Le Churchill Club, un forum californien d'entrepreneurs, réunissait il y a quelques jours quelques unes des personnalités connaissant le mieux Steve Jobs : Bill Atkinson (créateur de MacPaint et HyperCard), Jean-Louis Gassée, Andy Hertzfled (principal développeur du Mac OS original) ou encore Regis McKenna (dont la société a conçu le logo d'Apple). La discussion entière est une mine d'anecdotes, mais les prises de parole du français du groupe sont particulièrement intéressantes. On peut les résumer par un : « Dieu merci, je ne suis pas devenu PDG d'Apple ».
Fondateur d'Apple France en 1981, Jean-Louis Gassée a succédé à Steve Jobs à la direction du groupe Macintosh, sur demande de John Sculley. Il se fait remarquer par sa manière de gérer ses équipes et son uniforme (veste en cuir noir et boucle d'oreille en diamant), qu'il enfile pour présenter les nouveaux produits de la société, comme le Macintosh Portable en 1989. Fervent défenseur du mantra « 55 or die » (55 % de marge ou rien), Gassée s'oppose à la vente de Mac OS sous licence à d'autres fabricants, ou à la création d'une gamme de Mac à bas prix. En devenant directeur de la R&D d'Apple en 1988, il s'impose comme l'homme fort de la société, à tel point qu'en 1990, il se murmure qu'il pourrait devenir PDG. Menacé, John Sculley convainc le conseil d'administration de virer Gassée — trois ans plus tard, c'est Sculley qui prend la porte, remplacé par le PDG d'Apple Europe Michael Spindler.
Les chemins d'Apple et de Gassée ne tardent pas à se croiser à nouveau. En 1996, alors que le projet Copland se révèle un échec, la direction est à la recherche d'un système pour succéder à Mac OS. Windows NT est sérieusement envisagé, tout comme le NeXTSTEP de Steve Jobs et le BeOS de Jean-Louis Gassée. Après plusieurs semaines d'âpres discussions, Jobs l'emporte sur le fil : Apple achète NeXT pour 429 millions de dollars. « Dieu merci, Apple n'a pas acheté BeOS », explique Gassée. Il se justifie : « quand Apple a acheté NeXT, NeXT avait pratiquement abandonné NeXTSTEP pour se concentrer sur WebObjects. NeXTSTEP est la base qui a ressuscité Mac OS. »
Selon Gassée, NeXTSTEP n'était pas suffisamment bon pour avoir une présence sur le marché. Jobs le savait, mais était suffisamment mûr pour comprendre l'occasion qui se présentait à lui : utiliser Apple pour améliorer NeXTSTEP et en faire Mac OS X, avec le succès que l'on sait, jusqu'à aujourd'hui avec iOS, construit sur les mêmes bases. « Apple a acheté NeXT, mais en fait Steve Jobs a pris les rênes et on connaît la suite ». Apple a acheté un coup d'état que Gassée n'aurait pas été en mesure de réaliser.
Fondateur d'Apple France en 1981, Jean-Louis Gassée a succédé à Steve Jobs à la direction du groupe Macintosh, sur demande de John Sculley. Il se fait remarquer par sa manière de gérer ses équipes et son uniforme (veste en cuir noir et boucle d'oreille en diamant), qu'il enfile pour présenter les nouveaux produits de la société, comme le Macintosh Portable en 1989. Fervent défenseur du mantra « 55 or die » (55 % de marge ou rien), Gassée s'oppose à la vente de Mac OS sous licence à d'autres fabricants, ou à la création d'une gamme de Mac à bas prix. En devenant directeur de la R&D d'Apple en 1988, il s'impose comme l'homme fort de la société, à tel point qu'en 1990, il se murmure qu'il pourrait devenir PDG. Menacé, John Sculley convainc le conseil d'administration de virer Gassée — trois ans plus tard, c'est Sculley qui prend la porte, remplacé par le PDG d'Apple Europe Michael Spindler.
Les chemins d'Apple et de Gassée ne tardent pas à se croiser à nouveau. En 1996, alors que le projet Copland se révèle un échec, la direction est à la recherche d'un système pour succéder à Mac OS. Windows NT est sérieusement envisagé, tout comme le NeXTSTEP de Steve Jobs et le BeOS de Jean-Louis Gassée. Après plusieurs semaines d'âpres discussions, Jobs l'emporte sur le fil : Apple achète NeXT pour 429 millions de dollars. « Dieu merci, Apple n'a pas acheté BeOS », explique Gassée. Il se justifie : « quand Apple a acheté NeXT, NeXT avait pratiquement abandonné NeXTSTEP pour se concentrer sur WebObjects. NeXTSTEP est la base qui a ressuscité Mac OS. »
Selon Gassée, NeXTSTEP n'était pas suffisamment bon pour avoir une présence sur le marché. Jobs le savait, mais était suffisamment mûr pour comprendre l'occasion qui se présentait à lui : utiliser Apple pour améliorer NeXTSTEP et en faire Mac OS X, avec le succès que l'on sait, jusqu'à aujourd'hui avec iOS, construit sur les mêmes bases. « Apple a acheté NeXT, mais en fait Steve Jobs a pris les rênes et on connaît la suite ». Apple a acheté un coup d'état que Gassée n'aurait pas été en mesure de réaliser.