Un petit tour et puis s’en va. Douze semaines après avoir annoncé ses intentions et seulement onze jours après avoir obtenu les parrainages nécessaires, Terry Gou retire sa candidature à la présidence de Taïwan. Le fondateur de Foxconn avait formé un ticket avec l’actrice Lai Pei-hsia, sans le soutien d’un parti établi, pour s’opposer au PDP, le parti démocrate progressiste au pouvoir qui rejette fermement le principe d’« une seule Chine ». Un « soulagement » pour Foxconn, qui craignait les interférences de la puissance voisine.
Déjà candidat en 2019 sous les couleurs du Kuomintang, le parti conservateur qui a longtemps dominé la vie politique taïwanaise, Gou avait lancé une candidature indépendante pour « empêcher que Taïwan ne devienne une deuxième Ukraine ». Le fondateur de Foxconn, qui n’y possède plus aucune responsabilité mais reste son premier actionnaire, est un critique virulent du PDP, qui s’oppose aux velléités expansionnistes du voisin chinois. Le milliardaire avait choisi Lai Pei-hsia, une actrice ayant joué le rôle d’une présidente taïwanaise dans une série produite par Netflix, comme « ticket » pour la vice-présidence.
Après un départ pénible, le milliardaire avait réuni plus de 900 000 signatures de soutien, bien plus que les 290 000 nécessaires. La commission électorale avait validé sa candidature le 13 novembre dernier, malgré des soupçons persistants d’achat de signatures. Les dirigeants de Foxconn s’avouaient « quelque peu déstabilisés », selon des témoignages recueillis par l’agence Reuters. Le président de l’entreprise, Young Liu, déclarait la semaine dernière se « préparer à toutes les éventualités » suite à la validation de la candidature de Gou.
Alors que trois quarts des usines de Foxconn sont installés en Chine continentale, les autorités chinoises avaient lancé une enquête sur les pratiques fiscales de l’entreprise. La presse nationaliste relayait explicitement les craintes du gouvernement, un éclatement du vote d’opposition qui aurait favorisé le PDP. De sa candidature à son retrait, Gou a donc toujours joué le jeu de la Chine. L’élection présidentielle taïwanaise se tiendra le 13 janvier prochain.