Il y a quelques jours, Microsoft a ajouté en douce la prise en charge du système de fichiers ReFS dans une version bêta de Windows 11. Et comme pour le passage du HFS+ à l'APFS il y a quelques années chez Apple, c'est important pour Microsoft.
Un remplaçant du NTFS
NTFS (pour New Technology File System) a été introduit en 1993 avec la première version de Windows NT, la 3.11. Il a longtemps été utilisé en parallèle de FAT16 et FAT32 avant de devenir le système de fichiers par défaut avec Windows XP en 2001, qui fusionnait les branches 9x et NT de Windows. Le NTFS est en gros un contemporain du HFS+, apparu en 1998 avec Mac OS 8.1, qui a été remplacé en 2017 par l'APFS (Apple File System).
Comme souvent chez Microsoft, la transition du NTFS vers ReFS (pour Resilient File System) est assez longue. Le « nouveau » système de fichiers a été introduit en 2012 avec Windows Server 2012, le pendant professionnel de Windows 8. Au fil des années, il a été amélioré et pris en charge par d'autres versions de Windows, mais toujours dans un contexte professionnel jusqu'à maintenant.
Un système de fichiers moderne
ReFS est un système de fichiers qui ressemble à l'APFS sur certains points, avec des mécanismes de sécurité intégrés pour éviter les corruptions de données, comme la technologie copy-on-write. Pour simplifier, si vous effectuez une écriture quelconque avec un système de fichiers classique, les nouvelles données peuvent être écrites à la place des anciennes, dans le même bloc que les anciennes du point de vue du système de fichiers.
Ce choix pose un problème : si jamais un problème survient pendant l'écriture, les données sont perdues. Avec la technologie copy-on-write utilisée par APFS et ReFS, les nouvelles données sont écrites sur un bloc vide et les liens qui pointent vers les données ne sont modifiés qu'une fois l'écriture validée. Ce choix permet de garder une copie des données grâce aux *snapshots*, avec la possibilité de revenir en arrière rapidement. En cas de problème, le média contient donc les anciennes et les nouvelles données.
Par rapport à NTFS, ReFS prend en charge de plus grandes partitions (35 Po contre 256 To), avec une taille maximale identique pour les fichiers. Il gagne aussi quelques options qui accélèrent les grappes RAID en mode logiciel, et perd seulement quelques options peu utilisées en NTFS. La page dédiée de Microsoft indique que la gestion des noms courts n'est plus possible2 et que le ReFS ne peut pas être utilisé comme disque de démarrage… ce qui est faux.
C'est en effet la nouveauté de la dernière version bêta de Windows 11 : il est possible d'installer l'OS sur un volume formaté en ReFS et de démarrer dessus.
Enabling ID 42189933 will allow you to install Windows to a ReFS partition without any other workarounds! pic.twitter.com/YO6aieo0fl
— Xeno (@XenoPanther) January 20, 2023
Reste à voir comment Microsoft va effectuer la transition. Apple avait poussé la migration vers APFS en douce avec iOS 10.3 et plus ou moins imposé le système de fichiers avec macOS High Sierra, avec quelques exceptions. Mais dans le monde Windows, l'inertie est la norme et la rétrocompatibilité souvent importante, sans même prendre en compte la myriade de configurations différentes. Plus pragmatiquement, le ReFS ne devrait pas remplacer le NTFS en masse très rapidement et c'est un peu dommage.
Notons enfin que le ReFS est pour le moment un projet fermé et qu'il n'existe pas de pilotes pour lire le ReFS sous macOS. Pour GNU/Linux, Paragon propose un pilote payant et fermé.