La citadelle Apple va-t-elle devoir céder aux demandes insistantes des autorités ? Le constructeur a fait de la protection de la vie privée de ses utilisateurs un principe intangible, avec le chiffrement des données et le refus de mettre en place des portes dérobées. Lors d’un rendez-vous sur la prévention de la radicalisation en ligne en fin de semaine dernière, Tim Cook a de nouveau rappelé la position ferme de l’entreprise (lire : Terrorisme et radicalisation en ligne : le gouvernement US en quête de solutions).
Mais des deux côtés de l’Atlantique, on ne cesse d’appeler à la création de backdoors. En France tout d’abord, la députée de l’Essonne Nathalie Kosciusko-Morizet a déposé un amendement à la loi Numérique, demandant que soit instaurées des portes dérobées obligatoires. Une proposition rejetée par le gouvernement : Axelle Lemaire, la secrétaire d’État au numérique, a expliqué qu’il était inapproprié de créer une « vulnérabilité by design ».
« Introduire des failles délibérément à la demande — voire parfois sans le savoir — des agences de renseignement a un effet qui est de nuire à l’ensemble de la communauté », a déclaré la secrétaire d’État, reprenant les arguments de Tim Cook et de nombreux spécialistes de la sécurité informatique. Créer une backdoor revient à ouvrir un accès pour la justice et la police certes, mais aussi aux malandrins en tout genre. Pour Axelle Lemaire, « ce n’est pas la bonne solution ».
Le discours est bien différent en Grande-Bretagne, où un projet de loi instituant des portes dérobées est à l’étude — Apple s’y oppose formellement. Et dans l’État de New York, un autre projet en cours d’examen obligerait les constructeurs et les éditeurs de systèmes d’exploitation de créer des passages dans leurs produits au risque sinon de payer une amende de 2 500 $ par appareil contrevenant. Selon les termes de cette loi, il doit être possible à un constructeur de déchiffrer et de débloquer un smartphone ou son OS. Le projet doit encore passer la rampe du vote.