Elon Musk a manifestement décidé de reproduire la stratégie qu’il avait mise en place après son acquisition de Twitter et l’heure est aux licenciements chez Tesla. Après avoir supprimé environ 10 % des postes mi-avril, on a appris qu’il avait licencié toute l’équipe en charge de superchargeurs, à commencer par Rebecca Tinucci qui était à sa tête. Ce départ d’environ 500 personnes est un choix surprenant quand on sait que le réseau de charge rapide du constructeur américain est pourtant parmi les plus gros succès de l’entreprise.
Tesla a été pionnier en matière de charge rapide, en construisant ses propres stations dès le départ pour permettre à ses clients de parcourir de longues distances avec ses voitures électriques. Son effort continu pour agrandir le réseau lui permet d’être aujourd’hui le numéro un de la charge rapide, surtout en Amérique du Nord, mais cela reste le cas en Europe, même si les alternatives se sont multipliées depuis. Longtemps gratuits, les superchargeurs sont par ailleurs devenus une source de revenus croissante, d’autant que le constructeur les a ouverts à toutes les voitures électriques des deux côtés de l’Océan.
La situation est encore plus incompréhensible aux États-Unis, où le connecteur imaginé par Tesla est en passe de devenir le standard pour toute l’industrie automobile. De quoi donner un avantage énorme au réseau de superchargeurs, dont les bornes sont déjà équipées du connecteur, et l’entreprise semblait jusque-là vouloir exploiter cet avantage en accélérant le déploiement de nouvelles stations. Ce n’est plus le cas, comme l’a confirmé Elon Musk lui-même en indiquant que le rythme d’ouverture allait ralentir. D’ailleurs, Electrek croit savoir que des projets d’ouverture ont d’ores et déjà été abandonnés à New York et ce sera probablement vrai aussi dans le monde entier. Un contraste fort avec sa stratégie préalable, où les ouvertures s’enchaînaient à bon rythme.
Le milliardaire cherche à réduire la voilure pour faire face à un futur difficile sur le court-terme, Tesla ne parvenant plus à vendre aussi facilement qu’avant, même en cassant les prix. Il mise tout sur la conduite autonome et le futur « Robotaxi » qui est censé être présenté cet été, au détriment de tout le reste. Une stratégie dangereuse alors que la concurrence s’améliore rapidement, y compris en matière de charge rapide.
Malgré tout, menacer la division qui est pratiquement la seule à maintenir sa croissance sur le dernier trimestre1 est un choix qui semble bien difficile à justifier. D’après les retours des principaux concernés, ce licenciement était une surprise sans avertissement. Elon Musk espère sûrement maintenir la qualité du réseau de superchargeurs avec une équipe extrêmement réduite, l’avenir dira s’il avait raison.
Parmi les départs récents chez Tesla, on note aussi celui de Daniel Ho. Vétéran du constructeur chez qui il travaille depuis 2013, il a participé à la conception de plusieurs véhicules, dont les Model3 et Model Y, et il était surtout à la tête de la division chargée de développer de nouveaux véhicules. Tout un symbole, alors que la Tesla d’entrée de gamme a été remise en cause par la priorité mise par Elon Musk sur la conduite autonome.
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Sur le premier trimestre 2024, la branche des « Services et autres revenus » affiche une croissance de 25 % par rapport à l’an dernier, à comparer aux ventes de voitures qui a baissé de 13 %. ↩︎
Source : The Verge