Google ne prend plus de gants pour mettre Microsoft en face de ses contradictions concernant son soutien au journalisme et à la presse en général. Dans un billet assassin publié sur le blog du moteur de recherche, Kent Walker, vice-président au juridique, tape dur sur la tête de Microsoft.
Un petit rappel s'impose : dans de nombreux pays, Google (ainsi que Facebook) sont mis sous pression pour rémunérer les liens provenant de publications de presse, comme on peut les voir dans Google Actualités ou dans les résultats d'une recherche. En Australie et en Europe notamment, le débat est particulièrement vif ; en France, Google a signé un accord à plus de 60 millions d'euros avec plusieurs éditeurs de presse.
C'est là qu'intervient Microsoft. L'entreprise a fait entendre sa petite musique discordante, jouant volontiers le rôle de la mouche du coche en prenant fait et cause pour les publications en ligne, contre les grandes plateformes du web, dont Google (lire : Microsoft veut aider les éditeurs de presse à récupérer des sous auprès de Google et de Facebook).
Kent Walker estime que toute cette agitation de la part de Microsoft est de l'opportunisme, dicté par une volonté de diversion. Il s'agit de faire oublier le scandale SolarWinds, du nom de l'éditeur dont les logiciels ont été hackés par des pirates liés à la Russie, et qui leur ont permis d'injecter des malwares dans des plateformes Microsoft. Les victimes de cette attaque menée en fin d'année dernière sont nombreuses, on y trouve des banques, des opérateurs, des hôpitaux, des agences fédérales américaines, etc.
D'après Google, Microsoft avait été prévenu de ces brèches et de ces vulnérabilités, et l'éditeur savait qu'elles étaient exploitées. Mais rien n'a été fait pour sécuriser ces plateformes, et désormais l'entreprise joue au pompier en tentant de faire oublier ses propres turpitudes, accuse le moteur de recherche.
Pour en revenir au sujet du jour, Google estime avoir donné davantage au secteur de la presse que Microsoft, malgré sa position sur le marché. Le groupe exploite Microsoft News, Bing, MSN ou encore LinkedIn, tous pourvoyeurs de liens vers des articles de presse. Décidément perfide, Kent Walker rappelle aussi que Microsoft a viré des dizaines de journalistes pour les remplacer par des bots carburant à l'intelligence artificielle : on repassera pour le support à la presse.
Cette bataille entre Google et Microsoft intervient au moment où des auditions ont lieu devant le comité juridique de la chambre des représentants US, qui s'intéresse à la manière dont Google et Facebook distribuent l'actualité. Un projet de loi démocrate, qui a obtenu le soutien de plusieurs républicains, entend donner aux organisations de presse les moyens de négocier avec les plateformes internet les conditions dans lesquelles elles peuvent partager des articles.
Brad Smith, le président de Microsoft, était invité à témoigner et il en a profité pour donner son soutien au projet de loi, combattu comme on l'imagine par les principaux intéressés, dont Google. Ce dernier a fait savoir que les propositions du texte représentent une rupture dans l'accès au web ouvert, « ce qui nuirait aux consommateurs, aux petites entreprises et aux éditeurs de presse ». Bonne ambiance.