Les professeurs, parmi lesquels on trouve notamment de nombreux lauréats du prix Nobel, dispensent chacun leurs cours de deux manières : les cours magistraux dans une matière, et leur mise en application dans les différents laboratoires (vous pourrez suivre gratuitement certains cours du MIT sur iTunesU et sur le site dédié du MIT). Les étudiants présentent leurs thèses sur des cas pratiques, et le MIT conserve la propriété intellectuelle des découvertes qui y sont faites. L'institut a une profonde culture entrepreneuriale, nombre d'étudiants fondent leur propre société au sortir de l'école, souvent avec une licence d'exploitation accordée par le MIT sur le résultat de leurs propres thèses.
Ce sont des anciens élèves du MIT qui ont fondé ou co-fondé des sociétés telles qu'Intel, Texas Instruments, 3COM ou encore Qualcomm. Parmi les illustres anciens élèves, on trouve notamment Benyamin Netanyahou, Kofi Annan, plus du tiers des astronautes américains (dont Buzz Aldrin qui fut le deuxième homme à marcher sur la Lune), et pas moins de soixante-seize lauréats du prix Nobel. Les matières enseignées, d'abord restreintes aux sciences physiques et à l'ingénierie, se sont étendues à d'autres disciplines au cours des 60 dernières années, pour inclure également la biologie, l'économie, la linguistique, les sciences politiques et la gestion.
Le campus de 68 hectares, intégralement couvert en WiFi, est une ville dans la ville : le MIT dispose de ses propres banques, magasins, cafés, et même… son propre réacteur nucléaire. Tout est fait pour que les étudiants soient dans les meilleures conditions. Au détour d'une rue, on surprend des bribes de conversations surréalistes entre deux passants "…on a pu stopper le processus de vieillissement…" Bienvenue au MIT…
Les étudiants, malgré le prestige des lieux (ou peut-être à cause de lui), ont une culture iconoclaste qui se transmet de promotion en promotion depuis les origines du MIT. Ainsi, l'institut subit régulièrement des "hacks". Il ne s'agit pas de la violation de systèmes informatiques : au MIT, un "hacker" est "quelqu'un qui réalise un travail intéressant et créatif de grande intensité". De fait cela vire souvent à la farce potache et brillante, qui va de la profanation du vénérable dôme du campus pour le grimer en R2D2, jusqu'à remplacer une fontaine à eau par une lance à incendie (en écho à une phrase du Président de l'institut, selon qui "suivre des études au MIT c'est comme essayer de boire à une lance à incendie").
L'un des emblèmes du campus et de son folklore est l'acronyme IHTFP (pour "I Hate This Fucking Place", mais bien d'autres phrases y ont été associées). Les étudiants ont même inventé une nouvelle unité de mesure, le "smoot", du nom de leur camarade Oliver Smoot, utilisé pour mesurer la longueur du Harvard Bridge qui relie Boston à Cambridge en enjambant la rivière Charles ("364,4 smoots, à plus ou moins une oreille", la mesure ayant été effectuée en faisant s'allonger Oliver Smoot à même le pont. Celui-ci conserve la trace des repères sur son bitume, comme "à mi-chemin de l'enfer" avec une flèche pointant vers le MIT). Google inclut cette unité dans son outil intégré de conversion de mesures, et c'est également une unité optionnelle dans Google Earth.
Le musée du campus conserve religieusement les archives de ces "hacks" pour la postérité, en plus d'une magnifique collection d'hologrammes, la collection Polaroïd (dont l'inventeur, Edwin Land, est un ancien élève du MIT et une idole pour Steve Jobs, lire Apple, Jobs : John Sculley à cœur ouvert), ou encore des différents robots nés en collaboration avec la NASA.
C'est de cette culture du hack qu'est né le logiciel libre, puisque c'est au cours de ses études au MIT que Richard Stallman mit au point le projet GNU, qui donnerait plus tard naissance à la licence du même nom et à la Free Software Foundation. Stallman est d'ailleurs résident permanent du laboratoire CSAIL (Computer Science and Artificial Intelligence Laboratory) du MIT. Ce laboratoire est le plus vaste du campus, tant en nombre de membres que dans l'étendue de ses recherches. Il est situé dans le Stata Center, un bâtiment à l'architecture audacieuse qui héberge également le bureau principal du W3C. C'est aussi au Stata Center qu'on retrouve le département de la linguistique et de la philosophie, où un certain Noam Chomsky enseigne depuis 55 ans.
Le Stata Center
Nicholas Negroponte est un autre membre émérite du MIT. S'il a surtout fait parler de lui ces dernières années pour le projet One Laptop Per Child (lire OLPC : bilan en demi-teinte), Negroponte n'en reste pas moins l'un des fondateurs du célèbre Medialab du MIT. Pour vous donner une idée des avancées permises par le Medialab, regardez cette fascinante conférence TED de 25 minutes (sous-titres en français disponibles), donnée par Nicholas Negroponte. Il y fait diverses démonstrations : vidéo interactive, liens hypertextes, écrans tactiles, téléprésence, et même les bases de ce qui deviendra l'OLPC, tout cela en… 1984, un mois à peine après l'arrivée du tout premier Macintosh sur le marché, qu'il évoque d'ailleurs.
Plus près de nous, le projet SixthSense du Medialab dessine l'avenir de l'informatique nomade et transparente.
De quoi laisser songeur sur ce que sera la portée des travaux du MIT dans 150 ans. Nous aurons l'occasion d'y revenir plus en détail, puisque nous avons eu la chance de rencontrer l'un des professeurs du MIT, dont nous publierons l'interview prochainement.