Avec plusieurs fers au feu au niveau européen, Apple s'active à Bruxelles pour défendre ses intérêts. Depuis le début de l'année, les représentants d'Apple ont rencontré à onze reprises des membres de la Commission européenne, selon le décompte du média spécialisé La Lettre A. C'est davantage que pour l'ensemble de 2019.
La dernière réunion a eu lieu le 27 juillet avec une membre du cabinet de Thierry Breton, le commissaire au marché intérieur qui avait lui-même discuté avec Tim Cook au printemps des applications de traçage des contacts.
L'objet du dernier rendez-vous a été tout autre : il a été question du Digital Services Act, une réforme importante qui porte sur la taxation des géants du numérique et sur la régulation des plateformes en ligne. Autant dire qu'Apple est doublement concernée.
Une partie de ce « paquet » européen, en gestation depuis plusieurs années, est entrée en vigueur le mois dernier. Elle vise à rééquilibrer la relation entre les propriétaires des grandes plateformes et leurs utilisateurs. Dans le cas d'Apple, c'est l'App Store et les pratiques afférentes liés aux développeurs qui sont concernées.
La réglementation impose par exemple un délai d’au moins 15 jours entre l’annonce d’un changement des conditions (les guidelines de l'App Store, en l'occurrence) de la plateforme et son entrée en vigueur ; des renseignements supplémentaires de la part du propriétaire sur la gestion des comptes ; et la possibilité pour les développeurs de faire appel à un médiateur en cas de litige.
Autant de sujets sur lesquels Apple veut peser, sans oublier que l'entreprise fait l'objet depuis juin de deux enquêtes de la Commission européenne en matière de concurrence : l'une sur Apple Pay, l'autre sur l'App Store. S'ajoute même à la liste la reprise du débat sur le chargeur unique en Europe, à l'issue incertaine pour le connecteur Lightning.
L'intensification du lobbying d'Apple s'accompagne logiquement d'une augmentation des dépenses en la matière. Le budget de Hanover Communications International, le cabinet qui est le principal représentant de la Pomme, est passé de 300 000 € maximum à 500 000 €. L'année dernière, Apple avait dépensé plus de 2 millions d'euros en lobbying à Bruxelles.