Ouvrir le menu principal

MacGeneration

Recherche

Avec les PC Copilot+, Microsoft et Qualcomm s'attaquent aux MacBook Air

Florian Innocente

Tuesday 21 May 2024 à 09:56 • 97

Matériel

Microsoft a donné le coup d'envoi d'un nouveau match avec Apple où les PC sont dopés à l'IA et dotés de processeurs plus puissants et économes sur la batterie. Autre signe d'un changement d'époque, Qualcomm a pris la place d'Intel au cœur de ces PC.

Pour un utilisateur Apple, le scénario a un air de déjà-vu : des processeurs ARM offrant des performances logicielles et une autonomie qui grimpent en flèche. Tout ce qui a fait le succès des Mac Apple Silicon se retrouve dans les annonces de Microsoft faites hier. Avec comme différence notable et comme avantage sur Apple, le recours à l'IA que l'on convoque d'une nouvelle touche dédiée. Microsoft a pris comme exemple de concurrent le MacBook Air M3, et produit des chiffres plus flatteurs, en plus de comparaison avec d'anciens modèles de PC Intel.

À nouvelle génération de PC, nouveau nom. Microsoft les qualifie de « PC Copilot+ ». La base matérielle change grâce à Qualcomm et son expertise dans les puces pour smartphones tandis qu'OpenAI prête ses neurones à Windows pour assister l'utilisateur et autoriser des requêtes en langage naturel.

Pour se qualifier dans cette nouvelle division Copilot+, les PC doivent afficher au minimum 16 Go de RAM — le double des MacBook Air — 256 Go de SSD et disposer d'un processeur muni d'un moteur neuronal. Tout le ban et l'arrière-ban des fabricants de PC y est allé de ses annonces de portables Copilot+ avec des lancements qui vont débuter à partir du 18 juin. Microsoft a pareillement fait évoluer sa gamme de portables Surface.

Nouveaux PC Surface Copilot+.

Au cœur de cette première vague de PC de nouvelle génération, on trouve les processeurs Snapdragon X Elite ou Plus de Qualcomm. Ce n'est pas la première fois que Microsoft s'essaie à populariser une architecture ARM pour Windows, mais les planètes semblent être bien mieux alignées cette fois. En outre, l'exemple d'Apple qui a bouté Intel hors de toutes ses machines pour leur plus grand bénéfice a prouvé la pertinence de cette approche.

AMD et Intel ne sont pas hors jeu pour autant. On verra leurs puces à l'intérieur de PC Copilot+, mais plus tard dans l'année. Intel prévoit d'en être au troisième trimestre avec ses processeurs Lunar Lake. Le fondeur a décrit cette génération comme 3 fois plus performante sur les tâches liées à l'IA et s'est contenté de parler d'amélioration sur l'autonomie. Mais il assure qu'il équipera 80 modèles de portables chez 20 fabricants avec 40 millions de processeurs "IA" livrés d'ici la fin de l'année.

Lunar Lake. Image : Intel.

Le renfort des applications natives

Les PC accompagnant les annonces de Microsoft, avec ses propres nouveaux modèles Surface, ont donc fait la part belle à Qualcomm et à des logiciels adaptés pour l'architecture ARM. Adobe en est, avec Photoshop, Lightroom, Firefly et Express déjà prêts, qui seront suivis par Illustrator et Premiere Pro. D'autres poids lourds comme Chrome, Firefox, Spotify, Dropbox, WhatsApp, la suite Affinity, DaVinci Resolve, Zoom sont aussi de la partie.

Microsoft dit avoir amélioré Prism, son émulateur de code x86 (le cousin de Rosetta 2 d'Apple) dans des proportions allant jusqu'à 200 %. Pour autant, l'objectif est que l'utilisateur de ces PC utilise au maximum des applications natives. Le succès de la plateforme Apple Silicon a résulté aussi de la complicité des éditeurs tiers.

D'après les estimations de Microsoft et au vu des logiciels déjà adaptés, un utilisateur moyen passera 87 % de son temps sur des applications natives. Reste à atteindre les 100 %. Pour cela il faut que les clients fassent ce choix d'aller sur des PC dépourvus du petit autocollant Intel et que les ventes provoquent un effet boule de neige sur les réécritures d'applications.

MacBook Air en ligne de mire

Microsoft fait valoir deux avantages face aux PC Intel actuellement en vente : les performances du matériel et les avancées de Windows.

Sur le plan technique, le MacBook Air M3 a été appelé à la rescousse pour présenter les premiers PC Copilot+ sous un jour flatteur. Yusuf Mehdi, patron du marketing de Microsoft, a déclaré que cette génération de machine allait être jusqu'à 58 % plus rapide qu'un MacBook Air M3 en multicœur. Le chiffre provient d'un comparatif avec Cinebench 2024 utilisé sur Snapdragon X Elite 12 cœurs et Snapdragon X Plus 10 cœurs face à un MacBook Air 15" avec un M3 à 8 cœurs de CPU et 10 cœurs de GPU.

En termes d'autonomie, le test de Microsoft de navigation web sur son PC Surface Copilot+ a donné presque 17h contre 8h38 sur le modèle Intel de 2022. Le test de même catégorie chez Apple affiche 15h sur un MacBook Air 15" M3. En lecture vidéo, Microsoft a enregistré plus de 20h, Apple annonce 18h (et 12h30 pour l'ancien PC Surface).

Windows se remplit d'IA

Le second avantage réside dans les nouvelles capacités de Windows, aidées par 40 petits modèles de langage qui tournent en tâche de fond et n'auront pas nécessairement besoin d'un accès réseau.

La fonction la plus intéressante est peut-être "Recall" — un hybride de Spotlight et de Time Machine — qui donne à Windows une sorte de mémoire eidétique. Ce moteur de recherche permet de saisir des requêtes en langage naturel et Windows saura fouiller parmi les contenus textuels, images, vidéos (qui auront été retranscrites), pages web, présentations PowerPoint… qui sont passés à un moment ou un autre devant les yeux de l'utilisateur et lui proposer une réponse. Le principe n'est pas sans rappeler fortement Limitless sur Mac (lire aussi Rewind se renomme Limitless et se tourne vers le cloud pour stocker tous les enregistrements ).

Recall.

Recall fonctionne en prenant des captures d'écran par intervalles de quelque secondes. Ces instantanés sont chiffrés et stockés sur le PC. Lorsque Recall répond à une question, c'est l'un de ces instantannés qui est montré dans son application d'origine. Plus tard — la fonction est encore en bêta, mais le français est déjà pris en charge — Recall pourra montrer le document ou le mail original.

Outre de nécessiter l'un de ces nouveaux PC Copilot+, Recall aura besoin d'un volume de stockage de 256 Go minimum et 50 Go libres. Pour un volume de 256 Go, Recall prendra 25 Go par défaut. De quoi emmagasiner 3 mois d'instantanés qui sont progressivement purgés lorsque la limite de stockage allouée est atteinte.

Comme autres fonctions d'assistance, Microsoft a imaginé des assistants que les progrès de l'IA générative ont rendus presque communs maintenant. Il y a "Cocreator" pour générer des images de différents styles avec des requêtes en langage naturel, "Live Captions" pour obtenir une retranscription textuelle d'une vidéo même en direct (ou de toute source sonore transitant par le PC). Et puis "Quick Settings" pour de petits traitements d'amélioration de vidéos ainsi que "Restyle Image" pour modifier le style et le rendu d'une image déjà existante.

Cocreator
Live Captions.
Restyle Image.

Toutes ces annonces et promesses devront être jaugées à l'aune de l'utilisation de ces PC, mais Yusuf Mehdi a fait preuve d'assurance quant à la capacité de Microsoft à ouvrir un nouveau chapitre avec cette première génération de PC Copilot+, assénant au passage un soufflet à Intel sans le nommer : « C'est quelque chose que nous n'avons pas eu depuis plus de deux décennies, nous n'avions pas ce qu'il fallait pour proposer l'appareil le plus performant. Nous allons l'avoir ». Là encore, Apple n'a pas dit les choses autrement.

Rejoignez le Club iGen

Soutenez le travail d'une rédaction indépendante.

Rejoignez la plus grande communauté Apple francophone !

S'abonner