Ainsi donc, un « rideau de fer » numérique serait tombé sur l’« internet russe ». L’association de défense des droits humains Human Rights Watch dénonce de longue date l’« isolement croissant et le contrôle gouvernemental du web », mais il semble impossible de résister à la tentation d’un cliché journalistique. Tant pis s’il est trompeur, et masque la lente érosion des principes fondateurs de l’internet.
L’impossible déconnexion de l’« internet russe »
Commençons par le commencement. Internet n’est pas un réseau monolithique, mais un réseau de réseaux fédérés par une suite de protocoles de transfert de données. La culture du consensus gouverne les opérations : le réseau a accepte les paquets envoyés par le réseau b, et réciproquement, même s’il doit seulement les renvoyer vers le réseau c. Pour assurer la bonne marche des interconnexions, chacun s’engage à respecter les mêmes règles et suivre les mêmes procédures.
Les institutions ont d’ailleurs avancé ce « code d’honneur », écrit à coup de RFC et de standards, pour repousser les suppliques ukrainiennes. Le centre de coordination des réseaux des Réseaux IP européens a exclu l’idée de priver les registraires russes des adresses IPv4 et IPv6 qui leur sont assignées, argüant que « …