Après Cédric O qui défend l’idée d’une taxe GAFA, c’est au tour de Bruno Le Maire de cibler les géants du numérique, et tout particulièrement Apple. Le ministre de l’Économie français, durant une conférence sur la compétitivité numérique organisée par la présidence allemande de l'Union européenne, a critiqué la position dominante des entreprises technologiques étrangères dans l'UE, quelques mois après l’ouverture par la Commission européenne d'enquêtes sur Apple Pay et l’App Store.
Bien remonté contre la capitalisation boursière d’Apple, qui dépasse celle de tout le CAC 40, le ministre a critiqué le fait qu’un petit nombre de multinationales s’accaparaient la plupart des profits sur le marché européen. Selon lui, une telle situation est mauvaise pour la compétitivité locale : « C’est un problème compétitif lorsque ces compagnies mettent en place des stratégies pour enfermer leurs utilisateurs et verrouiller leurs écosystèmes ».
Déplorant le manque de champions locaux dans le secteur du numérique, Bruno Le Maire voudrait que de telles entreprises fleurissent dans l'Union européenne, sans toutefois préciser exactement la manière d’y parvenir. La solution dépasse manifestement le cadre national trop étriqué : c'est au niveau de l'Europe qu'il faut agir bien sûr, mais encore faut-il pouvoir accorder ses violons entre États membres.
Le cas StopCovid est assez exemplaire : l'Allemagne a abandonné en cours de route le protocole développé conjointement avec la France, pour mieux embrasser l'API d'Apple et de Google. Résultat, StopCovid est complètement isolé en Europe et a des allures de « crash industriel ».
Autre exemple : début juin, le gouvernement a choisi Microsoft et la plateforme Azure pour stocker les données de santé des Français sur le Health Data Hub, au détriment d'OVH. Le tout en plein débat sur la souveraineté numérique française et européenne, et alors que le projet Gaia-X d'infrastructure cloud intégrée en Europe est en développement.
Si l'UE est encore empêtrée dans les choix technologiques contradictoires de ses membres, en revanche elle sait faire une chose : produire des règlements. Le Digital Services Act, qui sera lancé en fin d'année, est censé rééquilibrer les disparités de certains marchés, notamment pour ce qui concerne l'économie numérique. Bruno Le Maire veut faire en sorte que ce règlement cible spécifiquement les plateformes numériques qui ont acquis une position dominante et qui usent de « stratégies prédatrices ».