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X Lab : la face "cachée" de Google

Pierrick Aubert

jeudi 30 mai 2013 à 15:36 • 40

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Le géant de Mountain View ne fait pas que développer des solutions informatiques et internet. Dans l’ombre, les applications et technologies de demain sont étudiées par son laboratoire Google X. Énergies du futur, véhicules de demain, intelligence artificielle… Ses projets secrets sont soudainement dévoilés au public. Google semble jouer la carte de la transparence totale sur sa division développement. Étrange.







La science-fiction c’est déjà aujourd’hui au Google X Lab. Fondé par Larry Page et Sergey Brin en 2010, ce complexe basé à Mountain View a pour objectif de développer les technologies de demain et il faut reconnaître que l’on savait peu de choses à son sujet jusqu’à maintenant. Aussi bizarre que cela puisse paraître ce département soi-disant secret se retrouve désormais en pleine lumière. Fuites ou teasing ?

Le site d’information BusinessWeek nous a appris que le géant de Mountain View voit grand et n’écarte aucun projet si futuriste soit-il. Sa dernière acquisition en cours en est d’ailleurs la preuve : Makani Power. Une startup qui conçoit des turbines éoliennes montées sur drones et connectées au sol comme des cerfs-volants. Éric Teller, le directeur actuel de Google X Lab, espère par ce rachat déboucher sur une technologie pionnière. Comme l’a expliqué Larry Page lors de la dernière  conférence Google I/O, Google développe des solutions informatiques, mais ses travaux actuels lui permettent de se connecter avec le monde réel.



Concernant l’acquisition de Makani Power aucun montant n’a été dévoilé pour le moment, mais en termes de développement les possibilités sont multiples. "Nous sommes impatients de travailler avec nos nouveaux collègues de Google X pour faire de la turbine aéroportée quelque chose de rentable", déclare Makani Power sur son site. Cela peut sembler complètement fou, mais "si vous ne saisissez pas votre chance, aucun progrès n’est fait" estime Damon Vander Lind, ingénieur en chef du projet. Un tel travail sur l’énergie éolienne pourrait à l’avenir concurrencer les combustibles fossiles et surtout être un énorme succès commercial pour Google. Un créneau sur lequel on ne l’attendait pas forcément.



Changer les choses



Constamment tourné vers l’avenir, l’objectif principal de Google est le même que celui de ses concurrents : avancer. Dans quelle direction ? Personne ne le sait vraiment, mais la compagnie a la prétention de vouloir sauver le monde. "Tout ce qui est un problème pour l’humanité, nous le corrigerons si nous pouvons y trouver une solution", déclare le directeur de Google X Lab. BusinessWeek explique que, depuis sa création, le laboratoire cherche à s’imposer en héritier des centres classiques, comme Bletchey Park, à qui l’on doit la cryptographie moderne, ou le projet Manhattan, qui a créé la première bombe atomique. Aujourd’hui, les entreprises se retirent de la recherche et préfèrent se tourner vers l’innovation du côté des startups. En dévoilant ses projets secrets, la société Google semble vouloir jouer cartes sur table et montrer qu’elle profite de la situation pour essayer d’aider.



Seulement voilà, les ascenseurs spatiaux, la téléportation... Ça fait fantasmer le public et ça s’arrête là. Lever subitement le voile sur son département secret ne masque pas le fait que la compagnie fonctionne comme toutes les autres. L’achat de petites entreprises est le meilleur moyen d’intégrer de nouvelles compétences, d’innover et d’étendre son marché en se diversifiant. Exemple avec Android, l’un des plus gros succès de Google, qui existait déjà à l’époque de la création de Google X. L’OS n’est pas né d’un brainstorming à Mountain View. Nombreux sont ceux qui l’oublient. Ce système d’exploitation mobile aujourd’hui présent sur 75 % des smartphones du monde entier a initialement été développé par une startup rachetée en 2005. Pas sûr qu’aujourd’hui l’acquisition des cerfs-volants high-tech de Makani Power marche aussi bien.



De belles promesses



Imaginées par Google et tout droit sorties de son X Lab, on trouve également les Google Glass. D’après les prévisions optimistes de Business Insider Intelligence, 21 millions de paires pourraient être écoulées annuellement d’ici 2018. Si le prix avoisine les 500 dollars, cela représenterait pour Google un marché de 10,5 milliards de dollars d’ici cinq ans. Mais tout ceci reste discutable. Actuellement, seuls les plus geeks semblent être réellement prêts à en porter.



Un tel succès dépendra évidemment de l’intérêt porté par les développeurs et surtout de l’intégration sociale du produit. Être constamment équipé d’une caméra ça n’est pas du goût de tout le monde. Outre la réalité augmentée, une des prochaines innovations signées Google pourrait être la Google Car. Les véhicules tests circulent déjà à travers les États-Unis et le directeur des projets spéciaux, Sergey Brin, a prédit que ces voitures autonomes sans pilote seront sur le marché d’ici 2017.





"Le monde n’est plus limité par le Q.I. Nous sommes tous limités par la bravoure et la créativité" a déclaré Éric Teller lors d’une conférence au festival South By Southwest d’Austin. Il y a un mois, Eric Schmidt en a surpris plus d’un en annonçant que "d’ici la fin de la décennie, tout le monde sur Terre sera connecté à l’Internet." Sachant qu’aujourd’hui 40 % de la planète est connectée à la Toile, la tâche semble pharaonique, mais pas impossible compte tenu des compétences de Google. Pour résoudre ce problème, Google X Lab propose notamment de monter des émetteurs haut débit à bord de ballons envoyés à haute altitude. De quoi garder pendant encore un moment la tête dans les nuages.



Plus sérieusement, tout ceci a un coût ! Qui dit recherche dit ressources, et Google a ici de quoi donner des sueurs froides à ses investisseurs. Certes Mountain View peut se permettre de telles folies, en revanche les paris peuvent être parfois audacieux. Pour l’heure, Google continue sur cette lancée et veut montrer qu’il aime le risque. Une philosophie qui lui réussit jusque là. Eric Teller considère que Google X Lab ne doit pas être uniquement jugé sur son rendement financier, mais aussi sur les progrès qu’il apporte. "Nous en sommes encore à notre adolescence", assure-t-il. Selon lui, le centre de recherche devrait étudier deux ou trois nouveaux projets par an. Google devient en quelque sorte le Microsoft des années 2010. Avec des innovations futuristes à tout va, le public a rapidement de quoi rêver. Mais dans le monde réel, le plus difficile sera évidemment de commercialiser ces inventions et surtout d’arriver à les vendre.



Chacun sa méthode



Alors que chez Google X Lab ce sont les portes ouvertes côté recherche et développement, il est beaucoup plus difficile d’obtenir des informations sur les travaux de la division Technologies d’Apple dirigée par Bob Mansfield. L’iWatch fait évidemment partie des grandes attentes, mais la Pomme semble maitriser autrement son circuit interne. Deux modes de gestion s’opposent. D’un côté la transparence de Google, où l’un des fondateurs dirige l’ensemble, gère les dossiers et laisse un collègue librement inventer le futur. De l’autre, une méthode de travail plus décentralisée et donc beaucoup moins exposée. Apple se fait plus discret en coordonnant ses recherches autour de petites équipes pour penser l’informatique de demain. Au-delà de l’imagination, reste à voir laquelle des deux techniques sera la plus productive.



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