Amazon est sur tous les fronts, en France comme aux États-Unis. Une déclaration de Frédéric Duval, le directeur général de la filiale française du mastodonte du commerce en ligne, a dû faire couler une goutte de sueur froide dans le dos des enseignes de grande distribution. Au Journal du Dimanche, le dirigeant a en effet fait part de son « envie » de lancer Amazon Fresh en France.
Amazon Fresh, c'est ce service lancé aux États-Unis en septembre 2016, qui permet de commander et de recevoir des produits frais, légumes et fruits, viandes, plats préparés congelés, boissons, lait, œufs… Une épicerie en ligne qui s'est sérieusement renforcée avec l'acquisition en juin dernier du réseau de magasins Whole Foods Market (pour plus de 13 milliards de dollars).
Un achat qui marque une « nouvelle étape » dans l'axe de développement de la distribution de produits alimentaires, se réjouit Frédéric Duval. « Nous aurions bien entendu envie de lancer ce service en France, mais chaque chose en son temps », dévoile-t-il au JDD. Dans l'Hexagone, Amazon propose déjà une sélection de produits d'épicerie courants (pâtes, conserves, café, thé, hygiène…) avec des formules d'abonnement pour « cadencer ses achats en fonction de sa consommation ».
Amazon France aimerait aller bien plus loin en distribuant des produits frais. Ce qui implique le respect strict de la chaîne du froid pour plusieurs d'entre eux, bien sûr. Voyez comme les choses sont bien faites et avancent en coulisses : le groupe Système U négocie pour fournir à Amazon des denrées alimentaires destinés aux abonnés Prime Now (livraison en une ou deux heures) à Paris.
Serge Papin, le PDG de Système U, relativise toutefois : « Les discussions avec Amazon pour devenir leur fournisseur de produits de grande consommation sont en cours. Nous ne sommes pas les seuls et c'est très loin d'être finalisé ». Monoprix serait aussi sur les rangs. Cette nouvelle concurrence, si elle se mettait effectivement en place, mettrait une pression supplémentaire sur les grandes enseignes de la distribution qui n'ont pas encore complètement accompli leur transition vers le numérique.
Les nouvelles habitudes de consommation des Français sont en tout cas prises très au sérieux par les groupes français de la distribution : Carrefour va investir 2,8 milliards d'euros sur cinq ans pour se mettre à niveau sur internet. Le géant tricolore des hyper et des supermarchés est en grande difficulté avec des ventes qui n'ont cessé de plonger ces derniers trimestres.
De l'autre côté de l'Atlantique, Amazon prépare un nouveau coup : des comptes courants bancaires. L'entreprise a noué des contacts avec J.P. Morgan pour mettre en place ce nouveau service, dont les contours restent encore assez flous. Elle viserait en tout cas les jeunes adultes et ceux qui n'ont pas de compte bancaire… et qui ne peuvent donc pas consommer sur Amazon !
Le groupe propose déjà des cartes bancaires, mais il s'agit de facilités de paiement ou encore de cartes Visa pour les abonnés Prime, pas de comptes bancaires à proprement parler. Qui sait, peut-être qu'Amazon pourrait aussi s'intéresser au marché français où les offres bancaires ont fleuri ces derniers mois.