Après quatre jours et quatre nuits d'une intense bataille de chiffonniers, l'Union européenne a fait un nouveau pas vers le fédéralisme… et une taxe sur le numérique. Les 27 États membres ont fini par accorder leurs violons et à s'engager dans un plan de relance doté de 750 milliards d'euros : 390 milliards de subventions, 360 milliards en prêts. L’objectif est de soulager les économies des pays les plus touchés par la crise sanitaire, dont les finances publiques vont de nouveau être mises à contribution pour les plans de relance nationaux.
La France pourra prétendre à 40 milliards d’euros de subventions, l’Italie à 80 milliards, 60 pour l’Espagne — et davantage encore via les prêts de l’UE. Au-delà de ces sommes dont l’énormité passe au-dessus de la tête du commun des mortels, cet accord confère à la Commission européenne le pouvoir de lever de la dette sur les marchés financiers. La « signature » financière de Bruxelles étant d’excellente qualité, les prêts que l’exécutif européen contractera sur les marchés bénéficieront de taux d’intérêt très bas.
Ces emprunts très avantageux seront à l’avantage des pays qui en bénéficieront, car pour eux aussi cela signifie de l’argent moins cher pour financer leurs dépenses. Reste à régler la question… du financement des subventions et du remboursement des emprunts sur les marchés ! La Commission européenne devra faire entrer dans ses caisses des ressources propres.
Dans ce domaine, l’imagination est reine : taxe sur les transactions financières et taxe carbone aux frontières sur les produits importés polluants (qui pourrait rapporter de 5 à 14 milliards d’euros chaque année) sont à l’étude. Une taxe sur les multinationales du numérique pourrait également être mise en musique, elle rapporterait 1 milliard par an selon Le Figaro.
Durant son interview à la télé, Emmanuel Macron a expliqué que le plan de relance européen sera remboursé non pas par « le contribuable français », mais par les « acteurs internationaux ». Autrement dit, les « entreprises du numérique » qui ne sont « pas assez sollicitées » : cette fiscalité européenne « permettra de mieux [les] taxer ».
Le principe d’une taxe numérique, déjà en place en France, est censé s’appliquer partout dans le monde mais les États-Unis ont décidé de suspendre leur participation aux négociations. « Le bon niveau est le niveau européen », a assuré Emmanuel Macron. La taxe européenne sur le numérique doit être mise en route en 2023.