Il est loin le temps des grand-messes de Steve Jobs en ouverture du salon MacWorld à San Francisco. Trois ans après la défection d'Apple, le salon a-t-il réussi à passer le cap, là où l'Apple Expo a dépéri après l'abandon d'Apple ?
Alors qu'Apple s'est retirée de l'événement depuis 2009, l'exposition MacWorld a réussi à transformer l'essai. Le nombre de visiteurs a augmenté de 10 % par rapport à la précédente édition, se montant aux alentours de 25 000 personnes (en excluant les médias et les exposants), dont 40 % effectuaient leur première visite. Une « petite » Apple Expo en somme, qui réunissait 30 000 visiteurs lors de sa dernière itération en 2008 — un chiffre considéré comme catastrophique pour ce qui fut autrefois le plus gros rendez-vous européen du Mac, avec plus de 120 000 visiteurs au plus fort de son histoire.
Le salon a mis l'accent sur les petits frères mobiles du Mac, en se rebaptisant « MacWorld | iWorld » (bien que nul ne fasse véritablement référence à cette nouvelle dénomination au quotidien), et prenant pour slogan « the ultimate iFan event ».
De fait, les conférences mettaient en avant les trucs et astuces pour tirer le meilleur parti des machines d'Apple, s'orientant ainsi plus fortement vers le grand public que les professionnels à proprement parler. Par ailleurs, d'autres types d'événements ont émaillé ces trois jours, allant de la performance live, jusqu'à l'équipe technique de la série animée South Park venue expliquer son passage du papier découpé aux Xserve avec Motion pour réaliser chaque épisode, en passant par une conversation à bâtons rompus entre les fins observateurs d'Apple que sont Jason Snell (rédacteur en chef du mensuel Macworld US), Andy Ihnatko (chroniqueur) et John Gruber (Daring Fireball)
Si le salon mélangeait joyeusement les produits pour Mac comme pour iOS, ou plus précisément les périphériques, en revanche les logiciels faisaient bande à part : un "village" de mini-stands pour iOS, et une allée sombre et recluse pour OS X : l'effet « camion » se fait sentir. À tel point que certains éditeurs qui proposent des produits pour les deux OS ont préféré ne représenter que ceux pour iOS. Plus que jamais l'OS mobile d'Apple semble hautement stratégique, et son vénérable aïeul relégué au second plan. Le Mac a beau faire de bons résultats dans les chiffres trimestriels d'Apple, il n'en est pas moins éclipsé par les bénéfices que génèrent l'iPhone, l'iPod touch et l'iPad. Reste encore au salon à abandonner le nom "MacWorld" pour que tout soit consommé.
L'OS X Zone, c'est effectivement la zone…
Il n'y eu que peu d'annonces de nouveaux produits, le CES s'étant taillé la part du lion quelques semaines auparavant, mais les visiteurs viennent avant tout pour découvrir les produits, rencontrer les développeurs, ou faire de bonnes affaires. La foule hétéroclite allait du créatif fan de la première heure qui arbore sa différence jusqu'à la famille typiquement américaine.
Les exposants étaient peu enclins à faire des révélations fracassantes : toujours pas de prix ni de date de disponibilité pour les disques MyBook Thunderbolt Duo de Western Digital, Nuance reste toujours énigmatique sur l'utilisation de ses technologies dans Siri, d'autres allaient même jusqu'à refuser qu'on prenne des images de leur produit, bref, chacun suit scrupuleusement son plan de communication et le lieu ne se prêtera décidément pas à défrayer la chronique.
Le couperet d'Apple est tombé au mauvais moment
Certains stands redoublent d'efforts pour attirer le chaland, entre concours primés, démonstrations de trampoline, et autres "booth babes" plus ou moins racoleuses, comme des passages obligés de ce type de manifestation.
En somme, MacWorld | iWorld a réussi sa reconversion en salon grand public, où l'on va essayer les derniers gadgets, apprendre les astuces pour mieux se servir de ses outils, découvrir des logiciels, et rencontrer les développeurs. Un petit air d'Apple Expo outre Atlantique, en somme, où il sera intéressant de mesurer l'évolution de la surface grignotée par iOS année après année, comme un reflet de l'état du marché d'Apple.