Eric Holder, le ministre américain de la Justice a critiqué à son tour les mesures prises par Apple et Google pour rendre plus compliquée l'extraction de données de leurs terminaux. Alors qu'il quittera son poste dans quelques semaines ou mois, le ministre a déclaré qu'il était « tout à fait possible de permettre aux forces de l'ordre de faire leur travail, tout en assurant le respect de la vie privée » des utilisateurs.
Ces propos ont été tenus dans un discours prononcé lors d'une réunion de la Global Alliance against Child Sexual Abuse Online. Ils font écho à des considérations identiques exprimées la semaine dernière par le directeur du FBI, James Coney.
Je crois que personne ne devrait être au-dessus des lois. Ce qui m'inquiète, c'est le marketing de ces entreprises [Apple et Google] qui dit explicitement que les gens peuvent se placer au-dessus des lois […] Dans ce monde post-Snowden, je comprends qu'il y ait un retour de balancier. Ce qui m'inquiète, c'est que le balancier soit allé un peu trop loin dans l'autre sens.
La raison de cet agacement a pour origine les évolutions d'iOS et d'Android qui chacun à leur manière rendent plus opaques aux yeux des enquêteurs (ou de personnes moins bien intentionnées) le contenu des smartphones et tablettes.
Google a prévu de chiffrer par défaut toutes les données des terminaux sous Android L et Apple a expliqué qu'il n'était techniquement plus possible « de répondre aux mandats du gouvernement pour extraire les données d'appareils en sa possession, fonctionnant sous iOS 8 et protégés par mot de passe ».
Histoire de marquer les esprits et pour mieux faire passer le message auprès du grand public, Eric Hoder a appuyé son propos en faisant référence aux prédateurs sexuels et aux kidnappeurs. Il y a quelques jours, le patron de la Police de Chicago avait été plus direct, il avait qualifié l'iPhone de « téléphone de choix pour les pédophiles. Le pédophile lambda doit être en train de se dire qu'il lui faudrait un téléphone Apple. »
Les critiques à l'endroit d'Apple et de Google font à chaque fois valoir que ces choix techniques vont à l'encontre de la sécurité publique et de la protection des citoyens en entravant le travail des policiers. Alors que ceux qui défendent ces évolutions estiment que ces même citoyens sont ainsi mieux protégés de possibles débordements et intrusions de la part de leur propre gouvernement.
Eric Holder a d'ailleurs eu maille à partir il y a un an sur ces questions. L'administration Obama, et son ministre de la Justice ont été accusés d'avoir autorisé l'espionnage des conversations téléphoniques de nombreux journalistes afin de découvrir l'origine de certaines fuites.