Sans être un pionnier, Ford n’a pas raté le train de l’électricité en sortant sa Mach-E dès 2020. Néanmoins, le géant américain de l’automobile n’a jamais réussi à atteindre un objectif encore plus important : produire une voiture entièrement électrique sans perdre d’argent sur chaque vente. Un comble pour l’entreprise qui a inventé la production de masse au début du XXe siècle, mais les faits sont là : rien que sur les deux premiers trimestres de l’année 2024, la division électrique de Ford a ainsi perdu 2,4 milliards de dollars. Après quatre ans de pertes, le constructeur a annoncé des changements importants dans son programme d’électrification de sa gamme.
Le plus gros changement est l’annulation pure et simple du grand SUV entièrement électrique qui était prévu à l’origine pour 2025. Ce véhicule équipé de trois rangées de sièges avait été déjà retardé au printemps, cette fois Ford l’annule complètement et privilégie sur ce segment ses véhicules thermiques et hybrides. Quand on pense à l’importance de ce segment aux États-Unis, on sait que l’entreprise passera à côté d’un gros marché qui sera laissé à la concurrence. Qui n’a pas attendu Ford d’ailleurs : outre l’historique Model X de Tesla, Kia a récemment marqué des points outre-Atlantique avec l’EV9 par exemple.
Ford avait aussi prévu un successeur au pick-up F150 Lightning qui devait être commercialisé dès 2025. Ce modèle n’est pas annulé, mais ne sortira pas avant la fin de 2027 au mieux, le temps de diminuer drastiquement les coûts de production et d’atteindre la rentabilité sur les nouveaux modèles, du moins c’est ce que l’entreprise espère. D’ici là, il ne faut pas s’attendre à d’autres nouveautés de sa part, en tout cas pas aux États-Unis, même si une camionnette électrique est toujours prévue pour 2026. En Europe, la situation est différente, puisque Ford a signé un accord avec Volkswagen qui a mené à la sortie de deux voitures dérivées des modèles allemands.
Ford fait appel à Volkswagen pour l’Explorer, un SUV électrique taillé pour l’Europe
L’Explorer, variante de l’ID.4, est finalement sortie au début de l’été, après neuf mois de retard. Dans la foulée, Ford a présenté la Capri, proche de l’ID.5, dont les premières livraisons devraient avoir lieu avant la fin de l’année. Ces deux modèles reposent largement sur la technologie de Volkswagen, non seulement pour la batterie et les moteurs, aussi pour le tableau de bord qui reprend l’essentiel des contrôles imaginés en Allemagne. Ford ne se charge même pas de la production, assurée par Volkswagen dans son usine située à Cologne.
Ce sont les modèles électriques créés par Ford et gérés entièrement par ses soins qui ne parviennent pas à créer des revenus. Par conséquent, la firme de Detroit va réduire ses dépenses dans ce domaine et prévoit de diminuer la part d’investissements dédiés à l’électrique à 30 %, contre 40 % auparavant. L’annulation du gros SUV à trois rangs pourrait lui permettre d’économiser 1,5 milliards de dollars. Autant d’économies à court terme qui doivent permettre d’améliorer la rentabilité de la production électrique de l’entreprise, c’est en tout cas le plan.
Ford ne compte toutefois pas interrompre ses investissements, avec un travail en cours sur une toute nouvelle plateforme destinée à baisser les prix des véhicules électriques et qui devrait pointer son nez autour de 2027. Parmi ses gros investissements, plusieurs unités de production de batteries sont prévues aux États-Unis, dont une dédiée à la chimie LFP qui a le vent en poupe en ce moment grâce à son prix inférieur. Est-ce que ces annulations, retards et changements de stratégie suffiront à Ford pour retrouver la voie de la rentabilité ? Réponse dans les prochaines années.
Accroche : Image MacGeneration/Ford
Source : The Verge