Après les voitures électriques avec Tesla, la conquête spatiale avec SpaceX ou encore les tunnels avec The Boring Company, Elon Musk s’intéresse aussi au cerveau. En 2016, il a participé à la création de Neuralink, une start-up dont l’existence n’a été révélée qu’un an après et qui restait jusque-là largement secrète. Pour la première fois, l’entreprise a donné une conférence de presse mardi soir pour expliquer ce qu’elle faisait, et surtout pour recruter des talents, comme l’a expliqué son cofondateur.
Neuralink travaille sur les implants cérébraux et plus particulièrement sur les interfaces neuronales directes, une méthode pour relier le cerveau et un appareil informatique. Ce domaine n’est pas nouveau et la start-up californienne est loin d’être la seule à travailler sur le sujet. Le premier implant cérébral de ce type remonte à 2006, mais si la technologie a évolué depuis, elle reste invasive et limitée. Elon Musk et ses collègues de Neuralink espèrent simplifier considérablement l’installation des implants, améliorer le confort des patients au quotidien et surtout augmenter la quantité de données transmises.
Dans un premier temps, Neuralink espère fournir des solutions pour les patients qui souffrent de paralysies cérébrales, ou d’autres handicaps liés au cerveau (déficiences visuelles ou auditives, notamment). Par rapport à ce qui existe aujourd’hui, l’entreprise innove sur la forme et le fonctionnement. Côté forme, la liaison cérébrale est permise par des fils souples et extrêmement fins : entre 4 et 6 μm, soit bien plus fin qu’un cheveu humain (entre 15 et 180 μm selon les cas). Ces fils très fins seront injectés dans le cerveau à l’aide d’un robot qui fera tout le travail automatiquement, et sans anesthésie générale.
Neuralink développe autant ces fils que le robot qui devra les installer. L’entreprise espère que ce robot pourra installer six fils par minute, en évitant automatiquement les vaisseaux sanguins pour réduire les irritations. Les trous nécessaires pour faire passer les fils se feront avec un laser, pour limiter encore une fois la gêne et rendre l’opération aussi indolore que possible.
Les prototypes actuels sont loin encore de l’idéal, où les fils seront reliés à un minuscule boîtier placé sous le cerveau, qui enverra ses données sans fil à un petit boîtier placé derrière l’oreille, qui lui-même transmettra les informations sans fil à un smartphone. Pour le moment, Neuralink travaille sur des rats de laboratoire, avec une interface encombrante et un lien en USB-C pour récupérer les données. Mais le travail de la firme est prometteur, puisque les scientifiques ont réussi à obtenir dix fois plus d’informations qu’avec les interfaces neuronales actuellement disponibles.
Neuralink est encore loin du compte, comme l’a indiqué l’un de ses co-fondateurs dans une interview au New York Times. La firme, qui compte 90 employés actuellement, espère recruter pour accélérer ses recherches, détaillées dans cet article scientifique qui décrit aussi ses idées pour l’avenir.
Fidèle à sa réputation, Elon Musk en a un petit peu trop dit pendant la conférence, indiquant que l’entreprise avait réussi à faire contrôler un ordinateur par un singe, ce qui ne devait pas être communiqué. Il a aussi indiqué qu’il espérait débuter les tests sur des humains dès 2020, mais on sait que les promesses du milliardaire ne sont pas toujours fiables… Sans compter que les premiers tests sur les humains ne fonctionneront peut-être pas aussi bien que sur les animaux.
Les ambitions de Neuralink sont malgré tout bien plus grandes que simplement les applications médicales. L’objectif ultime est d’augmenter la capacité du cerveau avec des ordinateurs et de l’intelligence artificielle. On en est encore très loin, mais sachez que si le sujet vous intéresse et que vous travaillez dans ce domaine, que l’entreprise va recruter des spécialistes à tour de bras.
Source : The Verge