le monde fut pris à revers (la présentation est à 54 min 50s dans la vidéo).
« Ce que vous ne pouvez pas entendre dans la vidéo, c'est une personne qui était assise à 15 ou 20 rangées derrière nous - qui s'attendait de toute évidence à entendre le mot "Gecko" sortir - et qui a crié de toute la force de ses poumons "WHAT THE FUCK!?”. KHTML a peut-être été une surprise plus grande encore que le fait pour Apple de concevoir son navigateur web. Et ce moment fut grandiose. Nous avions scotché toute l'assistance »
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